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Vidéo Centenaire de la mort de Marcel Proust : Lambert Wilson rend hommage à un portraitiste et "un scénariste" plein d'humour

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Article rédigé par franceinfo
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Lambert Wilson avoue ne pas avoir lu Marcel Proust au lycée mais le lit sur scène depuis 30 ans. Vendredi soir à la salle Gaveau à Paris, il lit des extraits d’"À la recherche du temps perdu" dans un spectacle intitulé "Proust, mort à jamais ?"

"Depuis 30 ans, on lit des textes de Proust et les musiciens qui m'accompagnent jouent des musiques que Proust avait décrites, qui sont vraiment très présentes dans À la recherche du temps perdu", confie Lambert Wilson qui en lit des extraits vendredi 18 novembre à la salle Gaveau pour le centenaire de la mort de l’auteur.

franceinfo : Marcel Proust, un auteur incontournable ?  

Lambert Wilson : L'œuvre de Marcel Proust est fondamentale parce qu'il y a une galerie de personnages extraordinaires, une manne d'informations géniales sur l'humanité, les travers, les ridicules de la haute société, de la bourgeoisie. C'est passionnant. Il y a un scénariste derrière tout ça qui est extraordinaire et qui aussi dialogue merveilleusement bien. On adore lire les répliques des personnages, pas simplement les descriptions qu'en fait Marcel Proust.  

C'est un cliché d'associer Marcel Proust à la nostalgie ?

Non. C'est surtout la notion du temps qui est fondamentale dans l'œuvre À la recherche du temps perdu et une des formes qu'elle revêt, l'oubli. Parce qu'en fait, il considère que des choses de votre vie passée peuvent réapparaître au détour d'un objet, d'une fameuse madeleine, etc... Et alors on sort du temps. Donc on n'a pas besoin d'avoir peur de la mort à ce moment-là puisqu'en fait, il se rend compte que le temps n'existe pas vraiment. Ce qu'il faut, c'est pouvoir puiser dans sa vie passée cette réflexion qui va devenir aussi la matière de son œuvre. Son sujet, c'est sa vie passée.

C'est quoi votre madeleine ?

La madeleine, pour moi, c'est très souvent des odeurs. Je suis très olfactif, des odeurs de bonbons, des odeurs de confiserie d'antan. Parfois, il y a des effluves de choses qui n'existent plus, qui me font voyager instantanément dans le temps. Parfois, je croise quelqu'un dans un ascenseur ou dans un couloir et subitement apparaît mon père ou ma mère, comme s'ils venaient de quitter la pièce. C'est un sens très réactif chez moi et très chargé de mémoire.

Le précédent spectacle sur Proust, c'était Un humour de Proust. Il y a de l'humour dans Proust ?

Il y a de l'humour sur la description des personnages et surtout sur les ridicules de la haute société du début du XXᵉ siècle, avec les travers pompeux et l'ambition, par exemple, de réussir socialement dans les salons, de briller. Il parlait du compositeur Vinteuil qui est inventé par Proust, qui pourrait très bien être César Franck ou Gabriel Fauré. En fait, ces compositeurs sont l'objet de gourmandise des bourgeois comme madame Verdurin qui se pâme d'admiration devant les créations de ces musiciens. Dans ses descriptions de personnages bourgeois, là vraiment, il s'en donne à cœur joie. Et surtout, les vieilles marquises qui ont des problèmes de dentier, qui ont des problèmes de prononciation, là il y va à fond !

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