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"It Must Be Heaven" : le Palestinien Elia Suleiman voit son pays partout dans une comédie burlesque

Mention spéciale à Cannes, "It Must Be Heaven" du Palestinien Elia Suleiman dresse une vision kafkaïenne du monde entre Buster Keaton, Jacques Tati et Pierre Etaix.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'acteur et réalistaur palestinien Elia Suleiman dans It Must Be Heaven  (Le Pacte)

Elia Suleiman a reçu une Mention spéciale au dernier Festival de Cannes pour It Must Be Heaven qui sort mercredi 4 décembre. Comédie sur un Palestinien dont le pays se rappelle constamment à lui, de Paris à New York : un conte burlesque dans la grande tradition.

Burlesque kafkaïen

Es (Elia Suleiman), homme taciturne, néanmoins apprécié de ses voisins, quitte sa Palestine natale, pensant trouver la vraie vie ailleurs. Arrivé à Paris, il découvre des rues désertes, une omniprésence policière, et se retrouve dans des situations absurdes qui lui rappellent son pays. Pensant qu’il en ira différemment à New York, il débarque aux États-Unis et fait le même constat. Au fond, y a-t-il un endroit où l'on est aussi bien que chez soi ?

Le cinéma d’Elia Suleiman (Intervention divine) est réjouissant par son humour dénonciateur des prédispositions humaines à se compliquer la vie. Cela passe pour beaucoup par la mise en scène de situations administratives, procédurières, formelles… qui empoisonnent le quotidien. Il rappelle ainsi un Kafka qui aurait troqué le drame et le tragique pour la comédie.

Humour visuel

Elia Suleiman se revendique en cela de Buster Keaton, Jacques Tati ou Pierre Etaix, dont il actualise les mises en scène minimalistes. Comme eux, il incarne à l’écran un personnage au physique identifiable, par un accessoire (chapeau, lunettes), toujours élégant et distant avec un air détaché ou interrogatif, expressif mais circonspect…

Elia Suleiman devant et derrière la caméra de It Must Be Heaven (Carole Bethuel / Le Pacte)

Il reprend les codes du cinéma muet de ses pairs. Son humour est toujours visuel, joue du cadre et du montage. Le rire ressort des situations, et les dialogues sont rares. C’est donc le burlesque qui guide son art, maîtrisé avec précision, minuté comme une horloge, au service d’un pamphlet amusant, mais un peu suranné.

L'affiche de "Intervention divine" d'Elia Suleiman. (Le Pacte)

La fiche

Genre : Comédie
Réalisateur : Elia Suleiman
Acteurs : Elia Suleiman, Tarik Kopty, Kareem Ghneim
Pays : Palestine / France
Durée : 1h37
Sortie : 4 décembre 2019
Distributeur : Le Pacte
Synopsis
 : ES fuit la Palestine à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil, avant de réaliser que son pays d'origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d'une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l'absurde. Aussi loin qu'il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie. Un conte burlesque explorant l'identité, la nationalité et l'appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir "chez soi" ?

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