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Avec ses "Grandes robes royales", Lamyne M. rend hommage au tissu culturel de Saint-Denis

Des robes -inspirées des robes des gisantes portées par les reines et les princesses ensevelies dans la Basilique de Saint-Denis - s'élèvent sur 3 mètres de hauteur dans les cryptes de la Cathédrale. Avec "Les Grandes robes royales", le styliste et artiste Lamyne M. veut montrer la richesse des diverses populations de la ville au travers des coupes, des tissus et des plissés du monde entier.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
 

13 robes ont été créées. 8 sont au coeur du monument, les 5 autres dans des structures de la ville de Saint-Denis. Cette exposition que présente le Centre des monuments nationaux est l’aboutissement d’un projet collaboratif, conduit en partenariat avec des élèves du lycée professionnel La Source (Nogent-sur-Marne), des femmes de la maison de quartier Floréal de Saint-Denis et l'association Franciade.

S’inspirant des gisants de reines et de princesses de France installées dans la basilique de Saint-Denis, Lamyne M. présente ces robes hautes de trois mètres composées des coupes, des tissus et des plissés du monde entier. Si les structures des robes sont inspirées des costumes médiévaux des gisants royaux, les tissus utilisés, quant à eux, sont populaires ou luxueux, traditionnels ou contemporains

Relever et révéler les gisantes


Ces robes sont un hommage à la beauté des princesses, à la grandeur des femmes et à Saint-Denis et ses 124 nationalités, ville d’adoption de Lamyne M. Elles s’inspirent de la structure et de la distinction des robes des princesses. Les plissés et les agencements des tissus reprennent le détail des vêtements des reines et princesses ensevelies dans la nécropole royale en les recréant et en leur donnant une vie nouvelle. Le styliste révèle, ici, l’élégance individuelle de chacunes d'entre elles.
Blanche de France, duchesse d’Orléans (1328-1393) : Elle est la fille posthume du roi Charles IV le Bel. Sa naissance marque l’extinction des capétiens directs et l’arrivée sur le trône des Valois. Elle épouse, en 1345, son cousin Philippe de Valois, duc d'Orléans, fils du roi Philippe VI.
 (Aiman Saad Ellaoui - Ville de Saint-Denis)
La taille gigantesque est pour le couturier l’expression "de l’importance des femmes dans notre monde", à rebours de la place et de la condition qui leur est souvent faite. 

Chatoyants wax des pagnes africains, robes d’apparat du Maghreb, coupes chinoises et jersey sportswear… il travaille avec des références issues de ses multiples voyages et résidences d’artiste à Taiwan, en Italie, en Autriche, en Tunisie, au Maroc ou au Tchad.
Frédégonde (vers 545-597) : la troisième épouse de Chilpéric Ier est une figure marquante de la période mérovingienne. Elle joue un rôle politique majeur dans le cadre de la lutte acharnée entre rois Francs, ce qui est en partie à l’origine de sa légende noire. Elle fut inhumée à l’abbaye de Saint-Germaindes- Prés.
 (Aiman Saad Ellaoui - Ville de Saint-Denis)
Par-delà le temps et l’espace, ces grandes robes royales tissent un lien, une complicité inhabituelle : entre structure médiévale et texture contemporaine, entre sanctuaire millénaire et ville de demain, entre quintessence du pouvoir et puissance des peuples.
Constance de Castille (1136-1160) : elle est infante de Castille, fille d'Alphonse VII, roi de Castille et de León. Dès son arrivée en France, cette jeune espagnole, à la culture étendue, épouse le roi Louis VII en 1154 qui vient de se séparer d’Aliénor d’aquitaine. Elle meurt en couches sans donner d’héritier mâle à son époux.
 (Aiman Saad Ellaoui - Ville de Saint-Denis)
"La démarche est esthétique, certainement mais également politique – politique au sens large, et noble, du terme. Disons-le autrement. L’esthétique, ici, est pratique politique. La beauté née des juxtapositions proposées par l’artiste se mue en pont : en liant entre régions, cultures et imaginaires que d’aucuns disent – ou, pire, veulent – incompatibles" explique Dominique Malaquais, historienne d’art.
Jeanne II de France (1311-1349) : fille du roi Louis X le Hutin, elle épouse en 1318 son cousin Philippe d’Evreux. Exclue de la succession au trône de France à la mort de son père et de son frère Jean Ier, elle reçoit cependant la couronne de Navarre en 1328, sous le nom de Jeanne II de Navarre. Elle meurt de la peste.
 (Aiman Saad Ellaoui - Ville de Saint-Denis)
"Les Grandes robes royales" jusqu'au 30 avril 2016. Chapelles de la crypte de la Basilique Cathédrale de Saint-Denis. Centre des monuments nationaux. 1, rue de la Légion d’Honneur. 93200 Saint-Denis. Ouvert toute l’année : 1er avril au 30 septembre de 10h à 18h15, dimanche 12h à 18h15 et du 1er octobre au 31 mars de 10h à 17h15, dimanche 12h à 17h15. www.saint-denis.monuments-nationaux.fr

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