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"A Good Man", "Il est Elle", "Petite Fille" : la nouvelle visibilité de la transidentité à l'écran

En France, la transidentité commence à être représentée sur le petit et le grand écran. Une visibilité nouvelle des personnes trans qui rencontrent encore pourtant des difficultés à décrocher des rôles. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Noémie Merlant dans le film "A Good Man". (© PYRAMIDE DISTRIBUTION)

Peu à peu, la visibilité des personnes trans semble avancer à l'écran : A Good Man, en salles mercredi, fait un pas de plus en ce sens avec Noémie Merlant dans le corps d'un homme qui tombe enceint.

Fonder une famille

Son personnage, Benjamin, est né dans un corps féminin. En couple avec Aude (interprétée par l'actrice et chanteuse Soko), il a déjà largement entamé sa transition : il a changé de prénom et son corps est celui d'un homme, avec barbe et voix grave. Mais lorsqu'Aude apprend qu'elle ne pourra pas tomber enceinte, Benjamin décide de retarder une étape cruciale de sa transition, l'hystérectomie (retrait de l'utérus), pour porter leur enfant.

Noémie Merlant (Portrait de la jeune fille en feu) est bluffante et méconnaissable dans le rôle."Cette histoire qui peut paraître singulière met en lumière la notion si simple de désir d'enfant, de fonder une famille et à quel point pour certains c'est compliqué, douloureux, empêché", explique la réalisatrice, Marie-Castille Mention-Schaar.

Même l'actrice Soko explique qu'elle ne s'était "jamais posé cette question" de la parentalité avant ce film, alors qu'elle explique vivre "en plein dans la communauté queer" aux Etats-Unis. Là-bas, toute une génération d'acteurs trans ou "non binaires" s'affirment, comme la star canadienne du film Juno, Elliot Page, connue comme Ellen Page jusqu'en 2020.

Lever le voile sur la transidentité

En France, au-delà de ce film, les personnes trans commencent à être représentées sur les écrans. Le grand public avait déjà pu découvrir cette question de la parentalité à travers l'histoire de Thomas Beatie, le premier transgenre américain à avoir donné naissance à un enfant, qui avait été candidat de l'émission de télé-réalité Secret Story.

Thomas Beatie avec son épouse Nancy et ses trois enfants : Austin, Susan et Jensen ( Stockholm, août 2011).  (CHRISTOPHER HUNT/TB / GETTY IMAGES EUROPE)

TF1 a diffusé le 1er novembre Il est Elle : l'histoire de la transition d'une jeune fille, qui grandit avec le prénom Julien tout en se sentant fille depuis sa naissance. Un téléfilm diffusé en première partie de soirée et dont le rôle principal est incarné par une actrice trans.

L'an dernier, le documentaire Petite Fille de Sébastien Lifshitz, racontant le parcours de la petite Sasha, née dans un corps de garçon et exprimant sa trans-identité, avait été salué par la critique et remporté un large succès d'audience sur la plateforme d'Arte. Il s'agissait du premier documentaire jamais consacré à l'enfance trans, expliquait alors le cinéaste : "Quand il y a des sujets incompris, une des choses essentielles à faire, c'est de rendre visibles les personnes attaquées, de donner à voir leur humanité pleine".

Mais dans la fiction, que Sébastien Lifshitz a pratiqué en pionnier (Wild Side avec l'actrice trans Stéphanie Michelini en 2004), les acteurs trans, peu nombreux, se plaignent d'avoir du mal à percer.

"Il y a peu d'acteurs transgenres"

Et le sujet de l'incarnation des personnages reste brûlant comme en a témoigné en 2018 l'affaire du casting du projet de film américain Rub and Tug : l'actrice Scarlett Johansson devait incarner le rôle d'un homme transsexuel, mais elle y a renoncé sous le feu des critiques de la communauté.

 

A Good Man n'a pas échappé à une polémique sur les réseaux sociaux : la réalisatrice a choisi une actrice "cisgenre" (personne dont l'identité de genre, masculin ou féminin, correspond au sexe avec lequel elle est née), Noémie Merlant, pour jouer Benjamin, et apporter aussi sa notoriété au film. "Il y a peu d'acteurs transgenres" et malgré quelques auditions, "peu correspondaient au personnage que j'avais écrit, son âge, son profil physique...", explique Marie-Castille Mention-Shaar. Elle aurait été prête à "se battre" pour imposer un acteur transgenre "qui m'aurait apporté la même conviction, en terme de jeu, d'expérience, de technique".

"Trans ou cis, ce sont avant tout des acteurs", ajoute la réalisatrice, qui a tenu à confier un petit rôle à l'un des rares acteurs trans français, Jonas Ben Ahmed, 30 ans. Celui-ci est connu pour avoir incarné le premier transgenre du feuilleton Plus Belle la Vie, en 2018. Jonas Ben Ahmed interprète dans le film un homme cisgenre, meilleur ami de Benjamin. "Les rôles trans ne doivent pas être réservés aux trans, et les acteurs trans ne veulent pas être cantonnés aux rôles trans !", explique-t-il .

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