Taxe streaming : comment réagit la filière musicale ?

L'annonce d'une nouvelle taxe streaming pour financer la création musicale en France fait réagir les plateformes d'écoute de musique en ligne.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les différentes palteformes de streaming musical (image d'illustration) (ARNAUD JOURNOIS / MAXPPP)

Ce n'est même plus un feuilleton, c'est une saga. Depuis plusieurs mois, le spectre de cette taxe streaming empoisonne les relations entre différents acteurs de l'industrie musicale. Le gouvernement a finalement annoncé, mercredi 13 décembre une taxe sur les revenus des plateformes d'écoute de musique en ligne dès 2024. En jeu, le financement du Centre national de la musique (CNM), créé en 2020 sur le modèle du CNC pour le cinéma, c'est-à-dire un organisme dédié à la création artistique et au financement de projets musicaux. Avant l'instauration de cette taxe, dont on ne connaît ni le montant ni la date d'application pour l'instant, c'est principalement le spectacle vivant, les festivals et les salles notamment, qui finançaient le CNM. Les grandes plateformes d'écoute ne participant pas à la mesure de leur puissance financière.

Une "erreur stratégique" ?

Les plateformes de streaming ne se sont pas privées pour dire tout le mal qu'elles pensaient de la nouvelle taxe annoncée par le gouvernement mercredi. Notamment par la voix d'Antoine Monin, directeur général de Spotify France, invité de franceinfo : "L'adoption de cette taxe est vraiment un coup dur porté au secteur de la musique, à l'innovation et aux plateformes indépendantes européennes comme Spotify ou Deezer. Selon lui, "c'est par ailleurs une monumentale erreur stratégique qui va à l'encontre des enjeux de souveraineté économique, culturelle et technologique européennes. Comment voulez-vous que nous puissions opérer sur un marché comme la France ? Comment voulez-vous que les dirigeants de Spotify, voyant aujourd'hui comment opère le marché français, se disent 'est-ce que j'investis en France ou est-ce que j'investis au Royaume-Uni, en Allemagne ou en Suède ?"

Une participation équitable au CNM

Pour Spotify, qui dit reverser 70% de ses revenus aux ayants droit, ce nouvel impôt est donc une attaque directe. Partenaires de nombreux événements comme des festivals, Deezer et Spotify estiment aujourd'hui déjà beaucoup investir en France, et le géant suédois menace donc de quitter le pays, purement et simplement. Pourtant, cette taxe n'est rien d'autre que l'établissement d'une équité pour Aurélie Hannedouche, la directrice du Syndicat des musiques actuelles (SMA) : "Aujourd'hui les festivals, les salles de concert et les producteurs de spectacles payent déjà une taxe de 3,5% qui va au CNM et alimente la création. Donc l'objectif avec la création de cette taxe streaming, c'est que maintenant toutes les entreprises qui puissent être bénéficiaires des crédits du CNM, en soient aussi contributrices". Et dans le rapport du sénateur Julien Bargeton, rendu en avril dernier, la fourchette retenue tournait autour de 1,75% de taxe des revenus de Spotify ou Deezer.

Une taxe progressive

Tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Un principe de modularité, et de progressivité, qu'a omis de mentionner le directeur général de Spotify France, a été retenu. "Deezer, Spotify et Qobuz ne vont pas du tout payer la même chose que les Gafam, qu'Apple, Amazon, Meta et TikTok par exemple, explique Aurélie Hannedouche du SMA, ça veut dire concrètement que la taxe va moins ramener d'argent au Centre national de la musique que si on taxait tout le monde à 1,75% mais on préfère faire cette concession pour les préserver parce que ce sont des alliés, ce sont des maillons essentiels dans le système de la création musicale."

Après bien des débats et des éclats, que cette annonce n'a pour l'instant pas apaisés, la taxe streaming sera une réalité en 2024.

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