Jean-Michel Jarre défend les auteurs face aux "monstres d'internet"
"Ce qui se joue c'est le futur de notre culture"
La directive sur le droit d'auteur, qui vise à obliger les plate-formes numériques à rémunérer les créateurs et les éditeurs de presse, fait l'objet d'âpres débats depuis des mois à Bruxelles. Elle a franchi mercredi une première étape en étant adoptée par une commission du Parlement européen. Mais avant d'être adoptée par le Parlement et les Etats membres, la réforme sera au centre d'une nouvelle bataille cet été tant les groupes politiques sont divisés.
Selon Jean-Michel Jarre, ce qui se joue avec cette réforme "c'est le futur des créateurs, de notre culture, et le rayonnement de nos artistes". Dans cette perspective, il faut, dit-il, "un modèle économique juste". Et pour ce faire, "Bruxelles doit définir un cadre législatif, pour nous permettre d'entrer en négociation avec des acteurs comme YouTube".Comment forcer YouTube à rémunérer les créateurs ?
Dans une interview publiée le 19 juin dans "Le Monde", Jean-Michel Jarre insiste beaucoup sur un point : le fait que les plateformes comme YouTube "se définissent comme des plateformes de stockage et d'archives et non comme des plateformes de contenus." Car se définir comme telles leur permet de ne pas payer de droits. "La valeur de la création a été transférée à ceux qui la distribuent. C'est tout le problème", selon lui.Mais comment forcer YouTube à rémunérer les créateurs ? "C'est extrêmement simple", répond-il. "YouTube doit être considéré, dans la loi, comme une plate-forme de services au même titre que Spotify ou Deezer".
L'enjeu ne concerne pas que les Européens mais "les créateurs du monde entier", souligne le compositeur de "Oxygène", qui considère du devoir de l'Europe "de donner l'exemple en matière de respect de la culture."
Les dommages collatéraux que les GAFA refusent de voir
Ce pionnier de la musique électronique refuse par ailleurs de laisser croire que les créateurs sont contre la technologie et la liberté d'expression. "Il ne s'agit pas de stigmatiser les grands acteurs du Web, et de dire que les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) sont nos ennemis", insiste-t-il. Mais de pointer du doigt leurs dérives. Car ces "gens qui ont créé des choses formidables il y a une vingtaine d'années dans leurs studios ont créé des monstres" et "n'ont pas pris en compte les dommages collatéraux qu'ils pouvaient engendrer".Aujourd'hui, fait-il remarquer, les GAFA rémunèrent des lobbyistes "toute l'année" et dépensent des millions (4,5 millions d'euros en lobbying pour Google, selon lui) pour peser contre la rétribution des droits d'auteur, un principe qu'ils tentent de ringardiser.
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