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Au cœur de la barbarie nazie, l'histoire unique de l'Opéra "Brundibar"

Le festival jeune public "A pas contés" se poursuit à Dijon jusqu’au 26 février. Près d'une trentaine de spectacles sont au programme de cette 15e édition. Parmi eux, un opéra pour enfants, "Brundibar". Les chanteurs de la maîtrise de Dijon ont travaillé dur pour rendre hommage à cette oeuvre, jouée notamment par des enfants déportés dans le camp de concentration de Terezin en République Tchèque
Article rédigé par Marie Pujolas
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Les enfants de la Maîtrise de Dijon interprètent Brundibar
 (France 3 culturebox)
Reportage : F.-M.  Lapchine / J.-F. Guilmard / P. Di Betta / P. Sabatier 
Pendant huit mois, les jeunes de la maîtrise de Dijon ont répété leurs textes en langue tchèque pour proposer au public de la Minoterie de Dijon leur version de "Brundibar", un opéra écrit uniquement pour des rôles d'enfants ! Un défi de taille qu'ils ont eu à coeur de relever haut la main, tant cette oeuvre a connu une histoire dramatique. 

"Brundibar" a été écrit en 1938 par Adolf Hoffmeister et le compositeur Hans Krasa. C'est l'histoire de deux frères et soeurs, très pauvres. Ils vivent avec leur mère malade et doivent lui acheter du lait. N'ayant pas d'argent, ils décident de chanter dans la rue pour en récolter un peu. Mais le tyrannique Brundibar étouffe leurs chants avec son orgue de barbarie. Avec l'aide d'autres enfants et d'animaux, ils vont essayer de le pourchasser. Un conte plutôt classique donc, mais qui a été mêlé directement aux horreurs de la seconde guerre mondiale. 
"Brundibar", interprété par les enfants de la maîtrise de Dijon
 (France 3 culturebox)
L'opéra a été écrit pour un concours lancé par le Ministère de l'Enseignement et de l'Education populaire tchèque en 1938, mais il a été annulé à cause des événements politiques. Des répétitions débutèrent en 1942 dans l'orphelinat juif de Prague, mais peu après le compositeur fut déporté au camp de Terezin. Quelques mois plus tard, presque tous les enfants de l'orphelinat furent déportés à leur tour.

C'est dans ce camp que le compositeur reconstitua la partition et construit des décors. Car ici, l'expression artistique était un peu tolérée à des fins de propagande. Pour prouver que les camps de concentration n'étaient pas si terribles, le Reich organisa même de nombreuses représentations de l'Opéra pour des visiteurs, dont une délégation de la Croix-Rouge en 1944. La plupart des enfants qui participèrent à ce projet et le compositeur furent exterminés à Auschwitz. 

Face à cette horreur indiscible reste aujourd'hui l'oeuvre, dans laquelle les enfants finissent par triompher du mal. 


Festival "A pas contés" jusqu'au 26 février 2015 à Dijon
Renseignements au 03 80 30 98 99 et sur le site internet http://apascontes.fr/

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