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Tubes de l'été : "La Cavalerie" de Julien Clerc, hymne inattendu de mai 1968

Sortie le 9 mai 1968, "La Cavalerie" est une chanson qui porte finalement bien son nom. Elle a lancé au galop la carrière alors naissante de ses deux auteurs, Julien Clerc à la musique, Etienne Roda-Gil au texte. Avec ses airs de cavalcade, elle a déboulé dans une France en révolte, devenant en quelques semaines un hymne libertaire.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
La Cavalerie ou comment lancer une carrière au galop...
 (France 2 Culturebox (capture d'écran))

"La Cavalerie", c’est d’abord l’histoire d’une rencontre qui va donner naissance à l’un des duos les plus créatifs et prolifiques de la chanson française. En 1967, Julien Clerc est étudiant en licence d’anglais à la Sorbonne. Il fréquente L’Ecritoire, un café qui se trouve sur la place voisine. Un jour, il débarque et lance à la cantonade : "J’écris des chansons. Qui veut m’écrire des textes ?". C’est Etienne Roda-Gil qui répond "Moi !".

Rompre avec les yéyés

A l’époque, il est visiteur médical, proposant aux médecins les nouveaux produits des firmes de médicaments. Rien à voir avec la chanson donc mais Etienne est passionné par la poésie et les mots (il voulait être professeur). Ensemble, ils se mettent au travail avec une ambition : "faire de la chanson où il y a des textes et rompre avec les yéyés" dixit Julien Clerc...La première chanson qu’ils écrivent en commun, c’est "La Tarantelle" (du nom de ces danses traditionnelles italiennes) qui figurera sur le 2e album de Julien Clerc. Puis La Cavalerie déboule...

En février 1968, Julien Clerc entre en studio. Le 45 tours sort et c’est un quasi miracle : "C’est le dernier disque pressé dans l’usine qui sort avant que l’usine ne ferme pour grève" raconte David Kuhn (auteur de "Julien Clerc une vie de tout" aux éditions Ipanema). Car Mai 1968 est arrivé, emportant tout ou presque sur son passage.

Quand la chanson sort le 9 mai 1968, Paris est en plein chaos. Elle sera d’autant plus diffusée et écoutée que les programmes habituels des radios sont remplacés par de la musique. Le succès est immédiat : la jeunesse en colère et avide nouveaux horizons se retrouve dans les paroles de Roda-Gil dont voici un court extrait : 

Un jour je prendrai la route
Vers ailleurs coûte que coûte
Je traverserai la nuit
Pour rejoindre la cavalerie
J'aurai enfin tous les courages
Ce sera mon héritage
Et j'abolirai l'ennui"

 
Cette dernière phrase sera même inscrite sur les murs de la Sorbonne, devenant un slogan de révolte.

Reportage : L. Hakim / M. Vial / H. Pozzo / O. Dumont / R. Torregrosa / F. Mennin / R. Schillaci / P. Helderle / J-C. Branger / J-M. Perroux

Roda-Gil, l'engagé

Si Julien Clerc est la voix de cette chanson, les mots eux, sont de Roda-Gil et le révolté semble-t-il, c’est lui. Né dans une famille de réfugiés républicains espagnols, il est marqué par l’engagement de son père, ouvrier communiste. Le parolier sait allier convictions politiques et poésie. Bien des années plus tard, en 1998, Julien Clerc confiera d’ailleurs à L’Humanité : "L'engagement politique d'Étienne Roda-Gil est certain alors que le mien ne l'est pas ".

Le début d'un succès ininterrompu

Mais revenons à 1968 :  Julien Clerc est "sur les barricades par procuration" comme il le dira lui-même. Il faut dire qu’à défaut de pavés à lancer, il a des chats à fouetter et une carrière qui démarre au galop !  Le 1er juillet 1968, les Français découvrent à la télévision le visage de ce jeune homme de 21 ans qui indique au présentateur sa ferme intention de boucler sa licence d’anglais !

Un vœu pieux, tant le succès sera au rendez-vous avec La Cavalerie puis pour bien d’autres titres écrits avec Roda-Gil : La Californie, Ce n’est rien, Si on chantait, Le Patineur, This Melody, Elle voulait qu’on l’appelle Venise...Une fructueuse collaboration qui s'étiolera dans les années 80 pour reprendre la décennie suivante. 

 

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