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"Une histoire indiscrète de la silhouette" se dévoile aux Arts Déco

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
« La mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette » explore les artifices utilisés par les femmes et les hommes, du XIVe siècle à nos jours, pour dessiner leur silhouette. 200 modèles rassemblant paniers, crinolines, ceintures d’estomac, faux-cul, gaines, push up offrent une lecture insolite de la mode liée au corps.

Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile © Patricia Canino

A voir tous ces corsets et gaines, on se sent soulagé d'être en 2013. Et pourtant... "On croit être plus libre que jamais mais on est dans une époque où on impose au corps des régimes, où on fait du body building, où la chirurgie esthétique est de plus en plus répandue", rappelle le commissaire de l’exposition Denis Bruna.
 (Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile © Patricia Canino)
Voici l’histoire des métamorphoses du corps soumis aux diktats des modes successives. Quels sont les mécanismes qui ont contraint les corps des femmes afin d’obtenir des tailles resserrées jusqu’à l’évanouissement, des gorges pigeonnantes contrebalançant un fessier rehaussé à l’extrême, des hanches élargies, ou bien aplati des seins et des ventres ? 
 (Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile © Patricia Canino)
Comment les hommes eux-mêmes ont-ils poussé leur virilité en bombant artificiellement les torses, en rajoutant des formes aux mollets ou aux braguettes ? Et voici des structures faites de fanons de baleine, de cerceaux de rembourrage mais plus encore de laçages, de charnières, de tirettes, de ressorts ou de tissus élastiques dissimulés sous l’habit. 
 (Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile, don Madame M. Pastre, 1922 © Patricia Canino)
L’univers masculin et sa quête de la virilité sont évoqués avec les pourpoints rembourrés du XIVe au XVIe siècle ainsi qu’avec les braguettes proéminentes de la Renaissance. Le XVIIIe siècle est caractérisé par les vestes matelassées provoquant des torses arqués. Les amplificateurs de mollets, les ceintures d’estomac et les slips-gaines sont révélateurs de la période XIXe-XXIe siècles.
 (Les Arts Décoratifs, dépôt du musée de Cluny © Patricia Canino)
Les femmes, quant à elles, ont rivalisé d’imagination et d’artifices avec les premiers corsages baleinés, les vertugadins (premières jupes renforcées de cerceaux de rotin ou de métal), les paniers, les crinolines, les tournures, les corsets, les gaines et les push-up d’aujourd’hui. Sans oublier les enfants qui ont porté des corsets au moins depuis le XVIIe siècle.
 (Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile et dépôt du musée de Cluny © Patricia Canino)
Renforcées d’armatures et d’autres mécanismes, ces vêtements permettaient la rectitude, la verticalité tant attendue par une aristocratie, puis par une puissante bourgeoisie, soucieuses d’un idéal de supériorité. Le parcours donne la part belle au XIXe siècle. Sous le Second Empire et la Troisième République, le corset règne en tyran pour répondre à l’exigence de la taille de guêpe accentuée par l’évasement excessif des crinolines. Après 1870, ce jupon à  baleines disparaît et se voit remplacé par la tournure dite aussi faux cul, queue d’écrevisse ou strapontin.
 (Collection Falbalas © Patricia Canino)
Au XIXe siècle, les sous-vêtements n’ont jamais été aussi abondants et cachés à la fois. Si, au fil de l’histoire, les formes évoluent et les techniques s’affinent, le dessein du vêtement est récurrent : effacer le ventre, comprimer la taille jusqu’à la creuser, maintenir la poitrine, rehausser les seins - parfois les aplatir -, arrondir les hanches. Bref, le confort a souvent cédé le pas à l’apparence jusqu’à ce que, vers 1900, Nicole Groult, Paul Poiret et Madeleine Vionnet instaurent le goût de la ligne « naturelle ».
 (Les Arts Décoratifs, collection Mode et Textile, don Dolce & Gabbana, 2008 © Patricia Canino)
L’exposition se poursuit avec le soutien-gorge, la gaine (et ses exemples masculins). Si le souci du soutien-gorge n’est plus de comprimer ou de rehausser les seins mais de les emboîter et les séparer, a-t-il perdu pour autant le rôle essentiel des vêtements baleinés d’autrefois : modeler la silhouette ? De nos jours, les ampliformes et pigeonnants en vue de créer un effet plongeant même sur les silhouettes les plus menues, répondent aux diktats des canons de beauté à une époque où l’on façonne moins son corps par des vêtements que par des régimes, le body building et la chirurgie.
 (Les Arts Décoratifs, photothèque, don mars 1963 © Paris, Les Arts Décoratifs, photothèque)
Toutefois, l’histoire du corset, de la crinoline ou de la tournure n’est pas révolue pour autant puisque des créateurs comme Thierry Mugler, Jean Paul Gaultier, Rei Kawakubo pour Comme des Garçons, Christian Lacroix ou Vivienne Westwood… ont livré des exemples permettant de clamer que les XXe et XXIe siècles ont fait du dessous d’autrefois un dessus expérimental. 
 (Mannequin Matthieu Barnabé. Photographie Sylvain Norget © Sylvain Norget)
L’exposition montre aussi des mannequins couverts de reconstitutions de paniers, de crinolines ou de tournures… toutes animées afin de saisir l’ingéniosité des mécanismes. Un espace est dédié à l’essayage de corsets, de paniers du XVIIIe ou de crinolines, faits à l’identique, afin que le visiteur puisse porter et comprendre ces structures. «  La mécanique des dessous. Une histoire indiscrète de la silhouette », jusqu'au 24 novembre 2013.  Les Arts Décoratifs. 107, rue de Rivoli. 75001 Paris. www.lesartsdecoratifs.fr
 (Henri de Montaut , New York, The Metropolitan Museum of Art, The Elisha Whittelsey Collection, 1951 © New York, The Metropolitan Museum of Art, dist. RMN-Grand Palais, image of the MMA)

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