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Vidéo En Pologne, le travail minutieux d'un archéologue pour mettre au jour le camp de concentration de Sobibór

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Le devoir de mémoire d'un opiniâtre archéologue
Le devoir de mémoire d'un opiniâtre archéologue Le devoir de mémoire d'un opiniâtre archéologue
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions

Un documentaire intitulé "Et la terre s'ouvrit une dernière fois", réalisé par Arnaud Sauli, relate la détermination d'un archéologue polonais pour mettre à jour un camp de concentration détruit par les nazis. 

Entre le printemps 1942 et l'automne 1943, 250 000 Juifs sont morts dans des chambres à gaz à Sobibór, en Pologne. Ce camp d'extermination, situé au cœur d'une forêt à proximité de la frontière ukrainienne, fut le funeste théâtre de "l'Aktion Reinhard". Une opération portant le nom du principal instigateur de la solution finale, Reinhard Heydrich : il a tenu un rôle majeur dans l'extermination des Juifs et des Roms du gouvernement général de Pologne, installé par le IIIe Reich.

Dans le documentaire Et la terre s'ouvrit une dernière fois, le réalisateur Arnaud Sauli se rend à Sobibór et marche sur les traces de Wojciech Mazurek. Depuis 2007, cet archéologue polonais procède à des travaux d'excavation pour mettre au jour ce camp rasé par les nazis dès l'hiver 1943 afin d'effacer leurs crimes. Epaulé par son fils et des confrères israéliens et hollandais, il fouille le site avec opiniâtreté pour faire parler la terre et tenter de comprendre ce qu'il s'y est passé.

Des objets pour retracer la vie des victimes

Au fil des ans, ils découvrent les fondations des chambres à gaz, le quai où s'arrêtaient les trains, les traces des fils barbelés sur les arbres et quantité d'objets personnels ayant appartenu aux victimes des nazis : photos, montres, bijoux et autres bracelets d'identification pour enfant.

"Nous touchons chaque objet en imaginant son propriétaire. Le début était tellement poignant. Ce n'était pas des fouilles archéologiques standards. C'était une scène de crime."

Wojciech Mazurek, archéologue

Et la terre s'ouvrit une dernière fois

L'archéologue étudie scrupuleusement ces témoins silencieux de milliers de vies brisées. "C'est toujours une grande expérience quand après soixante-dix ans, vous touchez un objet que quelqu'un a caché. Cette personne muselée, asservie et victime reçoit une nouvelle vie grâce à cela."

Des objets pour ne pas oublier...
Des objets pour ne pas oublier... Des objets pour ne pas oublier...

L'une des découvertes de Wojciech Mazurek, un pendentif gravé, a permis d'identifier et de retrouver la famille d'une victime. "Grâce à une relique, le médaillon de Karolina Cohn, on a réussi à retrouver toute la famille dispersée dans le monde entier", raconte-t-il. Ces artefacts, au nombre de 11 000, sont désormais exposés dans un musée qui a ouvert ses portes en 2020 sur le site de Sobibór. Un devoir de mémoire essentiel, pour les historiens, qui estiment qu'à peine 10% de la population polonaise connaît l'existence de ce camp de concentration nazi.

Le documentaire Et la terre s'ouvrit une dernière fois, réalisé par Arnaud Sauli, est diffusé mercredi 24 août, à 23h20 sur France 3.

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