Pitchfork : un festival, une marque et l'empire du cool
Est-ce que vous connaissez bien le film Scarface ? Non ? Et bien il faut savoir que le site Pitchfork tient son nom de la fourche tatouée sur le bras du héros, Tony Montana, voilà pour les présentations. Sinon, rien à voir avec le cinéma, Pitchfork c'est bien de la musique, et rien que de la musique.
Depuis sa création, le site a grossi au point de devenir la référence de la critique musicale sur Internet. Il est aujourd'hui beaucoup moins orienté uniquement vers le "rock indé" qu'à ses débuts. Pitchfork a notamment aidé à lancer la carrière d'artistes internationalement reconnus depuis, comme Interpol, Sufjan Stevens et bien sûr les Canadiens d'Arcade Fire.
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Au départ, un blog
La création du site ? C'était il y a vingt ans : un jeune étudiant de Minneapolis, Ryan Schreiber, décide de rédiger des critiques d'albums sur Internet. Un modeste blog au départ, qui prend son nom définitif en 1996. Le site grossit grâce à la publicité, puis donne naissance à une entreprise, Pitchfork Media, qui s'installe à Chicago. Les recrutements se succèdent et de quelques critiques par mois, on passe rapidement à des dizaines par semaine. Un magazine, Pitchfork Review , est même édité. Inutile de dire que le créateur en question est aujourd'hui millionnaire.
La réussite économique est totale. Il y a deux semaines, Pitchfork Media est tombé dans l'escarcelle du groupe Condé Nast, le puissant éditeur de Vogue ou de Vanity Fair . Une nouvelle maison-mère attirée par les dizaines de millions de pages vues que revendique le site et bien sûr par son côté prescripteur de tendances.
Et il ne serait pas étonnant de voir bientôt débarquer un Pitchfork en français ; la France est en effet le cinquième marché, le premier non anglophone. Avec le rachat par Condé Nast, le site peut envisager de passer dans une nouvelle ère, lui qui ne compte pour l'instant qu'une cinquantaine de salariés.
Des notes à la décimale près
Très clairement, c'est le soin et la place accordés à chaque critique d'album qui fait la particularité - et le succès - du site. Les auteurs écrivent parfois de véritables romans, détaillant très précisément les raisons pour lesquelles ils aiment ou détestent tel ou tel disque. Au contraire, ils peuvent aussi se montrer cinglants en ne rédigeant que quelques lignes. A la fin, ils mettent une note, entre 0 et 10, à la décimale près.
Le zéro n'est pas rare, des références comme Sonic Youth y ont par exemple goûté, mais le 10 est également une possibilité : les albums des Beatles, de Joy Division, de Radiohead ou encore de Pavement font partie des mieux notés de l'histoire sur le site.
{% embed youtube-playlist PLsFgmHgjw8pSJtoW0yo0-xZnp6WonwIiL" frameborder="0" allowfullscreen> %} Le ton, parfois très irrévérencieux, distingue franchement Pitchfork de ses ancêtres de la critique musicale, Rolling Stone ou le NME par exemple. C'est aussi ce que beaucoup lui reprochent, ce côté un peu trop définitif et hautain ; "Hipster", "bobo" ou "pointu" sont également des qualificatifs souvent accolés au site et à ses auteurs.
L'extension sur scène
Il existe donc désormais un festival Pitchfork. Il y en a même deux : l'un à Chicago, depuis 2006 et l'autre à Paris depuis cinq ans, à la Grande Halle de la Villette. L'idée est évidemment de capitaliser sur la marque, et de mettre en avant des artistes globalement appréciés par le site. Le côté "découverte" est également mis en avant. Et cette année, les organisateurs proposent leurs chouchous comme Beach House, Deerhunter ou Run The Jewels, ou encore des découvertes potentielles comme le groupe Hinds, quatre jeunes filles espagnoles.
Il n'y a traditionnellement pas de grosse tête d'affiche au Pitchfork Festival pourtant cette année, les organisateurs avaient réussi à convaincre Björk de passer faire un tour. Mais l'Islandaise a annulé sa venue en France, la Route du Rock à Saint-Malo s'en souvient encore, et la star a été remplacée par une autre icône, Thom Yorke, le chanteur de Radiohead.
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