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Paris Fashion Week : le défi de la styliste avant-gardiste Marine Serre est d'amener la mode écoresponsable dans la rue

La collection printemps-été 2022 de Marine Serre intitulée "Fichu pour Fichu" a été présentée dans un film au premier jour de la Paris Fashion Week, journée traditionnellement réservée aux jeunes créateurs

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Marine Serre printemps-été 2022 à la Paris Fashion Week, 27 septembre 2021 (Courtesy of Marine Serre)

Bottes et tailleurs créés à partir de torchons, fourchettes transformées en bijoux et l'incontournable robe en foulards : la Française Marine Serre pousse encore plus loin le recyclage dans sa nouvelle collection printemps-été 2022. Son nouveau défi : réduire les prix pour pouvoir s'acheter ses propres créations.

La collection est présentée dans un film au premier jour de la Fashion Week parisienne au moment où de nombreuses maisons renouent, enfin, avec les défilés "en vrai". Adepte de l'esthétique apocalyptique pour ses défilés, la créatrice fait une présentation virtuelle très zen accessible à tous, que les invités qui ont pu se déplacer visionnent ensemble à Paris. Mais "aujourd'hui on a besoin d'espoir et il est temps d'entrer en action".

90% de matériaux recyclés

La collection est faite "à 90%" à partir de matériaux recyclés, achetés en stocks non utilisés ou régénérés, déclare à l'AFP la créatrice de 29 ans qui reçoit dans ses ateliers du nord de Paris décorés avec des foulards en soie. 

Ces pièces chinées se transforment en robes uniques devenues la marque de fabrique de Marine Serre, prix LVMH 2017, à la tête de sa maison depuis quatre ans. "Nous avons pu résister à la crise, on est une marque 100% indépendante. Les distributeurs et les clients ont continué de nous soutenir. S'ils ne partageaient pas ces valeurs, on n'existerait pas aujourd'hui".

Achetés au kilo

Même en regardant de près une jupe ou un gilet effet tweed à carreaux multicolores, on a du mal à deviner qu'ils sont faits avec d'épais torchons de cuisine.

Près de la moitié de la collection est confectionnée à partir de matières régénérées comme des torchons avec des broderies hollandaises, des draps de lits qui deviennent des robes et des chemises... "C'est beaucoup de travail, chaque pièce est unique, vous n'aurez jamais la même broderie", souligne la créatrice.

Les "popcorns, ces fameux T-shirts des années 90, on les a achetés au kilo, à la tonne. Il y a des personnes qui récupèrent des vêtements usagés pour nous", raconte Marine Serre. Ils sont "hybridés avec du jersey pour garder l'élasticité" et devenir... une robe couture. De vieux jeans sont redécoupés et assemblés en patchwork. Les bijoux sont démontés et remontés ou faits à partir de couverts. Une autre partie de la collection est en matières recyclées à la fibre comme le moiré. "On a travaillé avec un manufacturier à Lyon, dernière personne qui travaille la moire à la main".

"Offrir des pièces régénérées à des gens comme moi, comme tout le monde"

"Nous avons beaucoup travaillé pendant le Covid pour améliorer nos prix et pouvoir offrir des pièces régénérées à des gens comme moi, comme tout le monde", dit Marine Serre. Faut-il comprendre que Marine Serre n'a pas les moyens de s'habiller chez Marine Serre ? "Non, je ne peux pas me permettre mes pièces, maintenant cela commence à aller mieux. Au début, c'était difficile, parce que c'était très cher. C'est important pour moi pour que ces valeurs soient partagées dans la rue", souligne-t-elle. Une blouse brodée de la nouvelle collection coûte 650 euros, avant "c'était au moins 200 euros de plus", précise la styliste.

Fer de lance d'un manifeste pour une mode plus éthique au début de la crise sanitaire, elle estime que les choses "sont en train de changer"."C'était important pour moi de signer ce papier, cela répondait à mes valeurs et à pas mal de questionnements dans le milieu de la mode", dit-elle. "Il y a de plus en plus de ceux qui entrent en action, le Covid a servi d'accélérateur (...) Dans les jeunes générations, on est assez soudé, c'est pas une mode, mais un mode de vie, on n'a pas envie de détruire la planète".

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