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Bertrand Cantat, premier album depuis le drame

L'ex-leader de Noir Désir sort lundi le premier album de son nouveau projet "Détroit", dix ans après la mort de Marie Trintignant à Vilnius. Intitulé "Horizons", il s'agit d'un disque très personnel et forcément sujet à interprétation, dont l'écoute peut s'avérer parfois dérangeante.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Franceinfo (Franceinfo)

Un exercice de haute voltige. Bertrand Cantat sort lundi son premier album depuis la mort de Marie Trintignant, avec son nouveau projet Détroit . L'album intitulé "Horizons" est le fruit d'un duo entre l'ex-leader de Noir Désir et le bassiste Pascal Humbert, ex-membre du groupe 16 Horsepower . Le drame de Vilnius, qui avait valu à Bertrand Cantat d'être condamné à huit ans de prison (il a été libéré en 2007), est toujours un sujet sensible dans l'opinion, comme l'ont montré les vives réactions provoquées par l'annonce de son retour. 

Les deux hommes ont enregistré dans le sud de la France, après la séparation de Noir Désir en 2010. Dans une récente interview aux Inrockuptibles, Bertrand Cantat confiait que l'idée de refaire un disque avait longtemps été "paralysante ". "Il a fallu tout analyser - avec de l'aide, je ne le cache pas - pour  recommencer : à quoi bon sortir un disque si c'est pour se faire défoncer ? Mais  un truc a fini par surgir de ces questions, de ce combat ", disait-il.

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Une écoute potentiellement dérangeante

Le résultat est là : douze titres de poétiques réflexions souvent tentées de désespoir. Et une gymnastique d'écoute presque impossible tant l'album reste
troublant, selon la spécialiste musique de France Info. Les fans de Noir Désir et de 16 Horsepower  y retrouveront d'abord le
même univers tourmenté de ces groupes : la noirceur rock en commun, le phrasé
lancinant de Cantat, la transe électrique.

La production est soignée, précise, la voix de Cantat sobre, directe. Et puis, le plaisir vite perturbé par ces textes installés au coeur de l'album, impossible à éviter : "Toi la douce trace hurlante, dors mon ange de désolation, rien ne pourra jamais nous enlever nos frissons ", chante par exemple Bertrand Cantat sur "Ange de désolation".

Irruption du malaise au milieu d'un disque pourtant bien
fichu, et fidèle à son auteur. Sans avoir rien demandé, voilà l'oreille forcée à
se faire voyeuse. "Le ryhtme carcéral passe par la tuyauterie, un dialogue de misère pour dire qu'on est en vie, ou bien qu'on fait comme si ", dit une chanson.

Comme Avec le temps , la reprise de Léo Ferré, on préfère
éviter ces îlots de douleur, instantanés d'une histoire qui ne nous regarde pas,
pour se réfugier ailleurs, dans l'anglais par exemple. "Glimmer in your eyes" et "Null and Void", deux titres en anglais sur cet album, où Bertrand Cantat semble chanter plus facilement. Comme libéré du poids des mots.

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