Le 78ème Festival d'Avignon doit "nous rassembler et nous permettre le débat démocratique, la confrontation", promet son directeur Tiago Rodrigues

Le 78ème Festival d'Avignon, qui se tiendra du 29 juin au 21 juillet, "est la place où les arts vivants servent à nous rassembler et aussi nous permettre le débat démocratique, la confrontation pour laquelle la société a aujourd'hui beaucoup de nécessités", affirme Tiago Rodrigues, le directeur du festival d'Avignon, mercredi 3 avril, sur franceinfo.

Il a révélé la programmation de cette édition 2024 qui célèbrera la langue espagnole avec en ouverture, dans la cour d'honneur du Palais des papes, l'Espagnole Angélica Liddell, une artiste au "discours radical", promet Tiago Rodrigues. Le directeur revient également sur l'anticipation des dates du festival, avancé de quelques jours en raison des Jeux olympiques, qui permettra notamment "beaucoup plus de participation de groupes de scolaires". Il promet "plus de places" au public local.

franceinfo : Pourquoi ce choix de l'Espagnole Angelica Liddell en ouverture du festival ?

Tiago Rodrigues : C'est le choix d'une énorme artiste de notre temps, Angélica Liddell, qui est aussi déjà une artiste qui accompagne le festival depuis des années. C'est d'ailleurs une des artistes qui a traversé les trois dernières directions du Festival d'Avignon et que je suis, moi, depuis plus d'une vingtaine d'années, et qui arrive finalement à la cour d'honneur du Palais des papes avec son discours, certes radical, mais absolument indispensable dans le théâtre d'aujourd'hui.

Des gens qui clivent, qui ne laissent personne indifférent, est-ce que cela vous plaît ?

Le Festival d'Avignon a, dans son code génétique, ce dissensus riche de la démocratie, de gens, comme proposait Jean Vilar depuis 1947, qui vivent ensemble en égalité une même expérience artistique, et après discutent de leur point de vue de ce spectacle. Le Festival d'Avignon est aussi la place où les arts vivants servent à nous rassembler et aussi nous permettre le débat démocratique, la confrontation pour laquelle la société a aujourd'hui beaucoup de nécessités.

Il sera également question de la guerre en Ukraine avec, dans la cour d'honneur, la metteuse en scène polonaise Marta Górnicka, qui fera jouer sur scène des femmes polonaises, ukrainiennes, biélorusses. Est-ce que c'est important que le théâtre raconte le monde d'aujourd'hui ?

Encore une fois, c'est la partition du Festival d'Avignon et son histoire. Parler du monde et au monde à travers les arts vivants. Et la Polonaise Marta Górnicka, avec ce spectacle où elle crée un chœur de femmes qui ont échappé la guerre en Ukraine, mais aussi de Biélorusses et Polonaises, nous demande, regardez-nous. C'est un spectacle bouleversant que je conseille sans hésitation et qui est là au meilleur lieu au monde pour regarder du théâtre.

Le Festival d'Avignon est avancé de quelques jours en raison des Jeux olympiques. Est-ce que c'est plus compliqué pour vous en termes d'organisation ?

L'anticipation des dates du Festival d'Avignon est le fruit d'une concertation de plus de plus d'un an avec l'Etat et la ville d'Avignon qui nous a permis de très bien préparer l'anticipation et même de pouvoir envisager une première semaine de festival avant le début des vacances scolaires en France. Le 29 juin c'est le début du festival. Et pendant une semaine de festival, avec l'effort de toutes les équipes, la ville d'Avignon devient festival. Même si la France n'est pas encore en vacances. Et ça nous permet aussi, par exemple, beaucoup plus de participation de groupes de scolaires, des établissements scolaires, avec lesquels on travaille pourront profiter plus de jours du festival, ce qui est inhabituel. Mais aussi la possibilité d'un public local - 40% du public du festival est local ou régional - d'avoir plus de place pour participer au festival. Même si je crois que la France, avec son exception culturelle et son amour des arts vivants, sera au rendez-vous depuis le premier jour.