Olivier Châtenet revisite, avec malice, ses trésors vintage masculins
Ce collectionneur, actif, a réuni des pièces qui illustrent le meilleur des créateurs de mode de la seconde partie du XXe siècle. Une collection qui s'appuie sur une abondante bibliographie et des sources iconographiques. Passionné, ce styliste -qui a oeuvré dans de grandes maisons françaises- traque le vintage qu’il chine depuis près de 30 ans. Riche de 5.000 pièces dont plus de 3.000 signées Yves Saint Laurent, il a été consultant historique sur le film ”Saint Laurent” de Bertrand Bonello. "Je n'ai pas un point de vue muséal. Je donne simplement un éclairage moderne pour porter du vintage. Aujourd'hui, le vintage est dans la garde-robe de tout le monde" constate-t-il.
Dans l'exposition "Style Genre" se côtoient 25 silhouettes principalement masculines, qui cependant empruntent des pièces vestimentaires aux deux sexes. Olivier Châtenet redonne vie à ces vêtements d’archives. Tout en respectant l’esprit d’origine, il les amalgame pour produire des silhouettes uniques. "Je me sers de la construction du vêtement pour le détourner" explique le styliste.
Pourquoi cette exposition "Style genre" ?
"C'est un challenge. Je n'avais jamais fait d'homme auparavant. De prime abord cela m'a paru compliqué, puis cela m'a excité. C'est une espèce de vestiaire plutôt masculin, qui va de l'homme à la femme. Le défil : solutionner des contingences techniques comme le fait d'habiller des mannequins d'aujourd'hui avec des pièces vintage qui ont 30 ou 40 ans, c'est compliqué. Voilà pourquoi certains mannequins présentés ici n'ont pas de pantalons".De quand date cette passion ?
"C'est venu naturellement. Designer de formation, j'ai toujours eu un intérêt pour le beau vêtement. J'aime les puces, j'ai un esprit de chasseur. Avec le vintage, il y a beaucoup de choses à apprendre, sans être pour autant nostalgique. Repenser l'évolution de la civilisation, l'idée de la transition. Je m'intéresse plus particulièrement à l'émergence du prêt-à-porter, à l'arrivée des premiers stylistes et designers comme Sonia Rykiel, Chloé, Kenzo, Cacharel et Jean Muir (spécialiste de la maille jersey).Combien avez-vous de pièces ?
"Yves Saint Laurent et son prêt-à-porter occupent une large place dans ma collection avec plus de 3.000 références. Après ce chiffre de 3.000, j'ai arrêté de compter. C'est un job de tout répertorier !"Quelles sont vos marques préférées ?
"Aujourd'hui, je suis plus sélectif qu'hier. Je recherche des pièces rares. Par ailleurs, je ne couvre pas toutes les époques. J'aime tout particulièrement deux robes du couturier anglo-américain Charles James, qui datent du début des années 50. Elles ont des constructions incroyables. Un véritable travail d'artiste".Où déchinez-vous vos trésors ?
"Il y a 15 ans, Drouot proposait beaucoup de vêtements abordables. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Désormais, je chasse plus aux puces mais aussi sur les sites de vente en ligne".Prix de l'Andam en 1991 et Venus de la mode en 1993, Olivier Chatenet est un habitué des expositions. En 2012 et 2013, il participe à deux évènements consacrés à Yves Saint Laurent, son créateur fétiche. Cette année, en mars 2015, la galerie Joyce a, déjà, accueilli une exposition vintage destinée à la femme.
Exposition "Style genre" jusqu'au 2 juillet 2015. Joyce Gallery. 168-173, Galerie de Valois. Jardins du Palais Royal. 75001 Paris. www.joyce.com
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