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"Le Fidèle" : thriller sentimental magistral par le réalisateur de "Bullhead"

Trois longs métrages, trois sans faute. Après "Bullhead" (2011, sélectionné aux Oscars) qui l’a projeté à Hollywood pour réaliser "Quand vient la nuit" (2014), le Flamand Michael R. Roskam tire encore le jackpot avec "Le Fidèle". A nouveau un thriller, ici teinté d’une histoire d’amour passionnelle, entre son acteur fétiche Matthias Schoenaerts et Adèle Exarchopoulos. Fulgurant.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Adèle Exarchopoulos et Matthias Schoenaerts dans "Le Fidèle" de Michaël R. Roskam
 (Pathé Films)

Adrénaline

Sur un sujet original de son cru (scénarisé avec Thomas Bidegain et Noé Debré), Michael R. Roskam confirme son sens du récit et de la réalisation. Le milieu où évolue "Le Fidèle" retient d’emblée l’attention. Bibi (Adèle Exarchopoulos) est une des rares femmes pilotes de compétition automobile, pendant que Gigi est à la tête d’un gang de braqueurs qui se connaissent depuis l’enfance. L’un et l’autre fonctionnent à l’adrénaline. C’est le coup de foudre. Couple fusionnel, le gangster ne peut avouer sa double vie à la compétitrice, mais la réalité va les rattraper.
Fidèle, Gigi l’est envers Bibi, mais aussi envers ses potes. S’il aime absolument sa compagne, ses amis constituent sa famille. Entre les deux, il ne peut choisir, jusqu’à se perdre. Le mensonge est au cœur du récit, comme le sel d’une dramaturgie qui porte le film au rythme d'une progression constamment relancée. Comme un jeu de dupes de plus en plus consenti. A l’once des zones d’ombre de moins en moins opaques entre les deux amants, avec l’apparition des doutes, de la confiance émoussée, submergées par l’amour qui balaye tout. La justesse de ton toujours remarquable de Matthias Schoenaerts et d’Adèle Exarchopoulos, pour transmettre l’émotion, n’y est pas pour rien.  
Adèle Exarchopoulos dans "Le Fidèle" de Michaël R. Roskam
 (Pathé Distribution)

Films noirs

Aucune relâche, dans la puissance des sentiments, comme dans l’action. Le montage, nerveux, alterne les courses automobiles de la championne et les hold-up, secs, violents de casseurs par ailleurs bon-enfants, en dehors de leurs exactions. A ce titre le braquage du fourgon sur l’autoroute restera dans les annales, comme celui de "Heat" (1995) de Michael Man, et avant lui du "Deuxième souffle" (1966) de Jean-Pierre Melville.
 Matthias Schoenaerts dans "Le Fidèle" de Michaël R. Roskam
 (Maarten Vanden Abeele)
Dès son premier long métrage, "Bullhead", sur un trafic d’hormones dans l’élevage bovin détourné aux fins personnelles d’un grand traumatisé, Michaël R. Roskam se montrait exigeant. Dans son sujet hors normes, comme dans sa mise en scène coup de poing. "Quand vient la nuit", sur le blanchiment d’argent dans un quartier défavorisé de Brooklyn, collait au ton du film noir classique, en évoquant James Gray ("La Nuit nous appartient"). Avec "Le Fidèle", il sublime le genre, en en reprenant les codes, avec un traitement très européen, où dominent les sentiments jusqu’au tragique. Peut-être le meilleur film depuis le début de l’année.

LA FICHE

Gente : Thriller, Drame
Réalisateur : Michaël R. Roskam
Pays : Belgique / France
Acteurs : Matthias Schoenaerts, Adèle Exarchopoulos, Jean-Benoît Ugeux, karem Can, Sam Louwyck, Stefan Degand, Corentin Lobet, Igor Van Diesel
Durée : 2h10
Sortie : 1er novembre 2017
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Synopsys : Lorsque Gino rencontre Bénédicte, c’est la passion. Totale. Incandescente. Mais Gino a un secret. De ceux qui mettent votre vie et votre entourage en danger. Alors Gino et Bénédicte vont devoir se battre envers et contre tous, contre la raison et contre leurs propres failles pour pouvoir rester fidèles à leur amour.

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