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"Tout simplement noir" : une comédie loufoque au vitriol sur la négritude

A l’heure du mouvement Black Lives Matter et de la mobilisation autour de la mort d'Adama Traoré, le film fait le buzz.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jean-Pascal Zadi sur l'affiche de "Tout simplement noir" qu'il interprète et réalise avec John Wax. (Gaumont Distribution)

Rappeur, acteur et réalisateur, Jean-Pascal Zadi ne s’attendait sans doute pas à ce que Tout simplement noir, qu’il cosigne avec John Wax, sorte dans la foulée de la mort de George Floyd, asphyxié sous le genou d'un policier blanc aux Etats-Unis, et de la mobilisation en France autour de celle d'Adama Traoré. Cette crise sociétale donne un éclairage particulier à une comédie sans complaisance sur la négritude, pour reprendre le mot popularisé par Aimé Césaire.

Fary, Lilian Thuram, Claudia Tagbo, Joey Starr, Omar Sy…

Comédien sans succès, JP décide de mobiliser une "marche noire" à Paris afin de sensibiliser la population à la négritude en France. Pour ce faire, il va à la rencontre de sommités noires pour faire la promotion de son initiative. Accompagné d’un cameraman, il réalise un documentaire sur ses échanges avec Fary, Lilian Thuram, Claudia Tagbo, Joey Starr, Omar Sy, et beaucoup d’autres. Ses maladresses à répétition ne vont pas vraiment servir ses objectifs…

Jean-Pascal Zadi s’est entouré de nombreux collaborateurs pour écrire son scénario, dont Fabrice Eboué, qui apparaît également dans le film. Dès la première scène, le but est atteint, la conviction de JP n’a d’égal que son impréparation au combat qu’il s’est fixé, et le rire est au rendez-vous. La suite est du même acabit, mais à chaque fois renouvelé, car adapté à ses interlocuteurs. Le pauvre JP parvient à chaque fois à retourner contre lui des personnalités à priori acquises à sa cause.

Autodérision

Tout simplement noir réussit à allier comédie de situation et de dialogue sans pour autant être caricatural, même si le trait est parfois souligné. Car tous ses acteurs jouent d’abord leurs propres rôles quand ils font face à cet énergumène qui prône l’antiracisme, mais commence par exclure les blancs et les femmes de son projet. Jean-Pascal Zadi ne cesse de pointer les contradictions du personnage, et à travers lui celles d’un communautarisme exacerbé qui contrarie le "vivre ensemble".

Fary et Jean-Pascal Zadi dans "Tous simplement noir" de Jean-Pascal Zadi, John Wax. (Copyright 2020 GAUMONT – C8 FILMS)

La coupe est pleine quand JP rencontre les militants de la Brigade anti-négrophobie, puis une association féministe noire. Le rire naît de ces frictions : Fary, Eric Judor, Ramzy Bedia, jusqu’à Mathieu Kassovitz, font preuve d’une autodérision qui mérite le respect. Jouant d’une forme feinte d’amateurisme dans le filmage caméra portée, Tout simplement noir joue en priorité de dialogues percutants qui font mouche. Jean-Pascal Zadi et John Wax touchent au but en pointant plus d’un préjugé sur un sujet explosif.

L'affiche de "Tout simplement noir" de Jean-Pascal Zadi et John Wax. (Gaumont Distribution)

La fiche

Genre : Comédie
Réalisateurs : Jean-Pascal Zadi et John Wax
Acteurs :  Jean-Pascal Zadi, Fary, Caroline Anglade, Lilian Turam, Claudia Tagbo, Cyril Hanouna, Joey Starr, Fabrice Eboué, Lucien Jean-Baptiste, Eric Judor, Ramzy Bedia, Mathieu Kassovitz 
Pays : France
Durée : 1h30
Sortie : 8 juillet 2020
Distributeur :  Gaumont Distribution

Synopsis : JP, un acteur raté de 40 ans, décide d’organiser la première grosse marche de contestation noire en France, mais ses rencontres, souvent burlesques, avec des personnalités influentes de la communauté et le soutien intéressé qu’il reçoit de Fary, le font osciller entre envie d’être sur le devant de la scène et véritable engagement militant...

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