Paris Fashion Week : pour Nicola Lecourt Mansion, créatrice trans, "montrer sa vulnérabilité, c'est une très grande force"
Lady Gaga a porté une robe Nicolas Lecourt Mansion en résille de cristal et la styliste a déjà travaillé avec de nombreux artistes et musiciens
"Montrer sa vulnérabilité, c'est une très grande force", assure Nicola Lecourt Mansion dont les tenues "flamboyantes" et non genrées s'inspirent de la lingerie jusqu'à la mettre au centre dans cette collection automne-hiver 2021-22 présentée dans le cadre de la Paris Fashion Week féminine, digitale.
"Le vêtement est notre premier outil de communication qui envoie un message sans qu'on ait besoin d'ouvrir la bouche, qui donne aux autres la possibilité de comprendre qui on est, d'où on vient, ce qu'on veut transmettre" ajoute la créatrice trans.
Des vêtements portables
Dans la cour des studios de cinéma à Épinay-sur-Seine, au nord de Paris, où se déroule le tournage du film de présentation de la collection automne-hiver 2021-22, une mannequin ronde pose en combinaison rouge seconde peau et baskets. Une grande ouverture sur le dos, jusqu'en bas des fesses, révèle un string rouge et une peau tatouée. "La lingerie représente ce qui est proche du corps. C'est un aspect de soi un peu privé, intime aussi", explique la fondatrice de la marque qui porte son nom, Nicolas Lecourt Mansion (mais avec un "s" à Nicolas).
La porter de manière visible rend fragile. "La puissance de cette vulnérabilité, c'est ce qui m'intéresse", c'est "dans l'ADN" de la marque, poursuit la styliste de 27 ans, originaire d'Alsace et lauréate en 2019 du prix de l'Andam.
Dans sa collection, un string brodé s'accroche sur une robe avec des boutons pression, un blazer reprend des coupes de porte-jarretelle ce qui permet "à cette pièce de tailleur de s'adapter à deux univers". Pareil pour une combinaison couleur chair qui se ferme sur le dos comme un soutien-gorge et qu'on peut enfiler pour une soirée ou pour faire son cours de yoga. "On a l'impression de corset, mais ce sont juste des coutures qui ont été rabattues et montées ce qui fait que vous retrouvez le confort d'un T-shirt, vous pouvez le porter tous les jours", souligne-t-elle.
"Chaque pièce s'adapte à une énergie"
"Tout est vraiment conçu pour être proche du corps sans vraiment le compresser", insiste-t-elle. Coiffée avec une queue-de-cheval, le regard souligné par un trait d'eye-liner noir, Nicola Lecourt Mansion porte un ensemble "hyper confortable" plissé tunique-pantalon vert pomme. Les très longs ongles rouges ornés de strass, "c'est pour le tournage", glisse-t-elle, autrement ils gêneraient pour coudre.
La collection est inspirée de Clueless, film américain pour adolescents des années 1990, auquel rendent hommage les twin-sets veste-minijupe (kilt) en tweed avec des boutons en cristal. "Ce sont des vêtements pensés pour tous les jours pour une personne qui aime la légèreté, ce qui brille, ce qui est doux", souligne la styliste.
Elle ne croit pas à la notion du genre dans la mode estimant que "chaque pièce s'adapte à une énergie". "Je suis plutôt dans l'énergie générale de flamboyance. Chaque personne peut y apporter quelque chose de personnel et moi, je peux adapter mon travail à cette personne."
Les tenues, comme cet ensemble brillant composé de bustier, string et pantalon transparent qui monte comme un bas à mi-cuisse, sont-elles vraiment portables dans la vie de tous les jours ? "Qu'est-ce que cela veut dire portable? Un vêtement pour sortir ? C'est votre jugement. Moi, je pourrais les porter tous les jours, chacun a un rapport personnel au vêtement", répond la créatrice.
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