Dans "La Bête", Bertrand Bonello plonge Léa Seydoux en pleine science-fiction et dans ses vies antérieures

Adaptant "La Bête dans la jungle" d’Henry James, et partant sur les pas de "L’Année dernière à Marienbad" d’Alain Resnais, Bertrand Bonello perd son intrigue à mi-parcours.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Léa Seydoux et George MacKay dans "La Bête" de Bertrand Bonello (2024). (CAROLE BETHUEL)

Original dans ses sujets et talentueux metteur en scène, Bertrand Bonello adapte un court roman d’Henry James en le transposant aux frontières du fantastique. Le héros devient une héroïne (Léa Seydoux) et le temps écoulé dans l’œuvre originelle s’étend sur plusieurs vies antérieures. En salles mercredi 7 février, La Bête interpelle, mais ne tient pas jusqu’au bout de ses promesses.

En 2044, quand le quotidien côtoie les intelligences artificielles, les émotions sont à bannir. Pour s’en débarrasser, Gabrielle (Léa Seydoux) doit replonger dans ses vies antérieures afin de purifier son ADN. Elle y retrouve à chaque étape Louis (George MacKay), son amour de toujours, avec l’appréhension constante d’une catastrophe imminente.

Bonello accapare le roman d’Henry James en le transposant dans le futur. Sa science-fiction n’est pas éloignée de l’univers de David Cronenberg. Le thème du corps, de la mutation, du sexe et des sentiments, leur sont communs dans La Bête. La présence de Léa Seydoux, vue dans Les Crimes du futur du réalisateur canadien, accentue un peu plus ce rapprochement.

Perte de rythme

Bertrand Bonello joue le mieux du monde du thème du temps, au cœur du film. La scène citant un dialogue de L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais au début du film, le situe dans une évocation des souvenirs qui peu à peu devient prison. Des situations similaires se répètent, avec les mêmes protagonistes, mais à chaque fois différentes. Hantée par une énigmatique catastrophe imminente, Gabrielle s’en rapproche en en discernant de plus en plus les contours pour s’en libérer. Y parvenir, c’est s’intégrer, mais n’est-ce pas aussi y perdre son intégrité, son identité ?

La Bête construit ce bel échafaudage dans une première partie où les mystères de l’intrigue et du temps s’ajustent à merveille dans la mise en scène élégante de Bertrand Bonello. S’il a trouvé son sujet et l’interprète qu'il faut, au côté d’un George MacKay impeccable, il se répète dans une seconde moitié qui perd de sa saveur. Le film se déséquilibre, tournant en rond sur lui-même, perdant son rythme, comme une copie de travail en cours de montage. Les 2h26 du film se font sentir, alors qu’une belle réussite était en cours.

L'affiche de "La Bête" de Bertrand Bonello (2024). (AD VITAM)

La fiche

Genre : Drame / Science-fiction
Réalisateur : Bertrand Bonello
Acteurs : Léa Seydoux, George MacKay, Guslagie Malanda, Dasha Nekrasova, Elina Löwensohn, Julia Faure
Pays : France
Durée : 2h26
Sortie : 7 février 2024
Distributeur : Ad Vitam

Synopsis : Dans un futur proche où règne l’intelligence artificielle, les émotions humaines sont devenues une menace. Pour s'en débarrasser, Gabrielle doit purifier son ADN en replongeant dans ses vies antérieures. Elle y retrouve Louis, son grand amour. Mais une peur l'envahit, le pressentiment qu'une catastrophe se prépare.

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