Lamento : la rencontre du chant choral d'Aedes et du flamenco de Rocio Marquez
Au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris, l'ensemble Aedes invite la chanteuse de flamenco Rocio Marquez autour d'un thème commun, le lamento.
Quand il s'agit de s'aventurer en dehors des chemins très balisés du flamenco, Rocio Marquez est toujours partante. Bardée de prix en Espagne, ce qui rassure les orthodoxes de son milieu, elle est aussi à l'aise dans les musiques anciennes, que latines ou électro. Avec l'ensemble Aedes, elle est accompagnée, lundi 4 octobre au Théatre des Bouffes du Nord, d'un chœur de formation classique, pour une chanteuse qui ne travaille jamais sur partitions, il a fallu s'adapter : "C’était un apprentissage brutal pour moi, dit Rocio Marquez, mais on est tous sortis de notre zone de confort. Avec une patience infinie, Mathieu Romano me donnait tous les tops pour que je sois dans le tempo, car évidemment c’est très différent avec ou sans partition.
Une émotion brute
Compositions de Rocio Marquez adaptées pour le chœur ou œuvres habituelles pour l'ensemble Aedes dans lesquelles elle s'insère, le récital raconte une rencontre artistique dont l'axe est un thème commun, celui du lamento. Mathieu Romano, fondateur et directeur d'Aedes, chœur de 17 chanteurs qui depuis 2005 explore des territoires musicaux du baroque au contemporain, a su concocter un programme particulier pour cette rencontre. "J’ai tout de suite pensé à deux pièces, 'Nuit de Xenakis', un grand cri contre la guerre civile en Grèce et le 'Lamento della Ninfa' de Monteverdi, qui est une plainte amoureuse."
"Il y a dans le flamenco un côté viscéral qu’on peut retrouver dans la musique chorale."
Mathieu Romanoà franceinfo
L’alchimie prend, elle vient du corps, une émotion brute qui efface les frontières entre ce qui serait une musique sacrée et une autre profane.
Mathieu Romano a aussi demandé à un compositeur contemporain d’écrire une pièce pour Rocio Marquez et Aedes, Una cancion de Guerra. Ravie de cette expérience, qu’elle a préparé l’hiver dernier à Paris quand tous les artistes étaient privés de scène, Rocio Marquez l’aborde avec la sincérité et l’humilité qui la caractérisent : "Il y a aussi des morceaux où on est plus tranquilles, plus sereins." Sa voix claire, dont l’amplitude atteint des sommets déchirants, s’accorde à merveille avec la virtuosité de l’ensemble Aedes, dans l’écrin des Bouffes du Nord, la grâce, le duende dirait-on en Espagne, est prêt à surgir.
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