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Art précolombien : le Mexique demande l'annulation de deux ventes aux enchères prévues à Paris

L'ambassade du Mexique redoute que du patrimoine mexicain soit vendu à l'occasion de ces enchères.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Touristes sur le site de Teotihuacan, l'un des hauts lieux archéologiques du Mexique (16 août 2021) (DIEGO CUPOLO / NURPHOTO / AFP)

Jeudi 28 octobre, l'ambassade du Mexique en France a demandé "l'annulation" de deux ventes aux enchères d'art pré-hispanique prévues à Paris en novembre, invoquant le risque que du patrimoine mexicain y soit vendu. Les ventes concernées sont "Archéologie, arts d'Orient & art précolombien", organisée par la maison Artcurial, ainsi que "Pre-Columbian Art & Taino Masterworks from the Fiore Arts Collection", mise en place par Christie's, prévues respectivement les 2 et 10 novembre à Paris.

Des pièces vieilles de plus de 1000 ans

Artcurial proposera à la vente plus de 40 pièces des cultures mixteca, aztèque, tlatilco et colima, estimées entre 200 et 10 000 euros. Dans son catalogue, Christie's expose pour sa part des objets vieux de plus de 1000 ans, comme un pendentif olmèque estimé à au moins 150 000 euros ou un masque Teotihuacan, fabriqué il y a 1 500 ans, valorisé entre 20 000 et 40 000 euros.

Dans une note au ministère français des Affaires étrangères le 22 octobre, Mexico exprimait déjà son inquiétude face au commerce de son "patrimoine national à l'occasion de ces ventes", indique l'ambassade dans un communiqué. L'ambassade du Mexique juge que "la commercialisation prive ces objets inestimables de leur essence culturelle, historique et symbolique pour en faire des marchandises" et estime aussi que cette commercialisation "encourage la délinquance transnationale" et le "pillage".

L'Unesco alertée

L'ambassade demande à la France de "vérifier que les opérateurs des ventes y compris aux enchères remplissent l'ensemble des obligations légales nationales et internationales". En juillet, le Mexique et la France avaient pourtant signé une déclaration d'intention pour renforcer leur coopération dans la lutte contre le trafic de biens culturels.

Interrogé jeudi par l'AFP, l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a de son coté indiqué avoir "bien reçu en début de semaine une lettre du Mexique exprimant leur préoccupation". "Nous sommes actuellement en train d'examiner les informations qu'ils nous ont fournies concernant l'illégalité de la vente de près de 78 objets mis en vente par Christie's", précise l'Unesco.

Le combat du Mexique pour son patrimoine

Depuis quelques années, le Mexique a entrepris de récupérer le patrimoine historique aux mains de collectionneurs privés du monde entier, avec des difficultés particulières concernant le rapatriement de pièces situées en France, en raison de la législation. En février, une trentaine d'objets des cultures aztèque et maya notamment ont ainsi été adjugés aux enchères un peu plus de 2,5 millions d'euros à Paris, lors d'une vente organisée par la maison Christie's contestée par l'Institut national d'anthropologie et d'histoire (Inah) du Mexique.

Lundi, le fragment d'une stèle maya datant du VIIIe siècle et ayant échappé de peu à une vente aux enchères a été remis à Paris par une collectionneuse française au Guatemala, son pays d'origine, mais une demande semblable du Mexique n'a pas abouti, car les œuvres en question n'étaient pas répertoriées dans son patrimoine national.

Le Proche-Orient, en proie à de nombreux conflits, compte parmi les premières victimes de cette criminalité peu risquée et lucrative. Mais l'Amérique latine est aussi visée.

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