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"La Couleur de la victoire" glorifie Jesse Owens aux J.O. de 1936

Alors que les Jeux Olympiques de Rio s'ouvrent le 5 août, le film de Stephen Hopkins, "La Couleur de la victoire", sur la qualification et la quadruple médaille d'or de l'Afro-américain Jesse Owens aux J. O. de Berlin en 1936, tombe à pic. Cela n'est sans doute pas un hasard. Film germano-canadien, ce biopic signé par un Américain, a tout le professionnalisme d'une réalisation hollywoodienne.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Stephan James dans "La Couleur de la victoire" de Stephen Hopkins
 (Square One / Universum)

Casting olympique

Stephen Hopkins, bon routier touche à tout à la télévision comme au cinéma depuis 1987, a déjà tâté du biopic avec "Moi, Peter Sellers" (2004) sur le célèbre comédien britannique. Bon faiseur, il reste droit dans ses bottes dans le registre, bénéficiant d'un casting efficace, avec en Jesse Owens, Stephan James, jusqu'ici cantonné aux troisièmes couteaux ; Jason Sudeikis, plus habitué aux comédies, mais excellent en Larry Snyder, l'entraîneur d'Owens ; et deux guest stars de choix : Jeremy Irons qui campe l'industriel ambigüe, Avery Brundage, et William Hurt, interprète du président du Comité Olympique Jeremiah Mahoney. Il faut ajouter à cette belle distribution Carice Van Houten ("Game of Throne") dans la peau de la réalisatrice allemande Leni Riefenstahl, personnage clé des J. O. de 1936 et égérie de la propagande nazie.

Sujet : D. Wolfromm/ M. Laboiry 

Même si l'on en connaît l'issue - la quadruple victoire d'Owens étant un des plus hauts faits de l'histoire de l'olympisme -, "La Couleur de la victoire" parvient a passionner en distillant plusieurs suspenses. L'adhésion ou non des Etats-Unis à ces J. O. sous bannière nazie ; la présence indésirable de l'entraîneur dans le staff américain ; l'accueil d'Owens par Berlin et les autres athlètes US, le ségrégationnisme étant de mise dans l'Amérique des années 30 ; ou les compétitions elles-mêmes. L'intervention de l'athlète allemand Carl "Luz" Long (David Kross) en faveur d'Owens lors des qualifications pour le saut en longueur est une anecdote fameuse, "Luz" se distinguant par son opposition au nazisme, et ayant toujours gardé des liens avec l'athlète américain.

Les Dieux du stade

Un des aspects les plus pertinents de "La Couleur de la victoire" est de creuser l'implication de Leni Riefenstahl dans ces jeux. Par son rôle d'intermédiaire entre Josef Goebbels et Avery Brundage, ses techniques de réalisation (son film "Les Dieux du stade" sur Berlin 1936 s'avérant un pilier de la propagande nazie), ou son irrespect des ordres quand on lui interdit de filmer la course de relais qui vaudra sa quatrième médaille à Owens. Le personnage est toutefois un rien édulcoré par rapport à son adhésion au National socialisme. Tout comme Goebbels, incarné comme un personnage falot, par un acteur peu convaincant, Barnaby Metschurat.

Stephan James et Jeremy Irons dans "La Couleur de la victoire" de Stephen Hopkins
 (SquareOne/Universum)

Le film tient par son sujet, son écriture précise, son interprétation dans les rôles principaux, et une mise en scène des plus classiques qui colle au récit. Tout ce qui concerne le ségrégationnisme américain en vigueur - au sein de la société, entre athlètes et dans ses rapprochements avec l'idéologie nazie -, sont également fort à propos. Sans mériter le haut du podium, "La Couleur de la victoire" réalise une belle course, avec sa reconstitution soignée, pour raviver sous une forme romanesque une des olympiades les plus fameuses de l'histoire.

La Couleur de la victoire : l'affiche française
 (La Belle Company)

LA FICHE

Drame de Stephen Hopkins (Canada/Allemagne) - Avec : Stephan James, Jason Sudeikis, Eli Goree, Jeremy Irons, Shanice Banton, Carice Van Houten, William Hurt  - Durée : 1h58 - Sortie: 27 juillet 2016

Synopsis : Dans les années 30, Jesse Owens, jeune afro-américain issu du milieu populaire, se prépare à concourir aux Jeux d’été de 1936 à Berlin. Cependant, alors qu’Owens lutte dans sa vie personnelle contre le racisme ambiant, les Etats-Unis ne sont pas encore certains de participer à ces Jeux, organisés en Allemagne nazie. Le débat est vif entre le président du Comité Olympique Jeremiah Mahoney et le grand industriel Avery Brundage. Pourtant, la détermination de Jesse à se lancer dans la compétition est intacte…

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