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"Vendeur" : Gilbert Melki, star de centre commercial

"Vendeur" nous immerge dans un milieu rude et sans pitié où seule la commande finale compte. Gilbert Melki est saisissant dans un rôle de champion de la vente en fin de carrière.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Gilbert Melki dans "Vendeur"
 (Bac Film)

Serge (Gilbert Melki) est un pro, le meilleur dans son genre. Vendeur, il maîtrise toutes les ficelles du métier. On le connaît de réputation, on le respecte, on le redoute. Avec lui, les petits jeunes découvrent le job, "pas quelque chose qu'on apprend en BTS action de mes couilles" comme dit le patron d'un magasin de cuisines qui le fait venir pour doper ses ventes. "Je veux voir la bave aux lèvres".


Il est sinistre cet univers, à dire vrai, malgré les couleurs vives des néons et des show-rooms. Dans ces zones commerciales - les mêmes partout, du nord au sud tout le pays a la même allure - règne une pression de tous les instants. La compétition est féroce, Serge domine le jeu, dopé à la cocaine et au sexe tarifé. Car l'homme qui virevolte dans les rayons est aussi un solitaire.

Sa conception du job : il faut que le client l'aime, et il lui achètera une cuisine pour lui faire plaisir. Il dispose pour y parvenir d'un vaste catalogue de répliques bien senties, de scénarios dont le but est toujours le même : tirer le maximum du client, en le flattant, le rassurant et en lui mentant quand c'est nécessaire. Dans le coffre de sa BMW, un carton de bouteilles de champagne pour fêter les grosses ventes.

Et le voici qui entreprend, un peu contre son gré, de convertir son fils Gerald (excellent Pio Marmaï) aux techniques de la vente. Au début, le fiston se rebelle. Bouffé par les scrupules, il refuse de pousser les clients vers des crédits qui les étrangleront vite. "Entuber les gens, je sais pas faire". Et puis peu à peu, il trouve son style, plutôt décalé. Mais qui atteint le même but : attirer l'attention et créer ce lien de confiance qui va mener à la vente. L'élève va-t-il dépasser le maître ?
  (Michaël Crotto)

Sylvain Desclous réussit son premier film, sa description d'un milieu assez impitoyable est convaincante. "Vendeur" n'est pas sans rappeler "Tandem", avec ses gloires déclinantes, son roadmovie des périphéries. Gilbert Melki, que l'on est ravi de revoir dans un rôle à sa mesure, sait se rendre insupportable avant de fendre l'armure. Il s'impose haut la main. En quittant la salle, on s'attend presque à le croiser devant le cinéma, sur le parking du centre commercial, en train d'arroser la vente d'une série de cuisines équipées.  

Le 30 avril, Pio Marmaï était l'invité du 19/20 de France 3 Paris Ile-de-France pour parler du film.

La fiche

Film français de Sylvain Desclous - avec  Gilbert Melki, Pio Marmaï, Pascal Els, Clementine Poidatz et Sara Giraudeau - Durée : 1h29 - Sortie : 4 mai 2016
Synopsis : Serge est l’un des meilleurs vendeurs de France. Depuis 30 ans, il écume les zones commerciales et les grands magasins, garantissant à ses employeurs un retour sur investissement immédiat et spectaculaire. Il a tout sacrifié à sa carrière. Ses amis, ses femmes et son fils, Gérald, qu’il ne voit jamais. Et sa santé. Quand Gérald vient lui demander un travail pour financer les travaux de son futur restaurant, Serge hésite puis accepte finalement de le faire embaucher comme vendeur. Contre toute attente, Gérald se découvre un don.

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