Manoeuvre et Dionnet racontent "Sex Machine" (3)
SATISFACTION (I CAN'T GET NO) (La cuisine du DVD)
Y-a-t-il des choses que vous regrettez de n’avoir pas pu inclure dans ce DVD ?
Manoeuvre : Le gros regret c’est de ne pas avoir Indochine chantant « Papa’s got a brand new bag » de James Brown. Nicola Sirkis a refusé absolument de réapparaître avec un des musiciens qui était dans le groupe Indochine à l’époque et qui lui a fait un procès.
Et Madonna, dont vous avez fait la première apparition télé en France ?
Manœuvre : Elle n’a pas voulu être sur le DVD car on l’avait emmenée à la Mer de Sable (d’Ermenonville) et elle n’avait pas aimé « danser dans la boue ». Ce n’est pas le souvenir qu’elle souhaitait continuer à montrer. C’est dommage historiquement car c’était sa première télé en France. Mais pour elle, ça commence vraiment avec « Like a Virgin ». Là-dessus on n’a aucun pouvoir. Pour mettre l’extrait dans le DVD, qui a demandé au total plus de deux ans de travail, on en reprenait pour 6 mois de négociations avec Madonna. Alors on a dit non.
Meilleur souvenir ?
Manœuvre : Les rencontres avec les Noirs américains, surtout. Rencontrer James Brown et lui dire « on fait une émission qui s’appelle Sex Machine » et l’entendre répondre « je le sais, j’aime ça ». (Manœuvre mime la transe ultime)
Dionnet : Il faut savoir que MTV arrivait juste et que pour la plupart de ces musiciens, c’était un événement. Des pointures comme Quincy Jones nous disaient « C’est la première fois que je passe sur une télé nationale ».
Pire souvenir ?
Manœuvre : Le pire souvenir c’est quand ça s’est arrêté. Quand la chaîne a enlevé la prise.
Dionnet : Oui, c’est le moment de la cassure, la brisure, entendre un numéro deux de la maison nous dire « le chef au dessus va vous arrêter parce qu’il y a vu que vous faisiez 4 millions de téléspectateurs et il a pensé que ce serait mieux qu’il y ait 4 millions de téléspectateurs pour Eve Ruggieri. La musique classique, ce serait plus utile. »
THIS IS THE END
Selon vous, pourquoi l’émission s’est-elle arrêtée ?
Manœuvre : On est les seuls a n’avoir jamais compris pourquoi on nous avait appelés et pourquoi on nous avait virés. On n’a jamais su en fait.
Dionnet : Le couperet a commencé à tomber le jour où on a reçu le premier « 7 d’Or » jamais décerné, parce que ça nous a mis en lumière.
Manoeuvre : On a fait l’objet d’une jalousie monstrueuse. Jamais on n’aurait dû aller chercher ce « 7 d’or ».
Dionnet : Le lendemain, dans France Soir , Patrick Sébastien disait « c’est moi qui aurait dû l’avoir, mon émission c’est du direct, pas eux ». Tout à coup, notre petite émission de 22h était sous les projecteurs et ça a tout changé.
Manoeuvre : Il y autre chose. En fait, je pense que l’émission plaisait beaucoup à la chaîne tant que c’était de la musique funk avec quelques petites doses de hip-hop à la Run DMC ici ou là. Mais à partir du moment où il y a eu la vague hip-hop, ça ne leur a pas plu. Surtout quand ils ont compris qu’il allait y avoir des rappeurs français. Nous avions tourné un sujet sur Johnny Go et Destroy Man, les tout premiers rappeurs français (qui ont inspiré NTM NDLR). La chaîne n’a pas voulu passer le sujet et elle nous a coupé le cordon peu après. L’ironie, c’est que six mois plus tard démarrait l’émission « Rap Line » d’Olivier Cachin sur M6, avec le succès que l’on sait.
J’ai toujours été très triste parce que le dernier groupe qui est passé aux Enfants du Rock c’était La Mano Negra. C’était leur première télé avec « Patchanka », leur premier single. Et la nana du chanteur brandissait un panneau sur lequel était écrit « le chanteur s’appelle Manu Chao ». On était une anomalie. Notre vrai problème, c’est qu’on n’a pas réussi à transformer cette émission en pilier télévisuel actif. Aujourd’hui, comme pour Saturday Night Live aux USA (né en 1980), on pourrait être de vieux producteurs chenus et laisser des gamins s’occuper de ça, les laisser raconter la musique et leur époque. C’est ça que la chaîne a raté.
Les épisodes précédents :
Manoeuvre et Dionnet racontent "Sex Machine" (1) : Une émission "pour parler de nos conneries"
Manoeuvre et Dionnet racontent "Sex Machine" (2) : Stars, nightclubbing et folle liberté
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