"The Activist" : la cause amérindienne revisitée et ravivée
3 / 5 ★★★☆☆
De Cyril Morin (Etats-Unis), avec Chadwick Brown, Tonantzin Carmelo, Michael Spears, Ron Rogge - Sortie : 11 juin 2014
Synopsis : Fin février 1973, pendant l'insurrection de Wounded Knee, Marvin et Bud, deux activistes indiens, sont mis en détention. Anna, la femme de Marvin, est morte quelques mois plus tôt dans un accident. Marvin est dévasté et Bud soutient son ami dans cette épreuve. Mais en prison, ils doivent faire face à la menace des deux policiers qui les surveillent et collaborer avec la jeune avocate chargée du dossier. Pour quelles raisons reçoivent-ils la visite d'un conseiller de Nixon ? D'un sénateur ? D'une star hollywoodienne ? Quel est le rôle du président dans cette affaire ? Et quel est ce secret que détenait Anna avant de mourir ? En ces années 70, où le monde bouge, la tension monte petit à petit dans ce poste de police éloigné de tout... Traumatisme
Etrangement, Cyril Morin, Américain qui vit entre Los Angeles et Paris, déclare que la cause indienne est mieux connue en France qu’aux Etats-Unis. Refoulement du génocide, à l’origine d’une grande nation ? Sans doute. Ce traumatisme génocidaire fait pourtant partie de la mythologie westernienne, des romans à deux sous, puis du cinéma, pour se terminer dans les westerns "crépusculaires" tels "Soldat bleu", "Un homme nommé Cheva", "Jeremiah Johnson" et surtout le sublime "Little Big Man", voire "Danse avec les loups".
L’épisode de Wounded Knee est peut-être moins connu en France, quand une poignée d’indiens a tenu tête aux autorités américaines pendant 71 jours sur des montagnes sacrées du Dakota, pour faire valoir leurs droits à l’administration Nixon. Une situation qui faisait suite à moult traités non honorés, foulés du pied, par des gouvernances successives et des corruptions manipulées de l’intérieur. "The Activist" donne une bonne piqûre de rappel sur cette revendication politique toujours d’actualité sur un ton rappelant le cinéma politique américain des années 70 ("Les Hommes du président", "Les Trois jours du Condor", "Conversations secrètes", "A cause d’un assassinat"…).
Prise de "Party"
Toutefois, les références à Lumet, Pollack, Coppola, Pakula, en constituent aussi les limites. Ce huis-clos dans une prison, avec quelques ouvertures par la télévision, ou des paysages renvoyant aux territoires perdus, s’appliquerait mieux à un traitement théâtral qu’à une mise en scène cinématographique. L’écriture n’en demeure pas moins efficace, notamment dans le rapprochement entre ce sang mêlé emprisonné, veuf d’une indienne morte dans des circonstances plus qu’ambiguës, et ce shérif veuf d’une épouse victime d’un cancer.
Son adjoint, résolument "Tea party", est peut-être un peu trop souligné. Vétéran du Vietnam, il clôt le récit dans un final qui n’est pas sans rappeler "La Nuit des morts-vivants". En 1968, George A. Romero faisait abattre un noir par un shérif, alors qu’il venait de tout faire pour sauver une famille américaine. Ici, sans dévoiler la fin, les choses en viennent à peu-près au même, sinon pire… "The Activist" ravive des plaies mal fermées, pas toujours avec adresse, mais avec une conviction sincère.
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