"Vincent doit mourir" : chronique de la violence gratuite et "extraordinaire" signée Stéphan Castang

Comment survivre quand on est constamment agressé sans raison? Dans "Vincent doit mourir", Stéphan Castang y répond en faisant endosser à son héros, incarné par Karim Leklou, l'attirail d'un homme obligé de passer en mode survie et légitime défense. Le résultat est à la fois angoissant et optimiste.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le comédien Karim Leklou, alias Vincent, dans une scène de "Vincent doit mourir" de Stéphan Castang. (CAPRICCI)

Vincent (Karim Leklou) est un graphiste lyonnais, un peu ailleurs, qui se lance dans une tirade pas très sympathique à l'endroit du nouveau stagiaire de l'entreprise lors d'une réunion. Quand celui-ci se met à le frapper quelques minutes plus tard, c'est à peine si l'on s'en étonne. Mais quand Vincent est de nouveau agressé par l'un de ses collègues, tout le monde s'interroge, lui en premier. Vincent doit mourir de Stéphan Castang, en salles le 15 novembre, est un angoissant voyage sur les traces d'un homme qui ne comprend pas pourquoi il inspire tant de violence à ses concitoyens. Dans sa quête de réponses, il fait aussi la connaissance de Margaux (Vimala Pons), une serveuse avec laquelle il va peu à peu se lier.

L'efficace mise en scène de Stéphan Castang permet de rentrer rapidement en empathie avec le personnage de Vincent qui doit faire face, à chaque agression, à un déferlement inouï de violence. Si les attaques se répètent, elles contribuent surtout à faire avancer le récit. Chacune d'elles, chorégraphiée de manière unique, permet de comprendre davantage la psychologie du personnage et d'expliquer l'enchaînement des décisions que Vincent prend pour se protéger d'un environnement devenu létal.

Chercher à comprendre, mais ne rien expliquer 

Karim Leklou apporte à son personnage une candeur qui rime avec sidération. Mais elle cède très vite place à un implacable instinct de survie, qui questionne les limites de la légitime défense. La rencontre avec Margaux vient confirmer cet état d'esprit et apparaît comme une éclaircie dans le parcours solitaire de Vincent. De fait, en dépit de ses nombreux problèmes, le jeune homme n'a pas renoncé à trouver l'âme sœur. L'espoir semble ainsi ne pas avoir quitté le monde apocalyptique et gris, la photo y veille, imaginé par le scénariste Mathieu Naert et mis en images par Stéphan Castang.

Le premier long métrage du comédien et cinéaste français est un film de zombies conceptuel qui aborde la question de la violence sous toutes ses formes : de celle dont un individu peut être victime en entreprise ou dans la rue aux violences collectives, en passant par celles faites aux femmes. Vincent doit mourir est un film de genre construit autour d'un mal ambiant, la violence, qui se transmettrait et se propagerait comme un mauvais virus. La métaphore est assez bien trouvée dans une société où la violence semble devenue incontournable et n'épargne aucun aspect de la vie quotidienne.

Le tour de force de Vincent doit mourir est dans son postulat de départ : ne rien expliquer.

L'affiche du film "Vincent doit mourir" de Stéphan Castang. (CAPRICCI)

La fiche

Genre : drame, fantastique 
Réalisateur : Stéphan Castang 
Distribution : Karim Leklou, Vimala Pons, François Chattot
Pays : France, Belgique
Durée : 1h48
Sortie : 15 novembre 2023
Distributeur : Capricci

Synopsis : Du jour au lendemain, Vincent est agressé à plusieurs reprises et sans raison par des gens qui tentent de le tuer. Son existence d’homme sans histoire en est bouleversée et, quand le phénomène s’amplifie, il n’a d’autre choix que de fuir et de changer son mode de vie.

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