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"Milla" : l'étonnant récit initiatique d'une adolescente australienne

Dans son premier long métrage, la réalisatrice australienne Shannon Murphy raconte, dans la lignée d'un Ken Loach, le parcours hors des conventions de Milla.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Eliza Scanlen et Toby Wallace dans "Milla" de Shannon Murphy (2021). (LISA TOMASETTI / MOMENTO)

Comme toute histoire de jeunesse, Milla, premier long métrage de l’Australienne Shannon Murphy, est un récit initiatique. Mais cette initiation se révélera plus celle des parents que de leur fille, avec la découverte d’un premier amour qui va bouleverser la cellule familiale. Une leçon de tolérance et contre les préjugés, à voir à partir du mercredi 28 juillet.

Une jeunesse australienne

Fille unique de bonne famille, Milla ne rentre pas dans le moule. La suffisance de ses parents la déçoit, et son collège corseté ne lui offre pas de perspectives, sinon celle d’avoir de bonnes notes. Quand elle rencontre Moses, tout bascule. Elle tombe amoureuse de ce marlou de troisième zone qui, au mieux, l’exploite. Elle va le transformer et l'imposer à ses parents, en toute indépendance.

Comme c’est souvent le cas des films australiens, Milla sort des sentiers battus. Sur le ton d’une chronique, Shannon Murphy prend son temps. Si l’installation du cadre s’étale un peu trop avant que l’intrigue et le ton du film s’installent, une fois lancé, il décolle. De manœuvre en manœuvre pour parvenir à ses fins, la personnalité complexe de son anti-héroïne se dévoile. Intelligente et sûre d’elle-même, Milla embobine Moses qui ne faisait que l’embobiner, et elle "désembobine" ses parents de leurs préjugés.

L’envers de la médaille

Le portrait d’adolescente et le sujet familial du film rappellent Family Life (1971) de Ken Loach. Mais Milla ne sombre pas dans la folie, comme chez le réalisateur anglais. C’est elle qui mène la danse, et elle ira jusqu’à tournebouler ses parents et son petit ami. La forme de chronique est également proche du cinéma de Ken Loach, et la réalisatrice se réclame, elle, de John Cassavetes (Une femme sous influence) - le plus Européen des réalisateurs Américains -, et du Danois Lars von Trier (Breaking the Waves).

Eliza Scanlen, Toby Wallace, Ben Mendelsohn et Essie Davis dans "Milla" de Shannon Murphy (2021). (LISA TOMASETTI / MOMENTO)

Mais il y a cette folie, toute australienne, qui fait que Milla, le personnage comme le film, prend la tangente. Malgré ses cinéastes de référence, il n’a rien d'européen. On pense à Picnic à Hanging Rock (1977) qui racontait la décadence d’un institut de jeunes filles très coté en Australie, à partir d’un accident. Comme dans le film de Peter Weir, Milla montre l’envers de la médaille d’une situation tenue pour acquise. Comme si le comportement "sauvage" de la jeune fille, par rapport à sa classe sociale, recoupait la "sauvagerie" du territoire australien originel qui remontait à la surface. Une éducation sentimentale détonnante.

L'affiche de "Milla" de Shannon Murphy (2021). (MOMENTO)

La fiche

Genre : Drame
Réalisatrice : Shannon Murphy
Acteurs : Eliza Scanlen, Toby Wallace, Essie Davis
Pays : Australie
Durée : 1h58
Sortie : 28 juillet 2021
Distributeur : Momento

Synopsis : Milla n’est pas une adolescente comme les autres et quand elle tombe amoureuse pour la première fois, c’est toute sa vie et celle de son entourage qui s’en retrouvent bouleversées.

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