: Vidéo "Petit Pays" : Gaël Faye parle de l’adaptation de son livre en BD
“Le terrain est miné, lorsqu'on parle de l’Afrique. On a tous des représentations très clichés, très misérabilistes du continent africain. Cases, animaux sauvages, guerres, etc. Il y a des représentations qui nous viennent de très loin et donc les discussions allaient aussi autour de ça. C’est attention : comment on représente des corps noir ? Des scènes de guerre ? Comment on met en scène une ville africaine? Une famille ?” explique l’écrivain Gaël Faye, à propos de l’adaptation de son roman Petit Pays en bande dessinée. Il ajoute : “Moi, ce qui est important, c'est de toujours remettre la normalité des choses et des situations. C'est-à-dire qu'on vit à Bujumbura comme on vit à Paris ou à Varsovie. On a tous les mêmes humanités, les mêmes interrogations, on aime, on a peur, on a des familles, une mère, une sœur, un père et voilà, c'était de retrouver quelque chose de banal”.
“La question qui se pose, c'est de rester dans son univers, dans sa sensibilité”
“La question qui se pose, c'est de surtout pas trahir la volonté de l'auteur du départ. Et de rester dans son univers, dans sa sensibilité” déclare Sylvain Savoia, dessinateur de la BD. “Il fallait adapter le texte de Gaël qui est très, très riche, très important. Ce n'était pas évident au début de se dire : voilà, ce chapitre, je le barre, cette partie est inutile... Cela m'a beaucoup coûté. J'ai acheté un autre exemplaire du livre, qui est intact, l'autre est complètement annoté, barré. (...) Le livre de Gaël est magnifique. On pourrait l'adapter tel quel en bande dessinée, mais ce serait une bande dessinée de mille pages. Je pense qu'on en aurait encore pour 20 ans de dessin. Je pense qu'on voulait éviter ça” indique Marzena Sowa, scénariste de la BD.
“Je trouve que c'est fabuleux de pouvoir travailler à plusieurs, comme ça, parce qu'à chaque fois, on est enrichi par le point de vue de l'autre. C'est une forme de créolisation. Il y a ma sensibilité. A un moment donné, il y a leur sensibilité et ça finit par fusionner d'une certaine façon, sans qu'on se l'explique. Mais c'est ça qui est polyphonique. Moi, je trouve que c'est ça qui est fort et qui est beau dans toutes les rencontres artistiques” conclut Gaël Faye.
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