"Sonámbulo" : l'album des guitaristes virtuoses Antoine Boyer et Samuelito à déguster la tête dans les étoiles
Second album pour les deux jeunes guitaristes, avec toujours autant de maitrise instrumentale.
Les deux jeunes guitaristes Antoine Boyer et Samuelito signent leur second album Sonámbulo, un peu plus de trois ans après leur coup d’essai Coincidence fin 2016. Une virtuosité qui n’est pas sans rappeler les grands maitres de la six-cordes.
Une déconcertante facilité
Ce qui frappe dès le début, c’est l’aisance des deux jeunes musiciens. Âgés de respectivement 23 et 26 ans, Antoine Boyer et Samuel Rouesnel dit "Samuelito" jouent de la guitare depuis leur enfance, et se sont rencontrés au Conservatoire de Paris. Une formation classique dont ils ont su garder la maîtrise, tout en s’affranchissant des codes. Ils aiment aussi jouer avec leur image, comme dans cette vidéo décalée illustrant le morceau Le vol des lucioles, composé par Antoine Boyer.
Les guitares se répondent et s’entrecroisent. Difficile de dire où se trouve le solo et l’accompagnement. Qui joue la mélodie et qui joue le contrepoint. Les deux musiciens se sont d’ailleurs amusés à brouiller les pistes dans l’espace stéréo, tout comme dans la vidéo, au point qu’il faut prêter une oreille attentive pour distinguer leurs deux styles particuliers.
Deux styles complémentaires
Car ce duo, c’est aussi la rencontre de deux univers musicaux différents. Antoine Boyer a été bercé par le jazz tsigane, disciple en particulier des maîtres Mandino Reinhardt et Francis-Alfred Moerman. Il joue au mediator sur cordes en acier, tandis que Samuelito joue dans le plus pur style flamenco, aux doigts sur cordes en nylon. Il est d’ailleurs l'un des plus jeunes guitaristes de flamenco français, et signe trois compositions dans ce genre traditionnel, dont le morceau d’ouverture Rebolerías.
On passe de cascades de notes virevoltantes à des ambiances plus tamisées, aux arabesques sinueuses et évocatrices de voyages.
Des influences illustres
Le disque est parfaitement équilibré entre trois compositions pour chacun des guitaristes, une magnifique improvisation toute en sérénité, intitulée Prélude pour deux anges, qui clôt l’album, et trois reprises : Who wants to live forever de Queen, totalement transformé, et deux morceaux de leurs références respectives, Entre dos aguas de Paco de Lucía, et Anouman de Django Reinhardt. Le flamenco moderne et le jazz manouche.
Ces deux influences majeures n’empêchent pas d’explorer d’autres horizons comme Guajira do Brasil, hommage à Yamandu Costa, maître de la guitare brésilienne, ou l’apport rythmique oriental du zarb (percussion d’origine perse) de Kévin Seddiki sur Agua del cielo.
Ce mélange de classique de jazz et de couleur hispanisante, évoque instantanément le trio mythique Al Di Meola, Paco De Lucia et John McLaughlin. Les trois guitaristes jouaient d’ailleurs souvent deux par deux, avec cette même dualité sonore entre picking flamenco et mediator sur guitare folk.
Mais la formation qui reste "la" référence en guitare acoustique moderne n’est ici pas vainement singée. Antoine Boyer et Samuelito s’en inspirent, en y ajoutant la touche Django, pour un album qui affirme son éclectisme musical. Un disque où sensibilité et virtuosité soutiennent une poésie à savourer la tête dans les étoiles.
Antoine Boyer et Samuelito - "Sonámbulo" (Viavox Production) est sorti ce 28 février
Le duo sera en concert le 9 mars au Pan Piper à Paris
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