Cet article date de plus de cinq ans.

Lavilliers : "Je dis les choses moins brutalement mais je suis resté le même"

50 ans de carrière, 21 albums et 12 tours du monde. Voilà comment Bernard Lavilliers a rempli sept décennies. A 71 ans, le chanteur-baroudeur est toujours sur la route avec, en bandoulière, la même envie de plonger sa plume dans les plaies de notre époque. Il en sort des mots justes qui touchent le public. Le succès critique et public de son dernier album "5 minutes au paradis" en est la preuve.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Bernard Lavilliers, l'inlassable voyageur, interviewé sur le port de Hyères par N. Hayter.
 (France 2 Culturebox (capture d'écran))

En concert à la salle Pleyel le 6 octobre dernier (à revoir jusqu'au 14 janvier sur Culturebox), Bernard Lavilliers est descendu chanter un de ses titres phares, "La salsa", au milieu du public avec son saxophoniste. Un bain de foule qui n’effraie pas celui qui se définit comme un bateleur de la scène.

Mais c’est en tête-à-tête sur le port de Hyères que Nathalie Hayter, Sylvain Giaume, et Cédric Baume l’ont rencontré pour revenir avec Bernard Lavilliers sur ses 50 ans de carrière. D’un point de vue discographique, elle a commencé officiellement en 1968 avec la sortie de son premier album "Chanson pour ma mie". Mais pour Lavilliers, le compteur est bloqué sur 40 car les dix ans qui ont suivi la sortie de cet album ne comptent pas vraiment : 

"Je ne gagnais pas ma vie comme chanteur, j’étais obligé de faire autre chose. Je ne peux pas me considérer comme un artiste si je ne gagne pas ma vie en faisant ce métier".

Reportage : N. Hayter / S. Giaume / C. Baume / A-C. Becquet 

"Remonter le moral des gens"

Ancien salarié de la sidérurgie, Lavilliers n’a jamais caché ses engagements, ses combats pour le monde ouvrier même s'il est lucide sur la portée de ses paroles : "J’ai parlé des mineurs du Brésil qui cherchent de l’or, des ouvriers qui se battent pour garder leur boulot ... Ca change pas grand chose mais ça remonte le moral des gens."

Et s'il a fréquenté des hommes politiques comme François Miterrand, il n'en est jamais devenu le faire-valoir : "Il savait que je ne votais pas, et qu’il ne parviendrait pas à m’enrôler. Les chanteurs qui s’engagent derrière un candidat, je trouve ça malsain. Ce n’est pas notre boulot." confiait le chanteur à nos confrères des Inrocks en novembre 2017.

"Le même en plus vieux" 

A t-il trahi le jeune homme qu'il était à 20 ans ? "Je pense être rester le même avec beaucoup d’évolution évidemment" confie t-il à Nathalie Hayter.

"Je vois peut-être les choses moins brutalement parce que j’étais un militant anarchiste assez radical ! Mais au fond du fond, je suis resté le même... en plus vieux !"

La révolte des Gilets jaunes lui parle-t-elle ? "Le peuple, c’est ceux qui en prennent toujours plein la gueule et qui souvent ne disent rien et qui mettent un bulletin tous les 5 ans dans les urnes. Là ils en peuvent plus... ". Un ras-le-bol qui inspirera peut-être une chanson à Lavilliers pour son prochain album.

Pour l'heure, le Stéphanois est encore en tournée. En 2019, plusieurs dates sont prévues lors de festivals d'été.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.