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"Les Mauvaises herbes", comédie effrontée québecoise

Les films québécois ont une sincérité que l’on identifie souvent aux Québécois eux-mêmes. C’est peut-être un des facteurs qui contribuent au succès de Xavier Dolan, ou à la qualité d’un film comme "Guibord s’en va-t-en guerre", un des derniers opus du cru sorti l’an dernier. "Les Mauvaises herbes" de Louis Bélanger confirme la règle.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
 Alexis Martin dans "Les Mauvaises herbes" de Louis Bélanger
 (Happiness Distribution)

Cul de sac

Valois du scénario au festival du film francophone d’Angoulême, "Les Mauvaises herbes" tire sur des cordes inattendues en jouant de personnages à la marge – Jacques, comédien en fuite, un cultivateur de cannabis bourru, une lesbienne kidnappée –, projetés dans une comédie dont le huis-clos n’est pas sans rappeler "Cul de sac" (1966) de Roman Polanski. Donald Pleasence et François Dorléac y voyaient leur isolement volontaire dérangé par un duo de gangsters en cavale.

Si le sujet des "Mauvaises herbes" est différent et moins étrange que le film de Polanski, il s’en rapproche par son cadre isolé, les constantes intrusions extérieures, dont un mafieux, et la nature bizarre de son propriétaire. Un rien misanthrope, cardiaque, coupé du monde, Simon (Gilles Renaud) a un secret : il cultive illégalement du cannabis.

Herbes euphoriques

Sur cette entrefaite, débarque de nulle-part, ou plutôt de Montréal, un comédien en livrée, perdu dans l’hiver québécois (Alexis Martin). Simon l’oblige à l’aider dans sa tâche, puis enrôle une releveuse des compteurs d’électricité gay (Emmanuelle Lussier-Martinez). De houleuse au départ, la relation devient conviviale et la connivence s’installe sous la forme d’une solidarité saugrenue.

 Alexis Martin, Gilles Renaud, Emmanuelle Lussier-Martinez dans "Les Mauvaises herbes" de Louis Bélanger
 (Happiness Distribution)

De jolis moments de mise en scène parcourent ces "Mauvaises herbes". Comme l’entrée en matière, où Jacques fuit la scène de théâtre en habit XVIIIe siècle, deux mafieux aux trousses, dans une course urbaine burlesque, jusque dans la campagne québécoise enneigée : irrésistible. Les dialogues enlevés sont traversés d’humour, tout comme les acteurs, interprètes de personnages savoureux et hors normes. Ces "Mauvaises herbes" cachent de bonnes surprises. Une euphorie comparable aux cigarettes qui font rire.

"Les Mauvaises herbes" : l'affiche
 (Happiness Distribution)

LA FICHE

Comédie dramatique  de Louis Bélanger (Canada/Québec) - Avec :  Alexis Martin, Gilles Renaud, Emmanuelle Lussier-Martinez, Luc Picard, Myriam Côté  - Durée : 1h47 - Sortie : 5 avril 2017

Synopsis : Jacques, comédien de théâtre, a accumulé une lourde dette auprès de Patenaude, un mafieux de Montréal. Poursuivi par ce dernier, il fuit précipitamment les lieux et se retrouve, en plein hiver, sur les terres de Simon, un ermite un tantinet illégal qui cultive du cannabis dans sa grange.

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