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"Esprit Dior" sous toutes ses coutures Ă  ShanghaĂŻ

Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
L’Esprit Dior, c’est celui d’un visionnaire qui a révolutionné les codes de l’élégance dès sa 1ère collection dans une maison ancrée dans la tradition où la passion est permanente et l’artisanat au service de l’excellence. Parallèlement aux robes emblématiques, des photos de Patrick Demarchelier et d’artistes chinois livrent leur interprétation de cet Esprit du 13/09 au 10/10 au MOCA de Shanghaï.

Les artistes chinois sont Liu Jianhua, Lin Tianmiao, Qiu Zhijie, Yan Pei-Ming, Zeng Fanzhi, Zhang Huan, Zheng Guogu.

Le 12 février 1947, Christian Dior présente sa première collection au 30, avenue Montaigne. Le couturier a pris soin de parfumer les salons de Miss Dior, son premier parfum, conçu dans la continuité de ses tenues. Ce jour-là, Christian Dior révolutionne le monde par le tracé d’une silhouette inédite qui accuse la taille, marque le volume des hanches et met en valeur la poitrine. Le galbe du corps est stylisé, le corps lui-même est idéalisé. Cette silhouette qui célèbre la féminité est aussitôt qualifiée de «New Look» par la rédactrice en chef du Harper’s Bazaar, Carmel Snow. Le mythe Dior est né. En 10 ans, Christian Dior invente chaque saison de nouvelles lignes qui écrivent l’histoire de la mode contemporaine, et créent un style inimitable.De 1947 à 2013, le couturier et ses successeurs ont travaillé en véritables architectes du vêtement. L’ensemble Bar du printemps-été 1947 rend un vibrant hommage à la féminité si chère à Christian Dior. Symboles de la continuité de l’esprit Dior, des modèles créés par Raf Simons, le nouveau D.A, reviennent à l’essence même de la vision du couturier : la ligne dans toute sa pureté et sa force, animée d’un élan de modernité.
 (Patrick Demarchelier.)
Christian Dior, jeune homme, se passionne pour l’architecture. Ses parents lui interdisant de s’engager dans cette voie, il devient galeriste. Son esprit d’avant-garde, son regard unique, son goût si sûr font de lui un galeriste visionnaire. A 23 ans, il fréquente et expose quelques-uns des noms qui deviendront des légendes du XXe siècle, Dalí, de Chirico, Calder, Giacometti, Miró, Klee, Ernst ou encore Bérard. Dior est entouré d’artistes, qu’ils soient peintres, poètes ou compositeurs. Lorsqu’il crée sa maison de couture, sa vision, son sens de la construction et des couleurs font de lui un couturier immense. Nombreuses sont alors les créations qui rendent hommage à ses amis artistes, comme les modèles Picasso, Braque ou Matisse. Fidèle à la mémoire de son fondateur, la maison Dior continue d’entretenir des relations très fortes avec le monde artistique, comme le montre les robes de la première collection haute couture créée par Raf Simons.
 
 (Patrick Demarchelier.)
Versailles, ou l’art de vivre au XVIIIe siècle, reste l’emblème suprême du luxe à la française, et est l’une des sources inépuisables de l’esprit Dior. Lorsque Christian Dior crée sa maison de couture, il a en tête une ambiance raffinée et élégante, infusée de XVIIIe siècle. Le «gris Trianon» est choisi pour les tentures et les murs du 30, avenue Montaigne. Il deviendra bientôt le «gris Dior ». La chaise au dossier à la forme de médaillon, dite « à la reine », est fidèle aux chaises de Delanois, ébéniste du XVIIIe siècle. Le nœud Fontanges, l’un des emblèmes de la Maison, rappelle le décor des meubles de Marie-Antoinette. Les salons Dior, où ont lieu les présentations des collections, reçoivent un mobilier lui aussi de style XVIIIe. Christian Dior demeure marqué par les amples toilettes du siècle de Marie-Antoinette. Robes de bal, robes de grand soir mais aussi bijoux ou plastrons, flacons amphores et parfums précieux, ces créations semblent inspirées des fastes de Versailles. Les robes de simplicité que la souveraine portait au Petit Trianon seront également réinterprétées. Les D.A. qui lui succéderont se plairont eux aussi à faire référence à ce siècle des Lumières et le monde des parfums Dior ne cessera de s’en inspirer.
 (Patrick Demarchelier)
«Le jardin qui a protégé mon enfance », ainsi Christian Dior décrit-il le jardin de la villa dans laquelle il grandit à Granville, en Normandie. Émerveillé par la poésie de cette nature joyeuse et généreuse, il connaît toutes les fleurs et sait leurs noms savants. Devenu couturier, il rêve de peupler le monde de femmes-fleurs aux «épaules douces, bustes épanouis, tailles fines comme lianes et jupes larges comme corolles ». Ses collections et celles de ses successeurs sont une ode sans cesse renouvelée aux fleurs, qu’elles soient brodées ou imprimées. Christian Dior découvre également dans la nature l’impérieuse nécessité du parfum sans lequel, disait-il, ses robes resteraient inachevées. Pour lui, « le parfum est la finishing touch d’une robe ». Dès 1947, il s’invente couturier-parfumeur et crée le parfum Miss Dior. Il fera ensuite du muguet, sa fleur porte-bonheur, le cœur du parfum Diorissimo, et l’inspiration d’une création légendaire, la robe Muguet. Son ami illustrateur René Gruau saura mieux que personne capturer l’esprit des parfums Dior. Inspiré lui aussi par le jardin, et plus particulièrement par le passage des saisons, Raf Simons a conçu pour le printemps été 2013 une collection haute couture qui raconte l’idée même du printemps.
 (Patrick Demarchelier)
Précurseur, c’est au 30, avenue Montaigne, que Dior choisit d’installer sa maison de couture et en fait, dès sa première collection, l’emblème d’un Paris qui invente la mode et fait rêver le monde. Dès 1947, les collections de Christian Dior deviennent le symbole absolu de la Parisienne, cette femme à la personnalité inimitable, au chic inégalé. Dior lui propose une garde-robe complète pour tous les moments de la journée. Pour l’heure des cocktails, il crée des « robes du soir courtes » ou des « robes de petit soir » qui deviennent la tenue de prédilection de la jeune femme moderne. Le couturier recommande un coloris sombre, et si possible du noir. «Une petite robe noire est essentielle à toute garde-robe féminine», dit-il. Aujourd’hui, Raf Simons livre une interprétation contemporaine de cette tenue intermédiaire entre le jour et la nuit avec, par exemple, un ensemble cocktail composé d’une robe raccourcie et d’un pantalon cigarette. Dans ce mouvement,  le sac Lady Dior se révèle l’accessoire parfait.
 (Patrick Demarchelier.)
Les ateliers de haute couture constituent le cœur de la Maison. En haute couture, c’est toujours ainsi que commence l’histoire d’une collection: des croquis naissent les toiles, ébauches des modèles en toile de coton réalisées par les ateliers Flou et Tailleur, celles-ci sont ensuite soumises au D.A. qui les fait modifier jusqu’à la perfection, puis vient enfin le choix des tissus. C’est dans ces ateliers uniques, que premières d’atelier, secondes et ouvrières rivalisent de technique et de minutie pour donner vie à la vision du créateur. Véritables œuvres d’art, les créations de la haute couture peuvent nécessiter jusqu’à mille heures de travail. Aujourd’hui, ce savoir-faire se retrouve dans tous les métiers constituant l’univers Dior : haute parfumerie, haute maroquinerie, haute joaillerie, haute horlogerie.
 (Patrick Demarchelier.)
Dès 1947, la mode créée par Dior voit affluer les plus belles femmes du monde, actrices et têtes couronnées. Il ne cherche qu’à mettre en valeur la beauté des femmes, leurs silhouettes, et à les faire rayonner. Les plus grandes actrices d’un Hollywood en plein âge d’or vont aussitôt se reconnaître dans une vision qu’il partage avec le cinéma. Marlene Dietrich, Marilyn Monroe, Ava Gardner ou Rita Hayworth vont lui faire confiance. La maison Dior demeurera toujours proche des ambassadrices de l’élégance, de Sophia Loren à Brigitte Bardot, de Grace Kelly à Lady Diana. Aujourd’hui, les actrices Charlize Theron, Marion Cotillard, Natalie Portman, Mélanie Laurent ou encore Jennifer Lawrence, offrent au monde une beauté et une élégance incomparables. 
 (Dave J Hogan/Getty Images )
Les années 1950 ouvrent une période glorieuse pour les bals. Expression d’une légèreté retrouvée après des années sombres, les bals d’après-guerre surenchérissent de faste et de splendeur. La fête émerveille Christian Dior depuis toujours. Il sera de tous les grands bals de son temps, comme le Bal du Siècle donné par Charles de Beistegui à Venise en 1951. Il imaginera pour ses clientes, femmes du monde, actrices et princesses, des robes de bal légendaires, plus somptueuses les unes que les autres. L’or aux multiples nuances, chaudes ou froides, bronze ou cuivrées, construit ici la note de fond d’un bal à Versailles. Les ors des robes entrent en résonnance avec l’évocation des boiseries, des lustres et des miroirs qui ornent la galerie des Glaces du château de Versailles. C’est dans ce décor qu’évoluent les mannequins du film Secret Garden – Versailles et que Charlize Theron défile pour le parfum J’adore.
 (Liu Jianhua )
Christian Dior grandit dans une maison rose, la villa Les Rhumbs, à Granville. Ce rose, associé au bonheur de l’enfance, s’enrichit des multiples nuances des roses du jardin de la villa qu’il dessine avec sa mère, du rose le plus doux au rouge le plus profond. Ces couleurs tendres ou éclatantes sont les deux versants d’une féminité que Dior, devenu couturier, souhaite plus que tout mettre en valeur. Dès 1947, rose et rouge s’imposent. Elles n’auront de cesse d’inspirer ses créations. L’une évoque le romantisme, la jeune fille en fleur mais aussi l’élégance délicate. L’autre c’est la vie, l’audace, c’est la couleur de prédilection de toute femme qui se veut sublime et inoubliable. Christian Dior explore, en artiste passionné, toutes les gammes de rose et de rouge. En 1949 apparaît le « rouge Dior », teinte qui entre dans le vocabulaire de la mode, inspirant à René Gruau quelques unes de ses plus belles illustrations. Le rouge Dior est présent, depuis, à chaque défilé. Ces modèles rouges dont le couturier aimait ponctuer ses défilés et qu’il appelait ses « coups de Trafalgar » se verront décliner dès 1954 en une gamme de rouges à lèvres. Du rose au rouge, toutes les nuances qu’il affectionne sont là. Pour l’exposition Esprit Dior, c’est une véritable palette de peintre qui est présentée : de la robe du soir Edith à l’ensemble Gourah, de la robe Diablotine à la robe Cotillon, jusqu’à la robe de jour en crêpe de laine créée par Raf Simons pour la collection haute couture automne-hiver 2012-2013 dont le bustier à découpes rose pâle, est éblouissant de modernité.
 (Christian Dior Parfums)

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