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"Instant Sharings", le goût du partage de Bruno Angelini

Le pianiste Bruno Angelini vient de sortir un nouvel album, "Instant Sharings", enregistré en quartet avec le violoniste Régis Huby, le contrebassiste Claude Tchamitchian et le batteur Edward Perraud. Au fil de leurs "partages instantanés", les musiciens dialoguent autour de compositions d'Angelini et d'hommages à Paul Motian, Wayne Shorter et Steve Swallow. Le pianiste répond à Culturebox.
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Bruno Angelini
 (Jean-Baptiste Millot)

Né à Marseille le 9 novembre 1965, Bruno Angelini s'est installé à Paris il y a plusieurs années après des études l'ayant fait cheminer du classique au jazz. Lauréat d'un Prix spécial au concours de Jazz à La Défense en 1995, ce musicien discret et élégant a tracé sa route sans ostentation, visiblement peu porté sur la communication. De toute évidence, il préfère laisser parler son jeu délicat, introspectif, poétique.

Au fil des ans, Bruno Angelini a exploré des domaines artistiques très variés, collaborant avec de nombreux musiciens parmi lesquels les chanteurs Thierry Peala et Gérard Lesne, les contrebassistes Riccardo Del Fra et Joe Fonda, les batteurs Chistophe Marguet et Ramon Lopez, les saxophonistes Sylvain Beuf et Sébastien Texier, les trompettistes Kenny Wheeler et Giovanni Falzone...

Mélancolie rêveuse

Son nouveau disque a été enregistré dans une structure instrumentale originale. Ce quartet inclut le violoniste Régis Huby, le contrebassiste Claude Tchamitchian et le batteur et percussionniste Edward Perraud. L'auditeur s'immerge dans des climats où chantent les archets de Huby et Tchamitchian, grincent les cymbales de Perraud, encadrés par le piano impressionniste d'Angelini. On retrouve avec émotion un thème enregistré il y a quelques années avec Thierry Peala et Francesco Bearzatti ("Romy", relecture de "L'Orage"). "Instant Sharings" captive, envoûte et suscite une mélancolie rêveuse. Le quartet présente ce répertoire mercredi 1er juillet au Triton, aux portes de Paris.

Outre "Instant Sharings", Bruno Angelini sortira cet automne un album solo consacré à Sergio Leone, avec des réarrangements de musiques d'Ennio Morricone. Nous en reparlerons.


- Culturebox : Racontez-moi la genèse de "Instant Sharings", que vous avez réalisé avec le violoniste Régis Huby, le contrebassiste Claude Tchamitchian et le batteur Edward Perraud au charisme scénique affolant. Sacré groupe !
- Bruno Angelini : Oui, un super groupe ! Ça s'est fait très vite, très naturellement. À l'époque où Jean-Luc Durban assurait la programmation de la péniche L'Improviste à Paris, il m'avait proposé une carte blanche impliquant cinq concerts. J'ai eu l'occasion de jouer avec différents artistes. Pour la premiére soirée en janvier 2014, j'ai invité Régis, Claude et Edward. J'avais déjà joué séparément avec chacun d'eux. J'ai eu envie de les réunir pour un concert avec mes compositions et des morceaux réarrangés que j'avais choisis. Ça s'est tellement bien passé qu'ils m'ont dit - et je l'ai senti aussi - que dans de telles circonstances, il fallait saisir les choses. Je leur ai répondu : "Ok, faisons quelque chose." J'ai évalué mon budget et en juin 2014, on a enregistré au studio La Buissonne. Gérard De Haro, notre merveilleux ingénieur du son, a apprécié notre travail et m'a proposé de le sortir sur le label du studio.

- Avez-vous retrouvé en studio l'alchimie ressentie lors du concert de 2014 ?
- Pour ce projet, on s'est trouvé dans la manifestation pure de ce qui se passe parfois, spontanément, dans des rencontres. Je suis venu en studio avec des morceaux, des arrangements. Même si j'ai conduit la séance, Régis, Claude et Edward ont pris énormément d'initiatives. Tout s'est fait d'une manière presque inespérée. Ce disque forme un ensemble, un bel équilibre entre ce que je leur ai proposé et toutes les choses qu'ils ont amenées d'eux-mêmes, inventées dans l'instant, d'où le titre "Instant Sharings". À chaque seconde du jeu d'un ensemble, on s'interroge : "Comment dois-je réagir à ce que j'entends ? Est-ce que je vais en tenir compte ? Est-ce que je vais continuer mon idée première ? Est-ce que je vais jouer plus fort ? Moins fort ?" Il y a cette notion, importante pour moi, du jeu, de l'écoute autour de soi, de la prise de décision rapide, constamment. Cela demande une forte concentration sans jamais être sur pilote automatique.


- On vous sent heureux du résultat final, ainsi que du quartet.
- Il y a une belle fragilité qui découle de toute cette écoute, de cette interaction, et qui, bien sûr, devient une vraie force. Par ailleurs, Gérard de Haro nous a fait un son extraordinaire ! Tous les ingrédients sont réunis pour avoir un super groupe ! Pour moi qui suis extrêmement sensible au son, c'est formidable d'être entouré par Régis au violon et Claude à la contrebasse, qui jouent ensemble sur d'autres projets. Ils ont cette capacité à respirer ensemble et à offrir de superbes unissons et tant d'autres choses. Quant à Edward, grand maestro des couleurs et de la prise de risque, son jeu sensible m'inspire et complète idéalement l'ensemble.

Bruno Angelini Quartet en concert
Mercredi 1er juillet 2015, 21H, au Triton
11 bis rue du Coq-Français
93260 Les Lilas
Infos/réservations : 01 49 72 83 13 ou ici

> L'agenda de Bruno Angelini ici

Bruno Angelini : piano, compositions
Régis Huby : violon
Claude Tchamitchian : contrebasse
Edward Perraud : batterie, percussions

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