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Moissac garde le souvenir de Slimane Azem, le poète de l'exil kabyle

On l’a surnommé le « Brassens berbère ». Poète et chanteur d’origine kabyle, Slimane Azem fut le premier artiste algérien à recevoir un disque d’or. Il est mort voilà trente ans mais son aura est restée intacte auprès de ses fans qui sont nombreux à venir se recueillir sur sa tombe dans le village de Moissac, où il vécut ses dernières années.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
La tombe de Slimane Azem à Moissac dans le Tarn-et-Garonne
 (France 3 Culturebox)
Reportage : Juliette Meurin, Frédéric Desse, Jérémy Martin, Fabrice Ratel
Né le 19 septembre 1918 à Agoni Ggeghran, Slimane Azem a quitté l’Algérie en 1937. Comme nombre de ses compatriotes émigrés en France, il sera ouvrier dans une aciérie de Longwy avant d’être mobilisé au moment de la Seconde guerre mondiale. Réformé en 1940, il part pour Paris, travaille dans le métro parisien mais réquisitionné pour le STO (Service du Travail Obligatoire), Slimane Azem se retrouve dans les camps de travail de la Rhénanie entre 1942 et 1945.

De retour à Paris après la Libération, il tient un café dans le 15e arrondissement. C’est là qu’il chante pour la première fois en public. C’est un autre chanteur issu de l’immigration, Mohamed El Kamel, qui le pousse alors à composer ses propres chansons. A la fin des années 40, Slimane Azem se produit sur scène avant d’enregistrer en 1951 sa première chanson : « AMoh A Moh » une complainte sur l’exil qui est aussi un hommage à Si Mohand u Mhand, poète kabyle du XIXe siècle. Il rencontre alors le directeur artistique du catalogue arabe de Pathé-Marconi, rencontre qui marquera le début de sa carrière.
Pendant la guerre d’indépendance algérienne, il va composer « Criquets, quittez mon pays ! », qui dénonce les méfaits du colonialisme. La police française le poursuivra pour cela. Azem sera pourtant  banni de son pays natal en 1962 pour ne pas avoir coupé les ponts avec sa famille, engagée auprès de la France pendant la guerre. Considéré, avec Cheikh El Hasnaoui, comme le père de la chanson kabyle de l’exil, Slimane Azel a fait salle comble à l’Olympia où il donne son dernier récital en 1982 (son premier date de 1978).

En 1971, il a reçu le premier disque d’or remis à un artiste algérien en France, en compagnie de la chanteuse Noura. Son installation à Moissac date des années 70. Quand il meurt en janvier 1982, c’est sans avoir jamais revu son Algérie natale.

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