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Comptines pour enfants, un double sens réservé aux adultes...

On s’en doutait un peu mais quand même ! "A la claire fontaine", "Une souris verte", "Il court il court le furet"...Toutes ces comptines qui ont bercé des générations d’enfants ont un sens caché, très loin de l’innocence et de la mièvrerie qu’on leur prête. Bienvenue dans un joli monde empreint de violence, d’érotisme et de politique !
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Une souris verte" ? Une horrible histoire de soldat torturé...
 (France 3 Culturebox (capture d'écran))

La question va désormais tarauder des milliers de parents et de grands-parents : puis-je chanter sans arrière-pensées "Une souris verte" ou "La Mère Michel" à mes enfants sans craindre un "dépucelage auditif " traumatisant ? En apprenant la véritable origine et signification de certaines comptines, difficile effectivement de faire comme si de rien n’était !

Scène de torture

On apprend ainsi que - selon les historiens - la célèbre chanson "Une souris verte" ferait référence à un soldat vendéen (soldats qu’on appelait à l’époque "les souris ") qui aurait été traqué par les soldats républicains pendant la Guerre de Vendée (1793-1795) puis torturé de façon atroce puisqu’il fut plongé dans l’eau et l’huile bouillante.... Le savoir peut-il traumatiser parents et enfants ? "Pas du tout !" répond une mère de famille interrogée par Nicolas Lemarignier, "Ça reste quand même rigolo..." ajoute-t-elle. 

Fin des maisons closes et libertinage

Autre chanson aux origines "historiques" : "Nous n’irons plus aux bois" ("les lauriers sont coupés..."). Elle date du XVIIe siècle quand Louis XIV décide de fermer les maisons closes pour éviter la propagation des maladies qui touchent les ouvriers travaillant dans le jardin de Versailles. On reconnaissait ces maisons aux lauriers accrochés à leurs façades.
  (France 3 Culturebox (capture d'écran))
"Je vais la regarder autrement cette petite comptine...Je ne vais peut-être plus la chanter à mes enfants !" confie en riant une maman.

Reportage : N. Lemarignier / T. Souman / C. La Rocca / M. Le Rue

Une gâterie refusée

Et que dira cette maman en découvrant que "A la Claire fontaine", chanson traditionnelle du XVIIIe siècle, parle en fait  de la colère d'un jeune homme repoussé par sa bien-aimée à qui il a refusé...un cunnilingus ! 

J'ai perdu mon amie
Sans l'avoir mérité
Pour un bouquet de roses
Que je lui refusai..."

Un curé "olé olé"

Ou encore "Il court il court le furet" : composée sous Louis XV, il s’agirait en fait d’une contrepèterie paillarde (Il fourre il fourre le curé) et anticléricale (elle désigne le cardinal Dubois, principal ministre d'État, dont les mœurs étaient réputées très légères...)

C'est pas le chat qu'on a perdu...

Et que dire de "Au clair de la lune", LA berceuse qu’on a tous chanté au moins une fois à un enfant mais qui parle en fait des problèmes d’érection masculins avec cette "chandelle morte".... Même la "Mère Michel" ne résiste pas à ces analyses ! On compatissait sincèrement à la perte de son chat mais cette comptine popularisée en 1820 et qui serait à l’origine une chanson militaire, parlerait en fait de la virginité perdue ou supposée perdue (car sur cet aspect, plusieurs versions existent) d’une femme d’un certain âge.

Des chansons de veillée 

Comment expliquer que de telles chansons aient  traversé les siècles en étant présentées comme des comptines destinées aux enfants ? Au moment de leur création, "ces chansons s'adressaient autant aux parents qu'aux enfants" explique Serge Hureau, auteur, avec Olivier Hussenet, d'un livre intitulé "Ce qu'on entend dans les chansons - Des berceuses aux grands succès du répertoire" (Ed. Points, Collection Le Goût des mots). "Elles se chantaient à la veillée quand tout la famille était réunie... Elles n'ont l'air de rien mais elles disent des choses terribles".

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