Dans la peau d'un bottier à Lunéville
Via le travail de maîtres d’ateliers tels que Xavier Aubercy et Dimitri Gomez et ceux de l’Opéra National de Paris, découvrez les facettes méconnues du métier de bottier dans un monde mécanisé où en 2016, une chaussure peut se faire encore entièrement à la main !
Xavier Aubercy et Dimitri Gomez, des références
Créée en 1935, la maison était à l’origine une boutique pour messieurs. En 1950, lors d’un séjour en Grande-Bretagne, Emile Aubercy côtoie les grands bottiers londoniens et s’imprègne de leurs méthodes. Il crée en 1956 son atelier afin de proposer à ses clients, dans un monde où les valeurs de tradition et de qualité commencent à disparaître, des chaussures réalisées avec la même rigueur et la même qualité que les bottiers. Il s’entoure d’ouvriers italiens et allie à la qualité anglaise le savoir-faire d’une autre culture de la chaussure. En 1970, son fils Philippe et son épouse élargissent leur gamme en proposant aux épouses de leurs clients de grands classiques. A la tête de la maison depuis 1995, Xavier, la troisième génération, réorganise ses ateliers vers encore plus d’artisanat et propose une personnalisation extrême des souliers.La maison Crockett and Jones accueille l’atelier de Dimitri Gomez, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de la botterie traditionnelle. Après avoir fait ses armes auprès du bottier Di Mauro et avoir travaillé pour l’Opéra Garnier, le maître bottier a installé son atelier au sein de la boutique Crockett and Jones lors de son ouverture en 1998. Du richelieu classique à la plus grande excentricité, il réalise à la main des modèles sur mesure.
Les process de fabrication d'une chaussure
La réalisation d’une chaussure nécessite une centaine d’opérations. Tout commence par la prise de mesures des deux pieds : contour détaillé, circonférence, empreinte, perspective ou profil… ceci dans différentes configurations (pied en appui ou non), en statique ou dynamique (en observant la marche). Cette prise de mesure conduit à la réalisation d’une forme en bois puis d’un patron. Certains bottiers réalisent eux-mêmes leurs formes. Le bois –hêtre et charme- reste le matériau idéal. Manuellement, le formier affine cette ébauche jusqu’à l’obtention des mesures souhaitées. Le bottier peut utiliser d’anciennes formes qu’il adaptera par ablation (il ôte de la matière) ou par adjonction (il colle une ou plusieurs épaisseurs de cuir pour créer un volume à un endroit précis).Le bottier réalise un modèle d’essai qui lui permet d’apporter, si besoin est, les corrections nécessaires à la forme. L’essayage est réalisé dans des matériaux les moins coûteux. Ensuite, c’est la fabrication du modèle définitif : monter une chaussure consiste à assembler la tige (partie supérieure de la chaussure) et la semelle, renfort, talon.
La chaussure, après le montage est loin d’être terminée. Il faut y adjoindre une couche intermédiaire, qui va parfaire la régularité de la surface, puis la couche dite d’usure en contact avec le sol. Le lustrage venant couronner ce travail.
Le cuir reste le meilleur matériau et le bottier accorde toute son importance à son choix : veau, agneau, vachette, porc, boeuf mais aussi autruche, antilope, crocodile, galuchat, serpent.
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