"Il y a une dimension plus politique autour de cette édition" : Rock en Seine devenu "Festival des festivals" se veut porte-parole d'une profession sinistrée
La soirée événement diffusée le 27 août sur France 2 et France Inter présentera une trentaine d'artistes français. Interview avec le président de Rock en Seine, Emmanuel Hoog.
Coronavirus oblige, l'édition 2020 du festival Rock en Seine fait peau neuve. Les trois jours de festival se transforment en une soirée événement appelée le Festival des festivals, le jeudi 27 août en direct sur France 2 et France Inter. Au programme, une trentaine d'artistes français comme Alain Souchon, Benjamin Biolay, Christine and the Queens, Philippe Katherine, Oxmo Puccino... Emmanuel Hoog, le président de Rock en Seine, raconte les coulisses de la transformation de cette édition en Festival des festivals.
franceinfo Culture : Pouvez-vous nous présenter cette édition inédite de Rock en Seine ?
Emmanuel Hoog : Cette année, Rock en Seine est transformé pour une édition originale, en Festival des festivals. Il n’était pas possible de faire une édition classique avec des groupes importants de la scène rock et pop mondiale : les artistes français comme ceux anglo-saxons ne tournent plus. Il a fallu se réinventer et imaginer une édition particulière, singulière et historique. Cette dernière rassemble une trentaine d’artistes français, pour une grande soirée de trois heures, en direct sur France 2 et France inter, depuis le parc de Saint-Cloud. L’audience sur le parc est aujourd’hui arrêtée à 1 500 – 2 000 personnes, ce qui est beaucoup moins que les dizaines de milliers de spectateurs habituels.
Pourquoi avoir choisi le nom de "Festival des festivals" ?
A travers ce nom, il y a le souci d’avoir une démarche collective et solidaire avec l’ensemble des festivals. On pense à tous nos amis, nos collègues et les professionnels du secteur. C’était inimaginable qu’on apparaisse juste sous la bannière de Rock en Seine, donc nous avons voulu faire un clin d’œil aux Vieilles Charrues, aux Eurockéennes de Belfort, aux Francofolies de la Rochelle, à We Love Green… C’est aussi un hommage à tous les bénévoles.
L'organisation a-t-elle dû se faire en urgence ?
La décision de transformer Rock en Seine en Festival des festivals s’est prise au mois de juin, quand on s’est aperçu qu’il n’était pas possible de faire une édition normale. Mais pour nous, il n’était pas imaginable de laisser le parc de Saint-Cloud fermé fin août. On a réfléchi à une manière originale de répondre à la crise sanitaire. Certains festivals ont eu une présence sur Internet, d’autres, un concert en jauge réduite. Nous sommes allés solliciter Radio France et France Télévisions, pour voir si on ne pouvait pas imaginer un programme original qui donne toute sa force à la musique en live. C’est la première fois que nous faisons une diffusion en direct à la télévision. En revanche, France Inter est un partenaire historique du festival et a déjà diffusé des concerts en direct.
Que change ce nouveau dispositif par rapport à la représentation ?
C’est toujours de la musique, du direct et devant un public mais il faut penser à la fois au public présent dans le parc mais aussi aux téléspectateurs qui seront derrière leur écran de télévision.
Il y a aussi une dimension plus politique autour de cette édition car elle est faite dans un contexte où l’industrie musicale et celle du spectacle vivant - les maisons de productions, les tourneurs, les organisateurs de festivals, les artistes, les intermittents du spectacle - sont dans une situation catastrophique.
Cette soirée doit permettre à l’ensemble des professionnels de la musique d’exprimer leurs inquiétudes et leurs demandes, dans le contexte que nous connaissons.
Emmanuel HoogPrésident de Rock en Seine
Comment avez-vous choisi les artistes présents ?
La première idée était de rassembler le maximum d’artistes qui avaient prévu de faire leur tournée cet été et de la poursuivre en automne, dans le cadre des dizaines de festivals programmés. Nous voulions aussi témoigner de la diversité de la scène française avec des couleurs pop, rock et urbaines.
Comptez-vous garder la programmation prévue pour Rock en Seine 2020 en 2021 ?
Par définition, nous souhaitons garder le plus possible la programmation prévue en 2020 pour l’édition de l’année prochaine. Bien évidemment, ce souhait est confronté aux difficultés et incertitudes des mois à venir. Est-ce que les artistes disponibles en 2020 le seront toujours en 2021 ? Voudront-ils tourner en Europe ou rester aux États-Unis ? Aujourd’hui, objectivement, personne ne peut deviner ce qui va se passer.
Quel est l’impact financier du coronavirus pour le festival ?
L’économie du festival a été très protégée parce que nos partenaires habituels – les collectivités locales et notamment le conseil régional d’Ile-de-France – nous ont soutenu pendant cette période. Pour cette édition spéciale, le ministère de la Culture, l’Adami, la SACEM, le Centre national de la musique nous ont également aidés.
Pourquoi était-il important de maintenir une version du club Avant Seine ?
Les Avant Seine sont une partie très importante de Rock en Seine car ce festival est la rencontre de groupes historiques et mythiques et des groupes de demain. Il faut qu’on soit très attentifs à rassembler les différentes générations. Nous avons sélectionné cinq groupes et avons enregistré leurs prestations dans le parc de Saint-Cloud ces derniers jours. Elles seront sur nos réseaux sociaux cette semaine.
Peut-on attendre quelques surprises de la soirée du 27 août ?
Le principe d’une surprise est qu’on ne l’annonce pas à l’avance. Donc je vous invite à être devant votre télévision sur France 2 le jeudi 27 août à partir de 21h, ou sur l’antenne de France Inter, pour découvrir les surprises que nous vous réservons.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.