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Avec "The Black Stone Affair", le collectif Whatitdo Archive Group ressuscite un film... jamais sorti

Le 9 avril est parue la bande originale de ce film mystérieux, inédit sur les écrans, réalisée par les Whatitdo Archive Group. Alors fiction ou réalité ?

Article rédigé par Jean-François Convert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
La pochette de la BO “The Black Stone Affair" par Whatitdo Archive Group (Record Kicks)

Le film The Black Stone affair ne vous dit rien ? C’est normal, il n’est jamais sorti. Une sorte de western-noir-spaghetti qui aurait dû voir le jour dans les années 70. Un Django unchained avant l’heure. Un certain Stefano Paradisi devait le réaliser. Mais il serait peut-être devenu un sérieux concurrent aux 3 Sergio : Leone, Corbucci et Solima, les maitres du western à l’italienne dans les sixties et seventies. On imagine un film insolite et baroque, que n’aurait pas renié non plus Tarantino.

Mais voilà, l’œuvre de Paradisi est resté une chimère. Elle a été perdue dans des circonstances peu claires - un incendie semblerait-il - et la carrière du cinéaste en herbe n’en a été que plus brève.

Une vraie fausse musique de film

Alors quand le label Record Kicks, spécialisé dans le revival de la Soul et du Rhythm and blues, annonce la sortie de la bande originale en ce début de mois d’avril, on reste perplexe. Le mystérieux collectif Whatitdo Archive Group dit avoir retrouvé les bandes master jusque-là égarées. Canular ? Ou réelle résurrection d’une bande son devenue culte ?

La communication autour de la sortie du disque a laissé planer volontairement le doute. On aurait pu penser que des bribes musicales dataient de l’époque, mais il s’avère que l’enregistrement a eu lieu entre octobre 2019 et juillet 2020. Et ne cherchez pas Stefano Paradisi dans les encyclopédies du cinéma, il n’existe pas. Pas plus que son film prétendument culte. Ni le maestro Sandro Munari censé avoir composé la musique originale.

En revanche, le tour de force du groupe Whatitdo Archive est d’être parvenu à faire sonner sa musique comme si elle était sortie il y a près de 50 ans.

Un hommage aux compositeurs italiens

Ces musiciens nourris et bercés par les bandes sons ésotériques ou autres collections deep-funk, sont originaires de Reno au Nevada. Alexander Korostinsky, Mark Sexton (têtes pensantes du groupe soul The Sextones) et Aaron Chiazza se sont connus à l'université et travaillent ensemble depuis plus de 10 ans. Trois compositeurs passionnés et collectionneurs compulsifs de vinyles, qui ont voulu rendre hommage aux musiques de films italiens des années 70.

Nous voulions créer un album qui englobe tout ce que nous aimons et admirons des anciennes BO italiennes pour ramener cette énergie sous leurs dus projecteurs

Mark Sexton

Whatitdo Archive Group

On pense évidemment à Morricone, mais aussi Piccioni, Torossi, Allesandroni, ainsi qu'au Français François de Roubaix. Le groupe a passé 9 mois à faire des recherches, à fouiller dans ses collections perso de disques poussiéreux, et a travaillé avec plus de 24 musiciens.

Un mélange western et blaxploitation

Si certains morceaux lorgnent clairement vers le western leonien, comme Beaumont’s lament ou le Main Theme, l’ensemble du disque baigne dans une atmosphère vintage, entre romance italienne (Italian love triangle) ou française (L'amour au Centre de la Terre), et mouvance "blaxploitation". Ces films des seventies centrés autour de la culture afro-américaine ont connu un regain d’intérêt ces dernières années, avec par exemple le remake de Shaft ou lorsque Tarantino offrait le premier rôle de Jackie Brown à l’ancienne vedette Pam Grier.

Et la musique de ce courant culturel résonne directement dans le disque de Whatitdo Archive. Comme la bande-son de séries B dont raffole justement Tarantino.

Des lignes de basse tourbillonnantes, des mélodies de clavecin et des sifflements à la Morricone, des guitares psychédéliques, un groove afro-funk, des ambiances plus lègères entre lounge et jazz… Whatitdo Archive parvient à rendre tout ce patchwork homogène. Comme s’il s’agissait réellement d’une véritable bande originale d’un film.

Ce disque est une déclaration d'amour à l'âge d'or de la bande sonore italienne et de ce qu’on appelle la "musique au mètre" ou "library music", ces banques audio libres de droits qui permettent d’illustrer des documentaires par exemple. Mais ici en y apportant une touche singulière et délicieusement vintage, comme si on avait retrouvé la musique d’un film disparu…

La pochette de la BO “The Black Stone Affair" par Whatitdo Archive Group (Record Kicks)

Whatitdo Archive Group - “The Black Stone Affair” - 9 avril - Record Kicks

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