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Yulia Gubenko des Sugarsweets : "On peut naître dans une petite ville en Sibérie et aimer chanter le blues"

"Horosho", le deuxième album du groupe Elise and the Sugarsweets, sort vendredi 3 juin. La chanteuse Yulia Gubenko, russe et de père ukrainien, a répondu à nos questions.

Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Le guitariste Olivier Raymond et la chanteuse Yulia Gubenko du groupe Elise & The Sugarsweets (Alain Fretet)

Elise and The Sugarsweets est un groupe français d’influence soul et rhythm and blues fondé en 2016. Même si depuis 2019, la nouvelle chanteuse s’appelle Yulia, le nom du groupe est resté inchangé notamment en raison de sa notoriété grandissante. Après un EP et un premier album en 2018, le deuxième opus et donc le premier avec cette nouvelle voix sort ce vendredi 3 juin.

Par rapport au disque précédent, le son s’est étoffé avec l’ajout de cuivres et des chœurs plus présents. Les arrangements du guitariste Olivier Raymond font la part belle aux riffs funky et aux grooves chaloupés qui invitent instantanément à se déhancher. Le single My Goddess Got Shapes offre même une incursion rap dans le pont, mais c'est tout de même un ambiance générale très rhythm and blues qui prédomine.

"Ça s’est fait naturellement, explique la chanteuse Yulia Gubenko. Chacun dans le groupe apporte ses inspirations. Personnellement j’ai beaucoup d’influences soul. Les chœurs supportent beaucoup l'ensemble et donnent cette couleur rhythm and blues."

Le blues, une musique universelle

Deux morceaux délaissent un temps le swing syncopé pour au contraire filer droit tels des bolides lancés à toute allure : Birthrights et Not Allowed To Sing The Blues qui devait au départ être le titre de l’album. Un manifeste aux paroles éloquentes : "Je ne suis pas née à Memphis, ni à Chicago ni à New Orleans. Mais donnez-moi une bonne raison pour laquelle je ne serais pas autorisée à chanter le Blues. Je suis née dans un pays où les gens n’ont plus rien à perdre."

Si en effet certains puristes considèrent que le Blues devrait être uniquement l'apanage des afro-américains, Yulia Gubenko revendique haut et fort son désir de chanter cette musique : "Très souvent dans le blues, on privilégie les gens originaires des États-Unis. Mais on peut naître dans une petite ville en Sibérie, aimer cette musique et la chanter. C’est plus fort que tout. On n’a ni envie ni besoin de copier ou prendre quelque chose, simplement on est inspiré par le blues et le rhythm and blues."

Yulia Gubenko, chanteuse du groupe Elise & The Sugarsweets (Alain Fretet)

Elle renchérit : "Pas autorisé à chanter le blues... ça n'a pas de sens. On aime cette musique et on fait cette musique. C’est la seule raison valable. Sinon ça veut dire quoi ? Que j’aurais dû chanter des musiques folkloriques russes, et puis en arrivant en France verser dans le style Edith Piaf ? Non, on doit faire quelque chose qui parle à notre être, à notre âme."

Un mot russe pour le titre de l'album

Au final, ce n’est pas Not Allowed To Sing The Blues mais le mot russe Horosho qui a été retenu pour le titre de l’album. Née en Russie et de père ukrainien, Yulia Gubenko nous a expliqué les raisons de ce choix : "C’est un mot russe qui veut dire "bien" si on le traduit littéralement, mais qui est beaucoup plus large. C’est un peu un mot concept qui représente le bien-être, qui fait référence à la chaleur humaine, à quelque chose d’agréable". La chanteuse ajoute : "On cherchait quelque chose qui représentait les morceaux qu’on joue, l’ambiance au sein du groupe… et ce mot évoquait beaucoup de choses. Et puis on a trouvé que graphiquement il était équilibré et beau."

Forcément, le titre de l’album a pris une consonance particulière au regard de la situation géopolitique actuelle. Mais ce n'était pas voulu. "Ça faisait partie de mes craintes, surtout que cette situation me touche beaucoup", confie Yulia. Elle précise : "Le titre a été choisi bien avant le début de la guerre en Ukraine. Quand ça a débuté, j’ai demandé aux autres musiciens s’ils voulaient qu’on le change. Ils ont tous répondu non à l’unanimité. Et c’est d’autant plus important aujourd’hui, pour faire passer le message de bien dissocier le peuple russe de son gouvernement."

Les musiciens du groupe Elise & The Sugarsweets : Yulia Gubenko (chant), Olivier Raymond (guitare et choeurs), Olivier Ferrié (batterie), Bala Pradal (claviers) et Jérôme Ferrié (basse) (Photos Alain Fretet)

Le groupe a communiqué à ce sujet en réaffirmant sa démarche avant tout humaine : "Le choix de ce nom exprime par-dessus tout que nous chantons pour un futur chaleureux et débordant d’espoir, de sourires, de moments agréables, nous chantons la vraie vie quoi."

C’est tout l’esprit d’Elise & The Sugarsweets. Une musique qui rassemble autour du Blues et de la soul sans faire de politique. Un langage qui dépasse les frontières, se recentre sur les rapports simples et donne l’envie irrésistible d’aller à des concerts pour y ressentir à la fois la fièvre et le frisson.

 

Elise & The Sugarsweets - Horosho (Adorablues / Absilone)

Le groupe sera en concert le 11 juin au Jazz Club Etoile

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