Envie d'une pause musicale lumineuse ? Laissez-vous emporter par les paysages sonores méditatifs de Matthew Halsall et son album "An Ever Changing View"
Besoin d'un peu de douceur dans ce monde de brutes ? Envie d’apaisement et de beauté ? Prenez la tangente avec An Ever Changing View, le dernier album du Britannique Matthew Halsall, où tout commence par des chants d’oiseaux et une harpe. Trompettiste et compositeur originaire de Manchester, Matthew Halsall, qui est aussi le fondateur du label Gondwana Records, est un des leaders de la "UK jazz renaissance" (le renouveau du jazz anglais), bien qu'il se considère comme un éternel "outsider".
Après avoir fait ses classes dès l’âge de six ans dans les big bands de sa ville, il s’est pris de passion, à l’adolescence, à la fois pour la culture DJ et celle du sample, mais aussi pour le jazz hautement spirituel d’Alice Coltrane et de Pharoah Sanders, découverts dans les mix de Mr. Scruff et de Gilles Peterson. "Je me disais : c’est ce que je veux faire, quelque chose qui soit influencé par le passé, mais qui se présente sous une forme contemporaine", se souvient-il. Ces influences sont au cœur de son nouvel album sorti en septembre (oui, il n’est jamais trop tard…) et c’est un ravissement de bout en bout.
Des percussions artisanales en boucle comme point de départ
Pour An Ever Changing View, Matthew Halsall, connu pour ses paysages sonores méditatifs, a décidé d'expérimenter plus avant en modifiant son processus créatif. Lui qui est également ingénieur du son et producteur, particulièrement accompli ici, a d’abord samplé les dizaines de percussions artisanales de sa collection, kalimba, cloches, carillons, shakers et autres triangles. Les boucles sonores ainsi créées ont servi de point de départ aux dix morceaux de l’album. Une première pour lui et pour son groupe, constitué de jeunes et brillants musiciens mancuniens : Matt Cliffe (saxophone, flûte), Chip Wickham (saxophone, flûte), Alice Roberts (harpe), Gavin Barras (basse), Jasper Green (piano), Alan Taylor (batterie) et Sam Bell (percussions).
Dans le studio, dit Halsall, "je travaillais presque comme un DJ, ajoutant et retirant des éléments pour que les autres musiciens jouent par-dessus. C’était une nouvelle et amusante façon de travailler, et tout le monde s’est adapté à cette méthode".
Les beautés de la nature traduites en sons
L’autre source d’inspiration majeure de cet album fluide et voluptueux, ce sont les paysages que Halsall avait face à lui lorsqu’il l’a composé. Cherchant à s’éloigner du stress et des sollicitations citadines, il a loué pour travailler deux maisons en bord de mer, au pays de Galles et sur la côte du nord-est de l’Angleterre, avec des vues maritimes à couper le souffle, en perpétuel changement, comme dans le titre An Ever Changing View.
"Le sentiment d’ouverture et d’évasion" éprouvé alors, il le transmet en musique. La brise, le vent, la pluie, les vagues, les falaises, le ciel changeant et le vol des oiseaux, on les retrouve tous dans ce disque à la fois apaisant et enivrant, qui se veut comme toujours chez Halsall, adepte de longue date du yoga et de la méditation transcendantale, en harmonie avec la nature.
Tout en douceur et en subtilité, cette fusion d’organique et d’électronique est une réussite ensorcelante. Gorgés de détails, ces paysages sonores, pour peu qu’on se laisse aller, font voyager l’esprit de l’auditeur en apesanteur. Sur les grooves délicats des percussions, du piano et de la basse, sa trompette lumineuse aux accents Miles est au centre du jeu, mais la flûte et le saxophone lui donnent régulièrement la réplique et prennent leur part mélodique, tandis que la harpe ajoute sa touche de magie. Dix excursions chaleureuses et rêveuses, à s’offrir comme un baume.
Matthew Halsall "An Ever Changing View" (Gondwana Records)
Matthew Halsall sera le 12 juin 2024 à La Cigale (Paris)
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