"Un héros" de Asghar Farhadi : un thriller tragi-comique iranien dans la lignée des frères Coen
Le réalisateur iranien est fidèle à sa thématique de la famille, dans un imbroglio proche du thriller au ton pince-sans-rire.
Le Passé (2013), Le Client (2016), Everybody knows (2018), et aujourd'hui Un héros, autant de films de l'Iranien Asghar Farhadi passés par Cannes. Son cinéma est toujours accueilli avec enthousiasme par le public et la critique, comme le confirme Un héros qui sort mercredi 15 décembre. Le cinéaste creuse sa vision de la société iranienne en détournant la censure grâce à son talent de conteur incomparable.
La Valise
Rahim a une permission de sortie de prison, où il est enfermé pour une dette. Divorcé, sa nouvelle compagne a trouvé un sac bourré de pièces d’or qui pourraient lui permettre de rembourser son créditeur. Il décide toutefois de rendre la somme à sa propriétaire. Ce geste lui vaut une reconnaissance nationale. Mais l’enquête autour de cette restitution font apparaître des zones d’ombre sur le geste et la sincérité de Rahim.
Les histoires de valise qui gâche la vie d’un "héros" sont un classique du cinéma. Une des plus réussies est No Country for Old men des frères Coen (2008). Sans s’en inspirer, Asghar Farhadi s’empare du sujet pour faire le portrait d’un homme qui s’engouffre dans une brèche à la source de tous ses ennuis. L’auteur-réalisateur en profite pour écorner l’administration iranienne, son sujet de prédilection, même si elle déjoue dans le film les manigances de ce "héros".
Les pieds dans le tapis
L'Etat profite de l’histoire de ce personnage sympathique pour montrer comment doit se comporter un bon iranien. Les médias et la télévision en particulier, sont visés comme objet d’instrumentalisation. Mais les gouvernants se prennent aussi les pieds dans le tapis. Si le film n’est pas une comédie, la machination de Rahim, le piège dans lequel tombe tout le monde, nourrissent une vision ironique de la société iranienne.
Avec Un Héros, Asghar Farhadi confirme son talent de conteur. Une des réussites du film est de ne pas faire de Rahim un personnage sympathique. Son interprète Amir Jadidi, très juste, arbore tout le film un sourire qui trahit sa fausseté. Rahim s’enferre dans ses mensonges, l’un en entraînant un autre dans un cercle vicieux vertigineux. Il compromet une organisation caritative, oblige les journalistes à faire des démentis, et se met à dos sa famille, désormais compromise. Un tourbillon d'émotions de de suspense où s’affirme la vitalité du cinéma iranien, après le récent La Loi de Téhéran.
La fiche
Genre : Drame
Réalisateur : Asghar Farhadi
Acteurs : Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh, Fereshteh Sadre Orafaee
Pays : Iran / France
Durée : 2h07
Sortie : 15 décembre 2021
Distributeur : Momento Distribution
Synopsis : Rahim est en prison à cause d'une dette qu'il n'a pas pu rembourser. Lors d'une permission de deux jours, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d'une partie de la somme. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…
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