On a écouté "The Tortured Poets Department" de Taylor Swift, un album intime aux influences pop et folk

"The Tortured Poets Department" combine la folk intimiste de "Folklore" et "Evermore" avec la synthpop pailletée de "Midnights" pour créer une musique à la fois ambitieuse et qui assume son côté chaotique.
Article rédigé par Maryame Bellahcen
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La pochette du double album "The Tortured Poets Department" sorti le 19 avril 2024. (AP / SIPA)

La reine de la pop Taylor Swift a sorti vendredi 19 avril un nouvel album, le onzième opus attendu avec impatience par ses fans. Ces derniers n'étaient pas au bout de leurs surprises puisque la chanteuse a annoncé, vers 2h du matin (heure américaine), que ce onzième opus était un double album, il y aura donc 31 chansons au lieu des 16 prévues initialement.

Pour Taylor Swift, la meilleure arme est sa plume. Pour une artiste qui ne s'est jamais vraiment défaite de sa réputation de compositrice, c'est à travers cette plume qu'elle plonge ses fans dans une intimité émotionnelle dans The Tortured Poets Department. Entre des paroles débordant de détails et une histoire de rupture teintée de fiction, voici les quatre choses à retenir de cet album.

Son premier album de rupture depuis plus de 10 ans

Seriez-vous surpris d'apprendre (ou de vous voir rappeler) que Taylor Swift n'a pas vraiment sorti d'album de rupture depuis son album Red en 2012 ? Tout comme son prédécesseur, The Tortured Poets Departments a pour thème central la fin d'une idylle. L'album, dont le son s'inspire du côté électronique sombre de Midnights, l'album de la chanteuse sorti en 2022 pour lequel elle a remporté un Grammy, retrace le parcours d'une relation avec un amant qui a apporté "chaos" et "réjouissances" dans la vie d'une femme qui cherche à préserver sa réputation. Au-delà de la rupture, l'album se dévoile en réalité plus complexe et intime, comme le reflet des doutes de la chanteuse et compositrice et sur sa vie médiatisée. Comme Taylor Swift l'explique dans un post Instagram, l'album reflète "les événements, les opinions et les sentiments d'un moment fugace et fataliste, à la fois sensationnel et douloureux". Elle précise que "cette période de la vie de l'auteure est maintenant terminée, le chapitre est clos et refermé" et "il n'y a rien à venger, aucun compte à régler une fois les blessures cicatrisées".

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Des paroles concises et chargées

En accord avec le titre de l'album (que l'on peut traduire par Le Cercle des poètes torturés), Taylor Swift est ici dans sa forme polysyllabique la plus percutante. Au cours d'une année où la musique pop a été critiquée pour un manque de recherche dans les paroles, Taylor Swift se hissera dans le hit-parade avec des mots comme "rivulets" et "litany"(que l'on peut traduire par "petit ruisseau" et "litanie"), alors qu'elle se moque de sa propre "pétulance d'adolescente". Sa capacité à faire passer son texte est toujours aussi convaincante. La chanteuse offre un récit concis et chargé. Les chansons s'inscrivent dans un storytelling à la sauce Folklore, son album sorti en 2020, mais au lieu de personnages fictifs comme dans ce dernier, elle déverse son cœur dans ses exorcismes profondément personnels.

Des chansons autobiographiques

Dans TheTortured Poets Department, la chanteuse puise dans une caractéristique phare de son écriture : l'autobiographie. Les chansons de l'album pourraient très bien être interprétées comme des bribes autobiographiques de cette époque. La première chanson, Fortnight (feat Post Malone), semble faire allusion à son idylle avec Matty Healy, chanteur du groupe américain 1975, tandis que So Long, London (sur laquelle la chanteuse raconte qu'elle est "énervée que tu m'aies laissé te donner toute cette jeunesse") semble rappeler la fin de sa relation avec Joe Alwyn. Beaucoup de ces chansons sont celles d'une Taylor adulte, à nouveau célibataire, qui revisite sa vie amoureuse, comme elle le faisait dans ses premiers albums, mais d'un point de vue nouveau. Il y a donc un dialogue entre son âme d'adolescente et son âme d'adulte. But Daddy I Love Him est une mise à jour de son tube sorti en 2008, Love Story, avec un Roméo et une Juliette un peu plus âgés.

Des mélodies à la fois douces et bruyantes

La chaude synthpop de Midnights est le point de référence le plus proche, mais cet album était proprement orchestré, alors que The Tortured Poets Department veut s'enfoncer dans la boue avec des dissonances douces et bruyantes et une tracklist tentaculaire (31 chansons au total). En réalité, l'album est en conversation avec l'ensemble de son catalogue musical depuis le début de sa carrière – un refrain country-pop par-ci, un conte folklorique par-là – tout en prenant le temps d'explorer l'inconnu.

Polyvalent et portant une fraîcheur nouvelle, le disque n'est pas ce que l'on pourrait attendre d'une artiste dans la position de Taylor Swift. L'album a été coproduit par Jack Antonoff, qui a travaillé avec Taylor Swift, entre autres, sur 1989 et Midnights, et Aaron Dessner du groupe de folk américain The National. Ce dernier ayant démarré une collaboration régulière avec la chanteuse depuis 2020, a une présence largement plus marquée que sur Midnights, où il n'avait imprimé sa patte que sur quelques chansons. Cela laisse à ce onzième album un goût singulier : les productions scintillantes d'Antonoff sont teintées d'une mélancolie certaine propre à Dessner. Le choix d'en faire un double album prend tout son sens, à la lumière des deux identités qui s'y confrontent : une pop scintillante sublimée par des coups folk plus minimalistes, laissant la voix de Swift résonner le plus clairement possible.

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