"La Nouvelle femme" : quand émancipation féminine rime avec éducation alternative dans un film sur Maria Montessori

Après deux documentaires, Léa Todorov réalise sa première fiction en s'inspirant de la pédagogue avant-gardiste du début du XXe siècle.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Leïla Bekhti et Jasmine Trinca dans "La Nouvelle femme" de Léa Todorov (2024). (GEKO FILMS TEMPESTA)

La Nouvelle femme, qui sort mercredi 13 mars, lève le voile sur Maria Montessori qu'interprète Jasmine Trinca, une femme au carrefour du féminisme naissant et du monde de l’éducation, auquel elle apporta une "méthode" qui s'est depuis répandue dans 25 000 établissements dans le monde.

Premier film de fiction de Léa Todorov, son sujet original éclaire une femme aux diverses facettes, vue par les yeux d’une courtisane de la Belle Époque (Leïla Bekhti).

Autonomie et reconnaissance citoyenne

Célèbre demi-mondaine parisienne en 1900, Lili d’Alengy cache sa fillette née handicapée et décide de l’emmener vivre à Rome. Elle y rencontre Maria Montessori, femme médecin qui a développé une nouvelle méthode éducative destinée aux "déficients".

Maria cache aussi un enfant né hors mariage. Trop modernes pour leur époque, Lili et Maria vont s’entraider pour s’imposer dans un monde d’hommes.

La "nouvelle femme" du titre du film de Léa Todorov désignait dans les vingt premières années du XXe siècle les prétendantes à une émancipation du patriarcat dominant. Que ce soit à l’usine, dans le tertiaire, dans l’art, ces "entrepreneuses" revendiquent autonomie, reconnaissance citoyenne, et bousculent la société. Le cheval de bataille de Maria Montessori sera l’éducation.

La découverte de la pédagogue dans le film par des yeux extérieurs, autres que narratifs (voix off, témoins…), écarte le film des biopics traditionnels. En choisissant une courtisane "encombrée" d’une enfant, Léa Todorov est judicieuse.

Le bon choix

Son sobriquet de Lili d’Alengy évoque celui de Liane de Pougy, célèbre demi-mondaine de la Belle Époque. La mise en scène classique soigne ses décors et costumes 1900, l’époque étant essentielle au sujet. Face à la courtisane, Jasmine Trinca incarne une discrète, mais pugnace Maria Montessori, investie d'une conviction qui porte sa mission contre vents et marées.

La libération des femmes face au patriarcat fédère nombre de films aujourd'hui, car elle reflète une préoccupation présente. Maria Montessori est le bon choix pour le sujet, sans ignorer son romanesque. Léa Todorov passe du documentaire à la fiction avec talent, sous le jour d'un beau classicisme, en attendant plus d’audaces, à l’image de son modèle.

L'affiche de "La Nouvelle femme" de Léa Todorov (2024). (AD VITAM)

La fiche

Genre : Comédie
Réalisateur : Léa Todorov
Acteurs : Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Rafaëlle Sonneville-Caby, Agathe Bonitzer, Sébastien Pouderoux
Pays : France/Italie
Durée : 1h39
Sortie : 13 mars 2024
Distributeur : Ad Vitam

Synopsis : En 1900, Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne, a un secret honteux – sa fille Tina, née avec un handicap. Peu disposée à s’occuper d’une enfant qui menace sa carrière, elle décide de quitter Paris pour Rome. Elle y fait la connaissance de Maria Montessori, une femme médecin qui développe une méthode d’apprentissage révolutionnaire pour les enfants qu’on appelle alors « déficients ». Mais Maria cache, elle aussi, un secret : un enfant né hors mariage. Ensemble, les deux femmes vont s’entraider pour gagner leur place dans ce monde d’hommes et écrire l’histoire.

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