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"Dumbo" : Tim Burton redonne des ailes à l'éléphant volant

Tim Burton considère "Dumbo" (1941) comme son dessin animé de Walt Disney préféré. Normal qu’il en réalise la version "live", selon la tendance actuelle du studio ("Alice au pays des merveilles", "Le Livre de la jungle"…). Burton y retrouve son thème privilégié de la différence, et une partie de sa petite famille : Michael Keaton, Danny De Vito et Eva Green, dans un de ses meilleurs films.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Dumbo " de Tim Burton
 (2019 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved. )

Monstres, freaks et étrangers

Tous les films de Tim Burton traitent de la différence et de son acceptation par les autres. "Pee Wee", "Edward aux mains d’argent", "Ed Wood", jusqu’à "Miss Peregrine et les enfants particuliers", il n’a cessé de creuser le sujet. "Dumbo", roman pour la jeunesse de Helen Aberson de 1939, adapté en 1941 par Disney pour son troisième long métrage animé après "Blanche-Neige et les sept nains" (1937) et "Pinocchio" (1940), ne pouvait tomber qu’entre ses mains.
Dans un cirque américain des années 20 naît un éléphanteau aux oreilles gigantesques qui en font la risée du public. Séparé de sa mère, il est pris en charge par les enfants d’un dompteur qui découvrent qu’il vole grâce à ses appendices. Il est alors réintégré, devient une star, jusqu’à ce qu’un magnat d’un parc à thème en fasse sa vedette, sans honorer sa dette envers lui…

Reportage : L. Hakim / P. Deschamps / A. D'Abrigeon
Monstres, freaks, étrangers habitent le cinéma de Tim Burton, et son recueil de poèmes illustrés "La triste Fin de l’enfant huitre" (éditions 10/18) pourrait en être le manifeste. Dans sa différence, "Dumbo" ne peut que résonner en Burton, comme personnage affublé d’une tare qui s’avère une qualité. La différence est une richesse, ne cesse de dire Burton. "Dumbo" est la quintessence de ce message à destination des plus jeunes et de tous.

Les ailes du désir

En réalisant une version avec acteurs du film Disney de 1941, Burton rassemble tous les thèmes qui parcourent ses films en revenant à ses origines enfantines. L’enfance est au même titre que la différence au cœur de ses sujets, car elle est synonyme d’innocence, donc d’ouverture d’esprit. Ce que ne cesse de prôner le réalisateur. Mais là où s’arrêtait le film de 1941, Burton en donne une suite inédite en montrant combien un talent innocent peut être à l’origine de mercantilisme, d’exploitation et de profit.
Colin Farrell et Eva Green dans "Dumbo" de Tim Burton
 (2018 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved.)
Aussi sa version prolonge-t-elle celle de Disney en plongeant dans le monde du parc à thème. Très étonnant de la part de Burton, travaillant pour Disney depuis des lustres, que de dénoncer cet aspect de la multinationale qui le produit et qui tire ses principaux bénéfices des parcs à thème. Il les fustige dans son film, jusqu’à y mettre le feu…

Avec ses images magiques qui rappellent le film originel, son prolongement inattendu, ses interprètes tous investis, Tim Burton creuse sa différence dans un cinéma mainstream tout en le bousculant. Beau, émouvant et subversif, "Dumbo" est à l’image du message qu’il transporte sur ses ailes du désir : celui d’être soi au sein du grand Barnum d’Hollywood.
"Dumbo" : l'affiche
 (The Walt Disney Company France )

LA FICHE

Réalisteur :  Tim Burton
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h52
Distributeur : The Walt Disney Company France 
Sortie : 27 mars 2019

Synopsis : Les enfants de Holt Farrier, ex-artiste de cirque chargé de s’occuper d’un éléphanteau dont les oreilles démesurées sont la risée du public, découvrent que ce dernier sait voler...

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