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L'opération séduction des créateurs russes, à Paris

Moscou montre depuis quelques années un dynamisme croissant dans le secteur de la mode. Si la semaine de la mode russe cherche encore à s'inscrire dans la lignée des fashions week des grandes capitales (New York, Londres, Milan, Paris), les créateurs russes n’hésitent pas, quant à eux, à défiler sur ces podiums et à présenter leur travail, le plus souvent inscrit dans la tradition.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La créatrice russe Anastasia Romantsova (au milieu) présente sa collection "A la Russe" automne-hiver 2013-2014 à Paris
 (DR)
« A la Russe » : une identité culturelle préservée
Présentée dans le cadre de la semaine de la mode automne-hiver 2013, la collection « A la Russe » m’a immédiatement séduite. C’est dans un hôtel parisien qu’Anastasia Romantsova a présenté pour la première fois sa collection au public européen. « Nous avons décidé d’adapter le personnage de Lara du Docteur Jivago de Boris Pasternak. C’est une interprétation moderne, brillante et délicate de la Reine des Neiges, le personnage d’un conte russe - hivernale, exquise et radieuse, mais aussi chaleureuse, tendre et sensuelle » explique la créatrice.
 
A la Russe, présentation automne-hiver 2013-2014 à Paris
 (Corinne Jeammet)
J’ai été soufflée par les pièces en maille de cette collection hivernale et plus particulièrement par celles réalisées à la main comme les aériens châles d'Orenbourg. Le travail est d'une délicatesse infinie, la trame légère et les broderies minutieuses. Ici les imprimés sont symboliques : la licorne, les roses, les fleurs qui se confondent avec la légèreté des flocons… le tout décliné dans des couleurs lumineuses et chaleureuses : beige, teintes laiteuses, roses glacées et toutes les nuances de gris, de bleus soutenus et de cognac/caramel/café.
A la Russe, présentation automne-hiver 2013-2014 à Paris : délicates et fragiles broderies réalisées à la main
 (Corinne Jeammet)
Yudashkin et Yanina sur les podiums parisiens
Valentin Yudashkin est, quant à lui, un habitué de la fashion week parisienne où il défile depuis plusieurs saisons. Les motifs folkloriques de l'hiver russe ont inspiré les modèles de sa collection hiver 2013 comme l’explique le couturier, c’est "Le charme des paysages enneigés, la précision des cristaux de neige et la gamme particulière des nuances hivernales qui sont reflétées dans nos modèles". On note de la laine, du crêpe de Chine, du cachemire, des mousselines, des soies froissées et de la dentelle de Chantilly mais aussi du satin duchesse, du taffetas métallisé et des tissus à effet 3D déclinés dans une palette qui va du blanc cristallin, gris perle, bleu fumé au beige et écru. Manteaux ou vestes mi-longues côtoient jupes, shorts, pantalons et chemises et des touches de fourrure.
 
Valentin Yudashkin pap ah 2013-2014, à Paris.
 (AFP)
Depuis 15 ans, la créatrice Yulia Yanina est devenue l’une des plus importantes créatrices de Russie offrant une approche unique du sur mesure dans le respect de la haute couture. Elle attache de l’importance à l’originalité et à l’exclusivité de ses créations en travaillant perles et broderies luxueuses. Après plusieurs saisons à l’Alta Roma, elle a choisi de défiler pendant la semaine parisienne de la couture. Lors de la haute couture de janvier 2013, la créatrice Moscovite a présentée une collection accessoirisée par la Maison Chopard. Pour elle, chaque femme doit avoir l’allure Hollywoodienne.
 
Yanina haute couture printemps-été 2013, à Paris
 (DR)
Shaposhnikova, Teplov ou Loginov Arsenicum à la fashion week de New York
En février 2013, dans le cadre de la fashion week de New York, au consulat de Russie, plusieurs designers russes présentaient leurs créations : robes et vêtements d'Irina Shaposhnikova, Serguei Teplov ou Dmitry Loginov Arsenicum avec un point commun, le noir comme seule couleur. "C'est la première fois que nous avons la chance de montrer certains des talents" de la mode russe, a expliqué Stephan Rabimov, porte-parole de l'événement. Avant de confier son rêve: "Qu'il y ait bientôt une semaine de la  mode russe" ou qu'à défaut des créateurs russes se produisent ensemble à la Fashion week de New York.
Des créateurs russes présentaient leurs collections toutes réalisées en noir, le 6 février 2013 à New York dans le cadre de la Fashion Week
 (DON EMMERT / AFP)
La maison Lyubov ouvre prochainement à Paris
La fondatrice Viktoria Bagryantseva travaille avec Amour, car Lyubov signifie « Amour » en russe. Originaire de Moscou, la créatrice a suivi sa formation à l’école de la Chambre Syndicale de la couture parisienne. Plus tard, elle a exercé à Florence chez Roberto Cavalli. En 2006, elle a créé Lyubov. Une boutique rue Cambon ouvre prochainement. Elle a collaboré avec de grandes maisons, comme Massaro pour la collection des chaussures. Sa femme Lyubov est mystérieuse, atemporelle, à la fois romantique et provocante. Moderne, elle aime le jour street et le soir chic. Cette marque de prêt-à-porter haut de gamme met en avant les tissus les plus nobles, les broderies faites à la main, des pierres Swarovski ou des effets drapés sophistiqués.
Collection oeufs "Les Palais Moodshot" de Fabergé. Chaque pièce en or ciselé et émail guilloché, donne un effet irisé à chaque colori, un éclat et une intensité en trois dimensions. Ces modèles sont recouverts d'ornements en or, rappelant la splendeur et les fioritures baroques du palais d’été de Tsarskoye Selo. 
 (Fabergé)
La renaissance de la maison Fabergé 
L’histoire de Fabergé est liée aux vies, aux amours et à la tragédie du dernier des Tsar Romanov, Nicholas II et l'Impératrice Alexandra. D’origine Huguenot, et doté d’un talent protéiforme et d’un instinct entrepreneurial, Peter Carl Fabergé est devenu orfèvre et joailler de la Cour de l’Empereur, créant des joyaux parmi lesquels la série légendaire des ingénieux oeufs impériaux. Sa renommée mondiale lui a attiré une clientèle de rois, de nobles, de magnats, d’industriels et d’artistes évoluant à Paris, Moscou, Saint Pétersbourg et Londres. En 1917, la Révolution russe met fin à la dynastie des Romanov mais aussi à Fabergé. Les Bolchéviques confisquent les ateliers et leurs trésors, la production cesse et Peter Carl Fabergé et sa famille fuient la Russie. En 1951, la famille Fabergé perd ses droits sur la marque.
Fabergé, la tiare Diamond. 1890
 (Fabergé)
L'histoire reprend son cours en 2007 lorsque Fabergé annonce la réintégration de la famille Fabergé. Cette maison renaît de ses cendres en 2009, avec trois collections haute joaillerie « Les Fabuleuses de Fabergé : Les Fleurs, Les Fables et Les Fauves de Fabergé ». Jusqu'à la fin 2013, le musée d’histoire naturelle de Houston, au Texas, présente « Fabergé : A Brilliant Vision ». Issue de la collection McFerrin, 350 pièces dont le diadème en diamants de l’impératrice Joséphine sont exposées. C'est l’une des plus impressionnantes collections privées de pièces Fabergé.

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