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Anne Bert : l'émotion des lecteurs de Saintes à la sortie posthume de son livre

Atteinte de la maladie de Charcot, l'écrivaine française Anne Bert a décidé de sa propre mort par euthanasie ce lundi 2 octobre en Belgique. Elle raconte son choix et ses souffrances dans son livre posthume "Le tout dernier été" paru hier, le 4 octobre, chez Fayard. A Saintes, où elle vivait depuis plus de cinquante ans, elle était très proche de ses lecteurs qu'elle croisait à la librairie.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
"Le tout dernier été" d'Anne Bert en libraitie depuis le 4 octobre 2017
 (France 3 / Culturebox )

"Post mortem, je veux encore décider de l'épilogue"... Anne Bert a choisi en son âme et conscience le moment où elle partirait. Atteinte de la maladie de Charcot, la romancière âgée de 59 ans est décédée ce lundi 2 octobre par euthanasie. "Le tout dernier été" raconte son ultime combat. Un livre poignant et intense paru juste après sa mort aux éditions Fayard.  

La romancière habitait depuis de nombreuses années à Fontcouverte près de Saintes (Charente-Maritime). Dès les premières heures de la parution, le livre est réservé et vendu par dizaines dans les librairies de cette ville. "Dès qu'elle a su de quelle maladie elle était atteinte, elle nous avait fait part de son choix", se souvient Estelle Duchesne, responsable de la librairie Peiro-Caillaud. 

Reportage : L. Cecconi / C. Cottaz / C. Pougeas

Une mort plus "douce"

Anne Bert a choisi le moment de sa mort avant qu'il ne soit trop tard et que la maladie ne l'empêche de bouger ou de décider. Entourée des siens, c'est en Belgique, un des rares pays européens à autoriser et à encadrer cette pratique, qu'elle s'est éteinte en paix. 


Je n'ai pas peur de la mort, je suis terrifiée par la souffrance, mais je n'ai pas peur de la mort

Anne Bert

Eveiller les consciences jusqu'à la mort

L'écrivaine de 59 ans avait interpellé les candidats à la présidentielle en mars dernier pour faire évoluer les mentalités et la législation française comme un ultime combat non pas pour elle mais pour la société. 
Anne Bert 
 (Fayard)
Depuis 2016, la loi française autorise la "sédation profonde et continue" jusqu'au décès, une administration de substances anti-douleur qui s'apparente à un droit à être endormi sans être réveillé. Mais elle s'applique uniquement aux malades en phase terminale et n'autorise pas l'euthanasie active, c'est-à-dire l'administration d'un produit provoquant directement la mort.

Cette législation "répond plus aux préoccupations des médecins qu'aux droits des patients qui souhaitent ne pas aller au terme de leur maladie incurable ou accepter d'insupportables souffrances", regrettait Anne Bert dans sa lettre ouverte aux candidats à la présidentielle. "Endormir un malade pour le laisser mourir de faim et de soif est-il réellement plus respectueux de la vie que d'y mettre fin par l'administration d'un produit létal ?", poursuivait-elle.

Pour éveiller encore plus les consciences, elle s'était rapprochée du député de Charente-Maritime, Olivier Falorni, défenseur d'une proposition de loi "donnant le droit à une fin de vie libre et choisie". La loi est présentée officiellement vendredi 6 octobre, le débat sur l'euthanasie semble être relancé. 

Plus qu'un témoignage, "Le Tout dernier été" est un plaidoyer pour "la liberté de choix" et un "appel à l'adresse de ses lecteurs" confiait-elle au Parisien juste avant de tourner la dernière page. 
"Le tout dernier été" d'Anne Bert chez Fayard
 (Fayard)

"Le tout dernier été" Anne Bert - Editions Fayard- 162 pages - Parution le 4/10/2017 - 15€

Le tout dernier été. "Je viens de rencontrer mes passeurs. Ces hommes qui font désormais partie de ma vie puisqu’ils vont m’aider à la quitter. Je les ai sentis rigoureux, exigeants, prudents. Et engagés à me tendre doucement la main. Une autre médecine qui, quand elle ne peut plus soigner le corps, se décide à soigner l’âme." Parce qu’elle aime furieusement la vie et qu’elle est condamnée, Anne Bert a décidé de choisir et de ne pas subir jusqu’au bout les tortures que lui inflige la maladie de Charcot. C’est ce cheminement qu’elle nous raconte ici. Celui de devoir mourir hors-la-loi, et hors-les-murs, puisque la loi française ne l’autorise pas à abréger ses souffrances. Celui aussi de son dernier été. Il faut découvrir le goût des dernières fois et des renoncements, apprendre à penser la mort, dire au revoir à ceux qu’elle aime, en faisant le pari de la joie malgré le chagrin. Un récit poignant, une ode à la liberté et à la vie, permise seulement par sa détermination à dire non.


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