Claude Patriat brocarde en alexandrins, les jeux de l'amour et du pouvoir
Tout d'abord, que les choses soient claires, toute ressemblance avec des personnages vivant ou ayant vécu est ...délibérément fortuite. Le casting, a lui seul en est la preuve:
Il y a là Louis, Roi des François, Chimène, première fiancée de Louis et duchesse du Poitou mais aussi bien sûr Antoinette, Première Dame de France, deuxième fiancée de Louis, et Elvire troisième fiancée de Louis, métromaniaque.
Et puis il y a les hommes du pouvoir : Manolo, lieutenant général de Police du royaume, Johannes Strauss, compositeur et grand financier. Il y a même Boulangeon, responsable des sections populaires de Paris. Vous le voyez l'action se situe bien entre Versailles et la Capitale.... à la veille d'une révolution.
Que les choses soient claires aussi : le coeur de Claude Patriat penche à gauche et c'est bien là l'origine de ce beau texte. Il avoue avoir été profondément choqué par deux évènements récents : "Le ridicule du congédiement de Valérie Trierweiler par François Hollande". Les mots sont durs, la voix s'enflamme pour dénoncer : "une cour où l'on se partage le pouvoir pour gagner les élections". Et puis l'affaire de la censure du spectacle de Dieudonné par Manuel Valls.
1774 ou 2014 ?
Alors lui le passionné de théâtre classique a convoqué entre autres : Racine, Corneille, Molière, Ronsard, Shakespeare mais aussi deux auteurs bourguignons Crébillon et Piron pour nous faire voyager dans le temps....quoique !!!
Nous sommes en 1774. Les caisses de l'Etat sont vides mais c'est une affiare de coeur qui agite la Cour. Le congédiement d'Antoinette par Louis va être le point de départ d'une cascade d'évènements, d'intrigues et rebondissements dont Manolo et Chimène seront tour à tour les instigateurs et les victimes, tout comme Elvire qui croisera Johannes Strauss dans une rencontre piège .....
Vous l'aurez compris il n'est guère difficile de transposer cette histoire 240 ans plus tard. Selon le principe de la parodie, Claude Patriat a pris des vers de grands classiques pour les adapter à son histoire. Ainsi, par exemple, quand au début de la pièce, Antoinette seule en scène constate "Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée", il faut entendre Pauline dans l'acte V de "Polyeucte" de Corneille quand elle annonce qu'elle est devenue chrétienne. Sur les 2136 vers de son oeuvre il en a emprunté ainsi 300 à ses maîtres inspirateurs, déjà loués en leur temps pour l'acuité de leur regard sur le monde.
L'anaphore de François H.: déjà un classique
Claude Patriat a écrit "L'annonce faite à Toinette" en 3 semaines. Il faut dire que l'actualité avait de quoi l'inspirer: L'anaphore présidentielle de 2012 est déjà un classique !!!
On se prend à rêver que cette tragi-parodie soit enseignée en classe et jouée en public. Elle redonnerait intelligemment et de façon moderne goût aux alexandrins dont on se régale ici. A l'instar des tragédies grecques, elle viendrait aussi rappeller aux jeunes que la Grande Histoire ne s'oppose pas à la petite histoire mais qu'elle se construit à partir d'elle sans qu'on le remarque forcément au début. C'est bien pour cela que rien, dans "L'annonce faite à Toinette", n'est anodin.
Vous pouvez vous procurer "L'annonce faite à Toinette" auprès de Claude Patriat, 59 rue Berbisey, 21000 Dijon
et à la librairie dijonnaise "Au chat curieux", rue des Bons enfants 21000 Dijon au prix de 10 euros;
PS : les liens suggérés par votre serviteur à la droite de cet article sont aussi délibérément fortuits.
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