: Reportage "Retransmettre l’apprentissage que j’ai eu la chance d’avoir" : l’indispensable transmission des savoirs pour les artisans d’art
Antoine Vautier s’est installé à Nantes en 2008. Dans son atelier de 60 m² situé dans le centre-ville, il travaille avec un compagnon et deux apprentis. "J'en suis à mon huitième apprenti. C’était un souhait. Je considérais qu’il était important de retransmettre l’apprentissage que j’ai eu la chance d’avoir", explique-t-il à franceinfo.
D'autant plus que cette transmission des savoirs est indispensable pour qu’un jour des jeunes puissent reprendre des ateliers : les ébénistes d’art sont de moins en moins nombreux. Ici, le travail repose sur des techniques traditionnelles. "On travaille avec des outils traditionnels, avec des gestes auxquels on est bien souvent de moins en moins formés. Aujourd’hui, il n’y a que dans des ateliers comme le mien où ces jeunes peuvent avoir la chance de maîtriser ces savoir-faire", explique Antoine Vautier.
La médaille d’or de meilleur apprenti de France
Parmi les jeunes formés par l’ébéniste nantais, il y a Anselme Huckert, âgé de 22 ans. Ses cinq années d’apprentissage s’achèveront dans quelques mois. C’est après un bac S qu’il s’est orienté vers l’ébénisterie. Il a poussé la porte de l’atelier d’Antoine Vautier par hasard, et il sait ce qu’il doit à son maître d’apprentissage : "Je suis arrivé, je ne connaissais rien au métier et là, j’ai obtenu une médaille d’or au concours de meilleur apprenti de France", souligne Anselme Huckert.
L’accompagnement et les conseils d’Antoine Vautier ont été particulièrement précieux lors de la préparation de ce concours, auquel l’apprenti était inscrit en restauration de meubles. "Le meuble, on est seul à y toucher, parce que c’est à nous de réaliser la restauration. Mais évidemment, le maître d’apprentissage est derrière nous pour nous aiguiller, nous rassurer", se rappelle le jeune homme qui a travaillé environ 150 heures sur la restauration d’une commode en marqueterie du XVIIIe siècle.
Une double reconnaissance
Pour l’apprenti, cette médaille d’or est une reconnaissance. Elle est aussi un encouragement pour Antoine Vautier : "S’il en est là aujourd’hui, c’est parce qu’on a eu une formation intéressante, et au niveau des attentes du concours de meilleur apprenti de France. Ça encourage énormément".
La transmission des gestes et des techniques est indispensable, mais pour Antoine Vautier les artisans ont aussi le devoir de transmettre leurs outils et leurs stocks d’ateliers. À l’heure de la retraite, un ébéniste nantais lui a fait ce cadeau. À son tour dans quelques années, il cédera ses outils, ses bois et ses bronzes pour que son métier perdure.
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