Rock en Seine 2023 : de Bertrand Belin à Placebo, revivez les concerts qui ont marqué cette deuxième journée
Après la soirée 100% féminine de mercredi, Rock en Seine est revenu vendredi 25 août à ses habituels concerts mixtes et éclectiques. Malgré un temps gris, les festivaliers sont venus par milliers applaudir leurs groupes de rock préférés. En attendant que les artistes montent sur les planches, les spectateurs ont l'occasion de chanter à tue-tête les morceaux d'Oasis ou Franz Ferdinand lors d'un karaoké géant projeté sur les écrans de la grande scène. Ils profitent aussi de ce moment pour écouter les nombreux souvenirs des festivaliers, diffusés également sur les écrans, résumant les vingt années du festival.
Pour cette édition anniversaire, les équipes de Rock en Seine ont vu les choses en grand. La deuxième journée rassemblait Bertrand Belin, Boygenius, Flavien Berger, Silly Boy Blue et le groupe Placebo, pour la clôture de la journée.
Bertrand Belin, Tambour battant
"Quelle chance d'être avec vous aujourd'hui dans ce magnifique endroit. Merci d'être au rendez vous." Bertrand Belin sait choyer son public. Accompagné par ses quatre musiciens (batterie, guitare, xylophone, clavier), il enchaîne les tubes de son dernier album, Tambour Vision (2022), un mélange d’électro-pop au service d’une plume ciselée. Glissé Redressé, Tambour, Que Dalle Tout…
Toujours taquin, le chanteur lance à la foule, sourire vaurien : "Il y avait un homme ce matin, Comme hier d'ailleurs… Il y avait un homme ce matin… Sur le cul." Et les rires repartent de plus belle. Vêtu d’une chemise noire à motifs géométriques, d’un pantalon fluide et d’une paire de richelieu, le charismatique crooner français ponctue sa prestation de petits pas de danses, déhanchés tout en rondeur et baisers à la foule. "Camarades de Rock en Seine, vous êtes beaux, vous êtes pleins de couleurs ! Ça fait des frissons partout. Partout. Partout. Oui, oui, oui."
Le natif de Quiberon sait incarner ses compositions : sur l'Oiseau, il mime les ailes d'un volatile et regarde vers le ciel dégagé, aussitôt imité par quelques spectateurs emportés. "Si j'étais un oiseau..." Plein d’humour, il confie la fin du morceau à l'une de ses partenaires, Lara Oyedepo, percussionniste de génie. “Cui-cui-cui-cui-cui-cui”.
Boygenius, une bonne humeur contagieuse
18h40. C'est l'heure du groupe Boygenius. Sous les cris des fans du premier rang, les trois chanteuses américaines, Phoebe Bridgers, Julien Baker et Lucy Dacus, apparaissent sur scène tout sourire vêtues de tenues d’écolières (chemises, cravates, jupes) et accompagnées de leurs guitares électriques. Après deux morceaux pleins d'énergie, le groupe se présente. Lucy Dacus prend la parole : "Bonjour, je vais essayer de parler en français... Nous sommes Boygenius !". Dans une bonne humeur débordante, Phoebe Bridgers et Julien Baker, elles, s'excusent de ne pas parler français, tout en rigolant. Lucy poursuit : "Nous sommes très contentes d'être ici pour la première fois".
Elles enchaînent les titres de leur premier album, sorti en mars dernier, où le rock et la folk se mêlent parfaitement avec leurs grains de voix. Le trio féminin est en communion avec le public et vient souvent à leur rencontre. Pendant le solo de Lucy, un fan lui offre un bouquet. Dès la fin de sa chanson, elle le remercie : "Merci pour les fleurs". C'est au tour de Phoebe de s'avancer vers le public en demandant "S'il vous plaît, pas de téléphone" et de chanter Letter To An Old Poet. La fin du concert approche. Les voix des chanteuses résonnent sur le son de Ketchum, ID. Et pour finir le concert en beauté, Lucy et Phoebe se lancent dans le public comme de vraies rockeuses.
Flavien Berger, maître du temps et du son
Bientôt 20h. La fournaise de mercredi a laissé place à une météo plus clémente. Paillettes sur les pommettes, baskets déjà pleines de poussière, et bouchons d’oreilles pour les plus précautionneux, les festivaliers attendent de pied ferme le chanteur. Sur scène, une double structure métallique recouverte de néons et disposée de part et d'autre du synthétiseur intrigue. Le suspense ne dure pas : vêtu d’une chemise blanche et les cheveux lâchés, Flavien Berger s’avance sur les planches.
À peine a-t-il effleuré sa boîte à musique que les lumières éclaboussent la scène et le public grouillant. "J'ai oublié de vous préciser les paroles de ce morceau, entame le chanteur. Kling kling kling. Kling Kling. Kling. Kling. Kling…" Facétieux. Pendant plus d’une heure, l’artiste aux multiples talents - il chante, écrit et produit pour lui et pour d’autres - parcourt ses trois disques, Léviathan (2015), Contretemps (2018) et Dans cent ans (2023). Les morceaux s’enchaînent au rythme du synthé et des flashs de couleur. Les tubes D’ici là, Pamplemousse et Fête noire sont repris en chœur par un public conquis de fans et de nouveaux admirateurs.
L’inclassable mélomane parisien dialogue avec la foule, avec laquelle il partage son angoisse d’être sur scène et sa joie de faire la fête. "Je vois que vous aimez le synthé. Sacrée machine. Tant de machines. Quand on y pense…" Ultime tour de magie du chanteur : après un extrait de Microsono, il descend une échelle, enjambe la barrière de sécurité et plonge dans la foule. Noyé au milieu des spectateurs, il s’amuse d’être devenu le maître du temps. "J'ai pas de projet d'animation plus que ça. Le projet, c'était de descendre et de voir." Acclamé, l’artiste remercie une dernière fois son équipe technique et le public. "Et vive la musique." Et Flavien Berger.
Silly Boy Blue, une folle énergie
Sur la petite scène du bosquet, la chanteuse nantaise Silly Boy Blue met le feu pour le plus grand plaisir du public, venu nombreux. Habillée d'une tenue qui fait penser à une belle nuit étoilée, l'artiste prend le temps d'interagir avec ses fans : "Merci, vous êtes un public incroyable. J'en ai rêvé de cette date à Rock en Seine. Maintenant, j'y suis !". Elle n'hésite pas, avant presque chaque chanson, à expliquer le contexte, à sa manière, pour ceux qui ne comprendraient pas très bien l'anglais. Stalker, par exemple, raconte "l'amour pas giga partagé, mais qui se vit dans le secret".
Sa grande énergie séduit le public qui fredonne les paroles de The Fight ou encore de Goodbye : "Ce morceau, c'est le moment où tu dis au revoir à la personne qui t'a éclaté le cœur. Je l'ai écrit quand ça n'allait pas bien et aujourd'hui, je la chante devant vous, c'est tellement bien". Avant de quitter la scène, elle remercie "la magnifique team" qui l'accompagne et fait une déclaration émouvante : "Je vous aime très fort".
Placebo, un show hypnotisant
Avec quelques minutes d'avance, le groupe de rock britannique, Placebo, formé en 1994, entre en scène avec le titre Forever Chemicals accompagné d'applaudissements et de cris. Très peu de téléphones sont brandis. La raison : avant le concert, le chanteur du groupe, Brian Molko, a annoncé sur grand écran qu'il préférait qu'il n'y ait pas de téléphones "pour créer une connexion, car ce moment unique ne se reproduira pas". Les jeux de lumières hypnotisants sont en harmonie avec le son des instruments et la fougue qui anime le chanteur et son bassiste, Stefan Olsdal.
Après Scene of the Crime, Brian Molko, dans un français parfait, partage ses engagements : "Ne les écoutez pas outre-manche, nous ne sommes pas un groupe britannique, mais un groupe européen". Il poursuit en dédicaçant la prochaine chanson Happy Birthday In The Sky à "son amie Jane qui nous a quitté récemment". Le regard perçant du chanteur nous transporte sur la mélodie de Too Many Friends et The Bitter End, un des morceaux les plus connus du groupe.
Vers 00h05, plus personne sur scène. Certains festivaliers, pensant que le concert est terminé, se dirigent vers la sortie. Mais après cinq minutes de folie dans le public, le groupe revient en force pour chanter leur reprise de Shout de Tears for Fears et continue le show pendant une dizaine de minutes. Stefan Olsdal confie avant de clôturer cette soirée : "C'est notre dernier concert de la tournée et ça nous fait du bien de le faire avec vous".
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