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"Musique rapide et lente" : un roman épique sur de turbulents enfants du rock

Dans ce nouveau livre, Cyrille Martinez nous présente le rocambolesque parcours du jeune Willy qui décide, comme bien d’autres, de faire de la musique pour sortir de l’ennui. Fils de coiffeur mais adepte de la "non coiffure", ce sale gosse décidé dépeint avec acidité une morne société qui mêle habilement les années 60 à notre époque.
Article rédigé par Olivier Flandin
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Cyrill Martinez, auteur du roman "Musique rapide et lente"
Willy a donc refusé de faire de la coiffure son gagne-pain, il fuit aussi le confort de l’argent facile que lui procure son job "d’assistant proxénète." A 15 ans l’argent lui brûle les poches, il essaie de tout dépenser en cigarettes mais cela ne suffit pas.  Il décide alors de tout griller en instruments de musique, lui qui ne sait pas en jouer et qui a tellement de mal à trouver de bons enregistrements chez les disquaires. 
 
« ...on joue fort, on joue doucement, on joue très fort, très doucement, on crée des rythmes et des durées, on construit des blocs d’intensité. On fait plus de bruit à cinq que tout seul, c’est l’avantage d’être cinq. »

L'épopée bruyante et chevelue des Étrangers
Ce groupe se nomme « Les Étrangers ». Étrangers à tout et à tous, ils vont tout de même plaire au plus grand nombre. La longue et broussailleuse  "non coupe de cheveux" de leurs membres va même devenir à la mode, alors qu’ils se présentent ainsi par simple manque de temps,  en raison de leur passion chronophage et exclusive pour la musique "rapide et lente" qu'ils ont inventé.

On croit parfois reconnaître en eux, un peu des  Beatles, dépassés par le succès.  "Hier soir, ceux qui pensaient assister à un concert ont été trompés. On leur a vendu un concert alors qu’il s’agissait d’une émeute."

Parodique et irrespectueux
On croise aussi  de faux Rolling Stones, mais dans ce livre comme dans les yeux de Wally, aucune indulgence n'est accordée aux  bourgeois, même à ceux qui font de la musique. 
 
"Bien joué, déclare Mick en donnant une tape amicale sur l’épaule de Wally, votre reprise de (Auto)Satisfaction était, comment dire, intéressante ? charmante ? amusante ? ...On n’a pas l’impression que Wally ait très envie de retourner le compliment à Mick, et Mick semble regretter d’avoir complimenté Wally. Ce n’était pas une reprise, finit par lâcher Wally, c’était une parodie. On s’est moqués de vous."

Drôle et méchant
Ce roman par moment initiatique, drôle et méchant, est forcément bourré de références plus ou moins directes à l’histoire du rock, comme quand au hasard d’une réplique  amoureuse, on croit reconnaître du Iggy Pop "… maintenant je suis prêt à sentir tes mains, et perdre mon coeur sur les brûlants sables, maintenant je veux être ton chien, maintenant je veux être ton chien.. ".


Les enfants du rock
Cyrille Martinez, poète et romancier joue également de la musique avec les groupes "France Po" et "Jaune-sous-marin". Il réalise des performances  basées sur le détournement des stéréotypes du langage contemporain, qu'il soit publicitaire, administratif, ou politique. 


Selon lui, les artistes ont un regard particulier sur la société, un regard aiguisé peut-être par le choix radical qu’ils ont dû faire un jour, en ne choisissant pas la voie des métiers dits classiques. 

L'auteur dresse dans ce livre un tableau amoureux et critique de la relation au rock, qu’on fasse partie des musiciens, des fans, des ados rêveurs, des pères réfractaires, des pros, des amateurs, des journalistes, des producteurs, des coiffeurs …
 
Comme si on était tous un peu des enfants du rock. Qu’on le veuille ou non. 

"Musique rapide et lente" Cyrille Martinez (Buchet Chastel) 160 pages - 15 euros

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